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Régis Debray : «Il faudrait un protectorat tunisien sur la France !»
En marge de la sélection du Goncourt au Bardo
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 10 - 2015

Visiteur assidu de notre pays, l'intellectuel français ne cache pas son admiration pour le parcours accompli, ici, sur le plan politique. Il l'a exprimé, de façon parfois hyperbolique et non sans humour, lors d'une rencontre sur le thème : « Le fait religieux et l'espace public »
Selon des sources bien informées, l'initiative d'amener dans nos murs les membres du jury du Goncourt, puis d'organiser au musée du Bardo une conférence de presse pour annoncer le nom des quatre finalistes de l'édition 2015, n'est pas sans lien avec l'intellectuel français Régis Debray. L'idée aurait germé lors d'un précédent voyage à Tunis, à l'occasion d'une discussion avec l'ambassadeur de France...
Quoi qu'il en soit, et indépendamment même du fait que Régis Debray soit devenu un visage quelque peu familier chez nous, on peut dire que le pays l'intéresse. Pour ses paysages et son climat, peut-être, mais pour son expérience politique, sûrement. Lors d'une rencontre organisée, avant-hier, à l'Institut français de Tunisie dans le cadre des «mardis de l'IFT», l'intellectuel a eu cette boutade très révélatrice : «Il faudrait un protectorat de la Tunisie sur la France... Cela nous aiderait à nous civiliser». Le propos, qui a bien sûr provoqué l'hilarité générale, est intervenu à propos de ce climat d'islamophobie qui s'est installé en France et, plus largement, dans l'Europe entière. Or, le message de civilisation de la Tunisie serait, selon ce point de vue, que les adversaires politiques ne sont pas forcément des ennemis et qu'ils peuvent travailler ensemble. L'exemple de la Tunisie est intéressant parce que la différence politique, dans son cas, comporte une dimension religieuse.
La rencontre de l'IFT, qui a drainé du beau monde, a sans doute permis à beaucoup de se rendre compte qu'on peut avoir un parcours de gauche, avoir côtoyé Che Guevara dans sa jeunesse et avoir été aussi le conseiller du président socialiste François Mitterrand sans professer à l'égard du «fait religieux» une quelconque hostilité : au contraire ! La définition qu'il a développée de la laïcité est éclairante à ce sujet : l'art d'aménager les coexistences entre des gens qui ont des allégeances différentes... Il n'y a pas, ajoute-t-il, de vérité officielle dans l'Etat laïc. Ni pour ni contre telle ou telle religion. Régis Debray rappelle encore que les premiers défenseurs de la laïcité en France ont été les Protestants : des religieux. Par conséquent, la laïcité ne saurait être, comme le croient certains, l'expression d'un sentiment antireligieux. Elle est, dit-il, anticléricale mais pas antireligieuse... Et elle est anticléricale parce qu'il lui revient de faire «la part des choses» entre le public et le privé, le licite et l'illicite, alors que le clergé prétend ignorer ces limites...
Est-ce à dire que la religion est une affaire purement privée ? Sur ce point, il semble que ce soit manifesté une divergence entre l'animateur de la rencontre, Youssef Seddik, et l'invité. Là où ce dernier situe le religieux dans ce qu'il appelle la verticalité, c'est-à-dire la relation qui relie directement l'individu à Dieu, l'intellectuel français fait une distinction entre le spirituel et le religieux pour placer la verticalité dans le spirituel. Quant au religieux, il est, précise-t-il, «mise en avant, non pas d'un je, mais d'un nous !» Et il illustre : «Le spirituel se prépare à la mort, le religieux prépare les obsèques».
Cette divergence n'a pas donné lieu à de plus amples discussions. En revanche, Régis Debray est revenu sur un thème qui lui est cher : la critique de la mondialisation, qu'il appelle «balkanisation»... «L'indifférenciation des modes de vie par la technique crée une «désidentification», un vide d'appartenance. D'où le besoin d'un réancrage dans un passé parfois fantasmé»... En sorte que, poursuit-il, «la modernité est archaïsante», dans le sens où elle crée chez l'individu un fort besoin de se différencier par rapport aux autres, en faisant retour vers des modes de vie anciens.
Il ressort de ces considérations que ce n'est pas tant la présence du religieux dans l'espace public avec son «orthopraxis», ses habitudes collectives, qui pose problème que ce vide d'appartenance qui, lui, crée des besoins irrésistibles de différenciation de soi. En France, le vide a été créé suite, d'une part, à la fin du communisme et, d'autre part, à l'éclipse de l'Eglise. Résultat: les jeunes basculent facilement dans le discours islamiste. «L'islam leur offre un cadre de vie, des points d'assurance...» Ils sont comme des «orphelins» qui ont besoin d'un père, d'un père politique.


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