Il s'agira de concilier l'atténuation des émissions polluantes et l'adaptation des comportements avec une transition écologique A quelques jours de la 21e conférence de Paris sur les changements climatiques (COP 21), prévue à la fin de ce mois, pour se poursuivre jusqu'au 11 décembre 2015, le ministère de l'Environnement et du Développement durable a tenu, hier matin, en collaboration avec l'ambassade de France à Tunis, une conférence-débat intitulée «Changements climatiques et développement : enjeux et solutions», au siège du Citet dans la capitale. Le défi est tel que la question a mobilisé autant de participants, d'experts en la matière et d'acteurs de la société civile nationale militant contre ce phénomène complexe et universel. Dans son allocution de bienvenue, Mme Amel Jrad, directrice générale du Citet, a évoqué le dérèglement climatique comme un concept évolué synonyme de perturbation des systèmes écologiques terrestre et marin, sous le coup des économies industrialisées plus émissives des gaz à effet de serre. Et d'enchaîner que la conférence de Paris, la 21ème après celle de Rio de Janeiro au Brésil, qui avait alors lancé en 1992 une première alerte sur ces menaces environnementales, constitue aujourd'hui encore, plus de 20 ans après, un tournant décisif sur le devenir de la planète. C'est que son réchauffement s'accélère de plus en plus, prévoyant des conditions et des paysages naturels apocalyptiques. D'où l'impératif d'agir à la fois en faveur du développement et contre les changements climatiques. En d'autres termes, concilier l'atténuation des émissions polluantes et l'adaptation des comportements avec cette transition écologique. Faible intensité carbone La révolution ne pourra être alors que verte, prônant toute tendance économique à zéro carbone. Mais qu'elle soit, estime-t-elle, une transition beaucoup plus efficiente et compétitive. Et Mme Jrad d'apprécier les progrès réalisés par la Tunisie à ce niveau, attirant l'attention sur les besoins en financements à lui fournir. Malgré les innombrables difficultés auxquelles notre pays est confronté sur les plans politique, socioéconomique et sécuritaire, les pouvoirs publics ne rechignent pas face aux défis du climat, insiste le ministre de tutelle, M. Nejib Derouiche, dans son discours d‘ouverture. A preuve, il a passé en revue la politique nationale de lutte contre ce phénomène, mettant en exergue l'engagement du pays à aller de l'avant sur la voie d'un développement à faible intensité carbone. Il y a aussi une sorte d'adaptation aux caprices de la nature, ce qui fait que nos orientations stratégiques convergent, peu à peu, vers le développement durable, en tant qu'ultime objectif de ce millénaire. N'empêche, le besoin d'aide financière se fait sentir, plus que jamais auparavant. Afin que la Tunisie puisse contribuer aux efforts de la communauté internationale dans ce combat écologique. La clé du problème est également politique. La survie de la planète se mesure par la détermination de tous les pays à honorer leurs engagements environnementaux. D'ailleurs, tout le monde s'accorde à dire que nous sommes sérieusement face à un imminent danger dévastateur, ainsi commente le représentant résident du Pnud à Tunis, M. Mounir Thabet. Ce qui nécessite, préconise-t-il, une coopération internationale la plus large possible. «Il convient, aujourd'hui, de travailler ensemble pour le renforcement de nos capacités.. D'autant plus que la région méditerranéenne est la plus sensible aux effets des changements climatiques...», prévient-il. C'est pourquoi les regards des écologistes sont, désormais, braqués sur la conférence de Paris, laquelle pourrait aboutir à un nouvel accord qui remplacera celui de Kyoto venu à terme sans résultats probants. Il s'agira «d'un texte ambitieux permettant de maintenir la hausse des températures à moins de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle. Il posera le cadre d'une transition vers des économies bas carbone...», lit-on dans un document fourni par l'Agence française de développement (AFD). M. Thabet tient à souligner que le Pnud a le privilège de soutenir la Tunisie dans son engagement à relever ce défi. L'après-Kyoto Son Excellence François Gouyette, ambassadeur de France à Tunis, a tenu à faire valoir l'effort de la Tunisie dans ce domaine. Il a relevé qu'elle est le premier pays arabe et africain à avoir mis en place une stratégie environnementale depuis la fin des années 80. Cela s'est illustré, selon lui, par des projets de conservation des eaux et des sols, de reboisement, de lutte contre l'érosion et de maîtrise de la consommation d'énergie.. Et l'ambassadeur d'insister : «Nous sommes dans l'obligation de trouver des solutions et de nous adapter aux impacts des changements climatiques...». Car, dépasser le seuil tolérable de réchauffement d'ici la fin de ce siècle expose de nombreux pays aux risques de disparition de la carte géographique mondiale. « Notre responsabilité vis-à-vis de la génération future nous oblige à nous y mettre...», exhorte-t-il. A ce que chacun se sente concerné. Et la société civile aussi, de par son rôle de pression et de mobilisation. Or, s'est-il rétracté, l'on ne pourra relever ce défi sans la disposition des ressources financières. La France, ajoute-t-il, est disposée à renflouer le Fonds vert du climat pour assurer aux pays sous-développés les financements nécessaires. Elle continue à être à côté de la Tunisie pour qu'elle puisse développer son économie verte. L'ambassadeur Climat pour la région Mena, M. Stéphane Gombertz, expert dans le domaine, s'est focalisé sur les enjeux de la COP 21, à Paris, et s'est montré optimiste quant aux perspectives de ce rendez-vous. Il considère que l'aboutissement à un accord à Paris semble nécessaire et possible. Sinon, les conséquences seront plus catastrophiques qu'on ne l'imagine (élévation du niveau de la mer à plus d'un mètre, fonte de la glace, inondations). Reste que l'enjeu est «de négocier l'après-Kyoto », avec de nouveaux modèles de développement qui donnent l'espoir de lendemains meilleurs.