La société civile réclame la neutralité des lieux de culte Le prêche du vendredi à la mosquée Sidi Lakhmi à Sfax n'a pas eu lieu pour la quatrième semaine consécutive à cause des protestations des prieurs qui contestent la révocation de Ridha Jaouadi et d'autres imams par le ministère des Affaires religieuses. Les protestataires ont provoqué un grand brouhaha et empêché le nouvel imam Mongi Sdiri, désigné par le ministère des Affaires religieuses, en remplacement de l'imam Mimoun Karay, d'entrer dans la mosquée. Aucune altercation n'a été enregistrée entre fidèles ou avec les forces de l'ordre déployées aux alentours de la mosquée, a constaté le correspondant de la TAP. Plusieurs prieurs ont regretté cette crise. Certains se sont contentés d'effectuer la prière d'El Dhohr à la mosquée Sidi Lakhmi alors que d'autres ont été contraints d'aller vers d'autres mosquées pour suivre le prêche du vendredi. Après la prière d'El Dhohr, les sympathisants de Jaouadi et des autres imams révoqués se sont dirigés vers le siège de l'Organisation tunisienne du travail où ils ont observé un sit-in. «Les organisateurs du sit-in ont obtenu une autorisation à cet effet», a affirmé une source sécuritaire au correspondant de la TAP dans la région. De leur côté, des organisations de la société civile ont demandé hier aux autorités compétentes au niveau central et régional de prendre les dispositions légales garantissant le droit des citoyens d'accomplir les rites religieux dans un climat de quiétude et de sécurité. Les organisations soulignent, dans une déclaration conjointe, la nécessité de demander des comptes aux personnes qui ont porté atteinte à la mosquée Sidi Lakhmi, dans une allusion aux dépassements commis contre les fidèles à trois reprises lors des prêches du vendredi. Les organisations dénoncent toutes les formes de violence commises à la mosquée Lakhmi, faisant part de leur soutien au ministre des Affaires religieuses Othman Battikh dans son action visant à « assainir les mosquées des courants extrémistes et des terroristes ». Faire preuve de fermeté Les signataires de la déclaration demandent de faire preuve de plus de fermeté dans l'application des mesures prises par le ministre de manière à garantir la neutralité des lieux de culte et de les tenir à l'écart de toute orientation partisane ou politique. Ils ont appelé le mufti de la République à sortir de son silence et à se prononcer sur les incidents qui ont eu lieu à la mosquée Lakhmi. Ils ont dit soutenir les imams modérés pour un discours religieux rationnel bannissant les conflits partisans et idéologiques et tenant les fidèles loin des tiraillements politiques, tout en préservant le caractère civil de l'Etat. Les signataires demandent aux autorités judiciaires d'assumer leurs responsabilités dans le suivi de l'affaire de l'imam révoqué, notamment le procès intenté par plus de 200 avocats pour discours prônant la fitna. Les signataires de la déclaration parmi les organisations actives à Sfax sont : La Ligue tunisienne de protection des droits de l'Homme, le Snjt, l'Atfd, l'Organisation de lutte contre la torture, l'Association des parents d'élèves, l'Association Magida Boulila, l'Uget, Koulna Tounès et le Forum citoyenneté.