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Le centre où on réapprend à vivre
Reportage — Enfants en situation de danger
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 10 - 2015

Définition d'un projet de vie pour chaque pensionnaire
Dans le centre de protection sociale des enfants de Tunis, la journée se déroule comme d'ordinaire. A huit heures moins le quart, les enfants les plus jeunes du centre âgés entre six et dix ans s'apprêtent à prendre le bus de l'établissement pour se rendre à l'école primaire du quartier populaire El Haouass dans lequel se trouve le centre. Les plus grands se rendent à pied au collège qui se trouve non loin de l'institution dans laquelle ils ont été placés. Soixante-douze enfants, âgés entre six et dix-huit ans, ont été hébergés dans les six unités de vie que comporte le centre. La majorité ont été retrouvés dans l'une des situations en danger évoquées par l'article 20 du code de protection de l'enfance qui a été publié en 1995. Nés hors mariage, pour les uns puis adoptés ou accueillis dans des familles, ils sont placés suite à des conflits qui les ont opposés à leur famille adoptive. D'autres ont été profondément traumatisés, après avoir été victimes d'un viol, au sein de leur entourage familial.
Accueillis par le centre, ces enfants ont vécu une enfance traumatisante auprès de parents souffrant eux-mêmes de difficultés psychologiques et d'exclusion sociale (pères alcooliques et violents, mères absentes et démissionnaires, etc.) et qui se sont montrés défaillants dans leur rôle d'éducateur. Face à l'absence de stabilité et de discipline, ils ont fini par se rebeller et ont fugué, préférant la rue à un foyer devenu invivable. Aujourd'hui, tous ces enfants fragilisés et vulnérables qui ont été signalés soit par le juge de famille, soit par le délégué régional à la protection de l'enfance cohabitent au sein de l'établissement relevant du ministère des Affaires sociales où ils réapprennent à vivre en communauté, un exercice qui n'est pas évident tous les jours. «Aujourd'hui, le centre est exceptionnellement calme, a relevé Mme Aziza Chaabi, sous-directrice de l'établissement. D'habitude, il est en perpétuelle effervescence».
Une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, d'assistantes sociales, de formateurs... assure le suivi psychologique, social et éducationnel de ces enfants qui sont souvent admis dans un état de détresse psychologique profonde conduisant même à des tentatives de suicide et d'autres passages à l'acte multiples.
Dès leur admission, tous les pensionnaires sont inscrits dans les écoles primaires et les collèges se trouvant dans la zone. Ceux qui présentent des troubles et des difficultés d'apprentissage suivent des cours de soutien scolaire après les cours. Un programme d'activités culturelles et artistiques a été, par ailleurs, mis en place par l'équipe du centre. «Il s'agit de faciliter l'intégration sociale de l'enfant par le biais de la culture», note M. Mohamed Hédi Bdiri, le directeur de l'établissement. Une fois par semaine, les enfants suivent des cours de théâtre à l'espace Mass' art et participent à des ateliers de création manuelle et d'informatique. En outre, les pensionnaires font l'objet d'un suivi psychologique dès leur admission.
Une des psychologues du centre, Abir Stambouli, s'entretient avec ces enfants afin de connaître leur histoire familiale et de déterminer les causes à l'origine du malaise psychologique dans lequel ils se trouvent. «Les enfants accueillis dans ce centre sont des enfants qui sont en situation d'exclusion et de marginalisation et qui ont vécu des événements traumatisants, explique la psychologue du centre. L'état psychologique dans lequel ils se trouvent varie du malaise à la profonde détresse psychologique. Notre rôle consiste à les écouter et leur offrir un espace de parole et d'expression, de faire ensuite "un diagnostic" de la situation, à évaluer l'état psychologique de l'enfant et à mettre en place les techniques thérapeutiques appropriées afin de faciliter leur intégration sociale et de les aider à choisir un parcours de vie à vivre en communauté et intégrer une vie sociale commune et partagée». Parmi les techniques utilisées: les groupes de parole pour adolescents dans lesquels ils débattent de thèmes comme la violence,le corps et la séparation familiale et les ateliers à médiation thérapeutique, à l'instar des ateliers de contes, de cinéma et de cuisine.
Absence d'une aire de jeux et architecture inadaptée
Un projet de vie est, par ailleurs, établi pour chaque enfant définissant des objectifs à court et à moyen terme: devra-t-il rester dans le centre ou réintégrer de nouveau sa famille? Pourra-t-il poursuivre ses études scolaires ou faudra-t-il plutôt l'initier à l'apprentissage professionnel?
Les cadres de l'établissement s'assurent qu'en quittant l'établissement, les pensionnaires sont soit dans un cycle de formation professionnelle ou poursuivent leurs études scolaires. Dans ce cas, ils seront orientés vers les centres intégrés pour la jeunesse et l'enfance relevant du ministère des affaires de la Femme, de la famille et de l'enfance. Si certains pensionnaires arrivent à s'accrocher et décident de poursuivre leurs études, d'autres, par contre, décrochent totalement, abandonnent l'école dès la fin du primaire et s'installent dans un état d'oisiveté totale, malgré les efforts de l'équipe pluridisciplinaire du centre. «Il y a des projets de vie qui réussissent. Nous avons des enfants qui ont suivi un cycle d'apprentissage professionnel et qui ont trouvé un travail, observe la psychologue du centre. Nous avons des pensionnaires qui poursuivent leurs études dans les centres intégrés pour la jeunesse et l'enfance et des pensionnaires qui ont intégré l'armée. Mais il y a également des projets de vie qui échouent, ou qui sont marqués par des difficultés. Le grand problème réside dans la réglementation existante. Il n'existe pas de statut de jeune adulte. A partir de 18 ans, les enfants ne sont plus concernés par le code de protection de l'enfance et doivent quitter le centre. Mais nous ne les lâchons pas ainsi dans la nature, même si nous ne pouvons plus continuer à les prendre en charge, nous assurons leur suivi avec tous les moyens possibles et les partenaires concernés». Et de poursuivre : «L'absence de réglementation protégeant cette catégorie de jeunes et des structures de relais adaptés à leur besoin est une problématique réelle qui limite l'efficacité de l'intervention sociale».
Une association (ONG) vient d'organiser un atelier d'apprentissage professionnel qui a été installé dans le jardin du centre. Les enfants apprennent à faire du jardinage, à concevoir du savon bio, à extraire des huiles essentielles et à monter une pépinière de plantes aromatiques et médicinales. Mais malgré le efforts de l'équipe de l'établissement, plusieurs choses manquent dans le centre dont notamment une aire de jeux pour les jeunes pensionnaires de l'établissement. «Nous avions un terrain de foot ainsi que des jeux playstation, mais les équipements ont été endommagés par les enfants. L'architecture n'est pas adaptée aux besoins des pensionnaires du centre. Les agents qui travaillent dans ce centre n'ont pas reçu de formation spécialisée alors qu'ils travaillent avec une population d'enfants et de jeunes qui ont des besoins spécifiques et qui posent des difficultés réelles de gestion de la vie quotidienne. La restauration n'est pas non plus adaptée aux besoins de ces enfants qui ont besoin d'une alimentation plus riche et plus appropriée. Tout est à «réfléchir, interroger, rêver et refaire», conclut Abir Stambouli. Malgré les difficultés de cette population et les limites du centre, ces enfants, qui ont le courage et la détermination d'affronter tous ces aléas de la vie, méritent de l'intérêt et de l'implication. «De quelle maison ont besoin ces jeunes, de quelle maison rêvent-ils ?»


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