Un peu à contrecœur, voici un avis (notre humble avis) sur «l'affaire» Abir-Abdelli. Et d'abord, est-ce comme estiment nombre d'activistes et de confrères, une véritable affaire d'opinion ? Est-ce une question qui soulève réellement problème ? Est- ce un «dossier» qui accède au débat, qui appelle réflexion ? Au regard des faits, des simples et stricts faits, non. Sérieusement, non. Un humoriste évoque «l'apparat intime» d'une politicienne. L'audace a mauvais ton. Et la plaisanterie n'est sûrement pas du meilleur goût. En temps républicain et au pire : un incident, rien qu'un incident. Là, néanmoins, les réactions ont vite basculé dans l'excès .Touché pratiquement à tous les sujets en cause. A tous les différends de l'heure. A tous les «conflits» du moment. Droits de la femme, principes et valeurs d'égalité et de respect, défense du «détour libre», du côté des sympathisants de Abir Moussi, alerte à la censure, et à l'atteinte à la liberté d'expression, du côté de Lotfi Abdelli et de ses soutiens. Un tollé subit, disproportionné, dont on hésite à admettre les raisons. Les raisons de valeurs et de principes surtout. D'où qu'elles proviennent, celles-ci sonnent faux. L'alerte à la censure et à la perte de la liberté d'expression, clamée par Lotfi Abdelli, ne risque pas de convaincre grand monde. On sent, on sait,tous,que l'annulation de ces quelques spectacles, revient, principalement, à la crainte de choquer un conservatisme encore dominant dans le pays. L'artiste victime de la censure : un prétexte commode, de nos jours, davantage qu'une bonne raison. De même que la façon, dont certains «usent» des Droits féminins. En omettant, par exemple, une chose : que réagir de la sorte à une mauvaise plaisanterie sur l'intimité d'une femme, c'est aussi lier sa dignité et son honneur à «si peu». A «si bas». Bochra Belhadj Hmida, féministe de «la première heure», observait aussi, l'autre jour, que nombre de ceux qui prennent fait et acte pour Abir «le font, malheureusement, en utilisant des propos "homophobes"» à l'encontre de Lotfi Abdelli. Nous donnons notre avis, un peu à contrecœur, pour cela aussi. Le clash Abir-Abdelli est bien un clash médiatique, monté en épingle par les médias, pour les intérêts que l'on sait, et qui ne pèse en rien, en vérité. Mais encore, c'est un clash qui entretient de bien trompeuses croyances. Les « idoles » qu'il met aux prises sont-elles les idoles qu'elles prétendent, que l'on dit ? Voilà la vraie question. Ni Lotfi Abdelli, au regard du théâtre, n'a la maîtrise ni le poids qu'il se suppose ou s'attribue. Il a juste une parcelle de public à entendement limité. Ni Abir Moussi ne vante encore mérite et contenu suffisants en politique. Quelques centaines de milliers d'électeurs et de fans, peut-être un peu plus, demain. Mais que désigne une telle quantité ? Un leadership ? Une base politique ? Un large entendement populaire ? Simples signes, simples croyances. Nul ne sait.