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Promouvoir l'inclusion financière
Etude
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 10 - 2015

Plus de la moitié des entreprises tunisiennes (soit 243.000 à 425.000 entreprises formelles) n'ont pas accès ou n'ont qu'un accès limité au secteur financier formel
La stagnation de l'économie, l'explosion du chômage (qui touche 15 % des adultes et 33 % des jeunes) ainsi que le climat d'insécurité menacent les avancées politiques obtenues de haute lutte, a-t-on fait constater dans une récente publication de la Banque mondiale.
Le document rendu public, au courant de cette semaine, cite un plan de modernisation du secteur financier pour la période 2015-2020, que le ministère tunisien des Finances vient de mettre au point. Ce plan prévoit des réformes dans plus de 20 domaines, notamment au profit de l'inclusion financière.
L'inclusion financière est la possibilité, pour les ménages et les entreprises, d'accéder et recourir à des services financiers, tels que le crédit, l'épargne, les moyens de paiement ou l'assurance.
A cet égard, une note analytique récente sur l'inclusion financière, élaborée par la Banque mondiale et le Groupe consultatif d'assistance aux plus pauvres (Cgap), donne des informations importantes pour les autorités tunisiennes.
En dépit de ces efforts, l'inclusion financière reste dans l'ensemble limitée. Selon la stratégie nationale pour le développement du secteur de la microfinance adoptée en 2011, environ 30 à 40% de la population adulte (soit 2,5 à 3,5 millions de personnes) et plus de la moitié des entreprises tunisiennes (soit 243.000 à 425.000 entreprises formelles) n'ont pas accès ou n'ont qu'un accès limité au secteur financier formel. Ces chiffres sont corroborés par deux études de marché récentes : l'étude de la Banque mondiale et du Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (Cawtar), datée de 2015, d'après laquelle les deux tiers des adultes sont exclus du secteur financier formel, ou mal desservis, et l'étude Findex de 2014[1] qui indique que 27% seulement des adultes affirment détenir un compte dans un établissement financier formel. De plus, des recherches qualitatives approfondies montrent que les personnes à faible revenu sont financièrement actives mais doivent recourir à des services financiers informels, ce qui peut être à la fois risqué et onéreux.
Demande potentielle
et offre actuelle de crédit
et d'épargne en Tunisie
L'offre actuelle n'étant pas adaptée aux besoins, nombreux sont les Tunisiens qui recourent à des services d'épargne ou de crédit informels. De plus, la qualité des portefeuilles des banques laisse à désirer : on observe des arriérés sur quelque 15% des prêts, et les banques prêtent essentiellement aux salariés. D'après la Banque centrale tunisienne, en 2013, l'encours des prêts à 1,3 million d'entrepreneurs avoisinait 16 milliards de dinars tunisiens (7.265 milliards d'euros), et environ 338.000 entreprises ont pu se financer.
La plupart des établissements financiers considèrent que le microfinancement des TPE-PME (très petites entreprises et petites et moyennes entreprises) est un segment risqué et opaque. Selon une étude IFC de 2014, les personnes qui travaillent dans 29% des TPE-PME examinées n'ont jamais cherché à ouvrir un compte bancaire, 37% affirment avoir besoin d'un financement mais n'avoir jamais contacté un établissement financier, 78% paient leurs fournisseurs en numéraire et 91% rémunèrent leur personnel en numéraire.
Le réseau des comptes d'épargne postale est presque aussi étendu que le réseau bancaire, et sa répartition est bien plus homogène sur l'ensemble du territoire national. Avec 1.051 agences en 2014, il joue un rôle de premier plan dans l'inclusion financière. Mais il ne compte que 178 distributeurs automatiques, et un quart des agences ne sont pas reliées à un serveur central ; de plus, elles ont des horaires d'ouverture relativement restreints et imposent des montants minimum. Ce réseau ne se prête donc guère à la micro-épargne, qui nécessite le dépôt de très petites sommes et des retraits réguliers. Plus de la moitié des 5,5 millions de comptes postaux n'ont enregistré aucun mouvement (c'est-à-dire aucune opération) sur les deux dernières années ou plus.
En 2011, une réforme législative a jeté les bases du développement du secteur de la microfinance en autorisant l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché, tels que des associations ou des sociétés à responsabilité limitée, et en créant une instance de régulation moderne (l'autorité de contrôle de la microfinance). Sur les 12 derniers mois, quatre de ces nouveaux prestataires ont obtenu une licence (Taysir, Microcred Tunisie, Advans Tunisia et le Centre financier aux entrepreneurs). Etant donné leur expansion, les organismes de microfinancement sont appelés à jouer un rôle important dans l'inclusion financière en Tunisie.
Les autres prestataires de services financiers, dont les sociétés de crédit-bail et les sociétés d'assurance, sont encore quasiment inexistants en Tunisie. Les primes des compagnies d'assurance représentent encore moins de 2 % du PIB du pays. En revanche, la finance numérique, prestation de services financiers grâce à des moyens électroniques, gagne du terrain depuis quelques années. Elle propose actuellement quatre types de produits, mais qui, en l'absence d'interopérabilité et d'une vaste offre de services connexes, peinent à décoller. À ce jour, moins de 4 % des Tunisiens utilisent des services financiers mobiles.
L'inclusion financière devrait nettement progresser en Tunisie. Le pays devra toutefois surmonter un certain nombre d'obstacles structurels à court terme. Au-delà de l'essor du microcrédit, l'expansion de l'épargne, de la micro-assurance et des services de paiement nécessite : de trouver une institution de haut niveau pour promouvoir l'inclusion financière ;
de coordonner les différentes composantes d'une stratégie nationale axée sur l'inclusion financière ;de réaliser une étude détaillée pour produire des données à jour, et représentatives au niveau national, sur les caractéristiques du marché ;de préciser le rôle des différents acteurs du marché, publics et privés (la Poste tunisienne, les banques, les organismes de microfinancement, les opérateurs des réseaux mobiles, entre autres) ;et, enfin, de mettre en place un solide réseau de protection des consommateurs, de façon à maîtriser la croissance du secteur et de relever les défis à venir.
L'inclusion financière peut être un mécanisme important pour encourager la croissance économique et améliorer les conditions de vie des Tunisiens pauvres. Pour qu'elle progresse, il faudra que les acteurs publics et privés travaillent ensemble, au lieu de défendre uniquement leurs intérêts, afin qu'une action concertée permette la poursuite des réformes. Etant donné les récentes réformes du microfinancement, l'essor de l'épargne postale et les nouvelles opportunités d'expansion de la finance numérique, la Tunisie peut devenir un exemple pour ses voisins, avec, à la clé, des perspectives très prometteuses pour le développement de la microfinance.
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[1] L'étude Findex, réalisée par la Banque mondiale avec le concours financier de la Fondation Gates, s'appuie sur des enquêtes représentatives de la population, qui couvrent 148 pays, et sur une série d'indicateurs relatifs à l'utilisation des services financiers.


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