En attendant l'arrestation des auteurs de l'attentat manqué ayant ciblé le député Ridha Charfeddine, les experts sont partagés entre la thèse de l'opération terroriste et celle d'une opération menée par la mafia compromise dans la malversation La tentative d'assassinat manquée du député nidaiste et homme d'affaires Ridha Charfeddine a-t-elle introduit une nouvelle donne dans l'effort national de lutte contre le terrorisme, dans la mesure où, aujourd'hui, les forces occultes impliquées dans la malversation et la corruption sont passées à l'action? En plus clair, et jusqu'à ce que le ministère de l'Intérieur mette définitivement les points sur les i, est-il possible qu'avec la tentative d'assassinat de Charfeddine de dire qu'on peut accuser une partie autre que les terroristes se proclamant jihadistes? Naceur Heni, expert dans les questions du terrorisme, se pose beaucoup de questions en suivant les premières informations, plus particulièrement les déclarations de Ridha Charfeddine. Pour le moment, confie-t-il à La Presse, il n'y a qu'une seule partie pouvant être accusée d'être derrière la tentative d'assassinat du député nidaiste. Il est possible a priori d'accuser les gangs impliqués dans la corruption et la malversation. Ce qui est inquiétant dans l'affaire, c'est bien le moment où elle est intervenue suite aux révélations de Moëz Ben Gharbia ainsi que la nature de la personnalité ciblée : un homme d'affaires et un haut dirigeant d'une équipe sportive de renom. Ce qui m'intrigue aussi, c'est que Charfeddine a essuyé trente cartouches sans que l'une d'entre elles ne le touche. Il est clair que la partie compromise manque de professionnalisme en faisant la comparaison avec celles qui ont réussi à assassiner Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. S'agit-il d'une nouvelle partie ou sommes-nous face aux nouveaux dirigeants terroristes ayant pris la relève de ceux tués par les forces de sécurité mais manquant de professionnalisme requis pour réussir de telles opérations? Il est aussi un point d'ombre qui pousse à la réflexion : c'est bien Charfeddine qui a informé lui-même les forces de l'ordre de l'attaque qu'il a subie. Je me demande comment les forces de sécurité n'ont pas découvert d'elles-mêmes la tentative qui a pris du temps puisque les assassins ont paraît-il utilisé des armes non automatiques et qu'ils ont été obligés de décharger et à charger leurs armes à plusieurs reprises. Il est clair que le scénario est différent de ceux auxquels nous sommes habitués et c'est la raison pour laquelle on pourrait penser qu'il s'agit d'une nouvelle partie. Et on se demande aussi pourquoi la présence sécuritaire dans la région est toujours faible. En tout état de cause, il reste beaucoup de points à éclairer. Toutefois, sans exclure la thèse de l'opération terroriste, on est en droit d'accuser la mafia de la malversation parce qu'en analysant les conditions dans lesquelles s'est produite l'attaque, on s'aperçoit que le répertoire n'est plus le même, surtout au niveau de l'exécution. Et la question reste toujours posée : est-on face à une opération mafieuse de règlement de comptes ou d'une opération terroriste ? En fin d'analyse, il ne faut pas oublier que le terrorisme agit toujours en sous-traitance au profit des services de renseignements en connivence avec les forces de l'argent sale et des intérêts stratégiques des grandes puissances». En conclusion, il rappelle ce qui s'est passé en Algérie lors de la décennie de plomb (dans les années 90 du siècle précédent) où plusieurs généraux de l'armée se sont impliqués dans les opérations terroristes. Un message codé adressé à Nida Tounès Pour Badra Gaâloul, président du Centre international des études stratégiques, militaires et sécuritaires, il s'agit «pour le moment d'une opération terroriste à travers laquelle on a envoyé un message codé à Nida Tounès selon lequel les groupes terroristes peuvent frapper à n'importe quel moment et fuir. Le choix de Ridha Charfeddine en tant que député nidaiste, homme d'affaires et président de l'Etoile Sportive du Sahel, porte des significations certaines. On a évité, heureusement, la catastrophe. Il est probable que d'autre opérations suivront. L'instabilité qui règne dans le pays et la situation fragile sur tous les plans sont la résultante de cette coalition contre nature qui gouverne le pays. Aujourd'hui, tout le monde prétend détenir des dossiers qui compromettent tout le monde. Avec les déclarations de Moëz Ben Gharbia qui affirme avoir en sa possession des données pouvant incriminer aussi bien Ennahdha que Nida Tounès, sans oublier des partis de l'opposition et en analysant les révélations de Lazhar Akremi, on peut dire que les parties étrangères qui sont derrière l'accès de l'Islam politique et des nidaistes au pouvoir ne veulent plus de ces deux composantes et leur ont retiré leur soutien».