L'Etoile sait gagner même quand elle ne convainc pas Décidément, afin de défendre ses positions, on verse des fois dans des interprétations plutôt protectionnistes que raisonnables. Côté étoilé, R.Jeddi a affirmé : «L'adversaire a opté pour un dispositif défensif en 5-4-1, cherchant à bloquer nos assauts et rétrécir les espaces devant nos joueurs. Les Clubistes ont opté pour 4 joueurs dans la ligne médiane à tempérament défensif, à savoir Ghandri, Ayadi, Oueslati et Khalil. De ce point de vue, il est clair qu'ils ont bien étudié notre système de jeu. Nous avons opté pour la transition rapide du ballon pour contourner le stratagème du CA. Nous avons remporté le match grâce à un coup de pied arrêté de Lahmar, un volet que nous travaillons énormément pendant les entraînements». Côté clubiste, Nabil Kouki visiblement emporté par le visage nettement plus rassurant des siens a versé dans une lecture dénuée de raison et de pondération. «Je ne me rappelle pas de la moindre occasion obtenue par notre adversaire tout au long de la rencontre; même dans les moments faibles du match, nous n'avons pas été inquiétés par notre adversaire, au point de voir Ben Mustapha passer une après-midi tranquille!». Brossant un regard décalé par rapport aux différentes lectures des deux techniciens, il faut avouer que les coéquipiers d'un Lahmar décisif n'ont pas imposé leur emprise technico-tactique habituelle sur les différentes péripéties de la rencontre. Du coup, on sentait le jeu étoilé étouffé et manquant de solutions, surtout au niveau de la ligne médiane où le manque d'espace et la tendance des Ayadi, Ghandri et Khalil, notamment, à empêcher les joueurs étoilés à développer leur jeu habituel et avoir une meilleure vision de jeu. Sans oublier, la prestation moins percutante d'un Neguez amoindri physiquement sur le flanc droit —il était incertain pour le match à cause d'une méchante grippe— qui n'a pas réalisé ses chevauchées et ses coups de reins habituels sur le couloir droit. Cette crispation était nettement visible lors des 30 premières minutes, où les Etoilés étaient visiblement gênés par le bloc haut des protégés de Kouki, au point de voir les camarades de Ben Amor balancer des balles longues, ce qui est contraire à leurs habitudes. De plus, le stratagème des Clubistes avait pour principale mission de bloquer les montées de Tej et, notamment, Neguez sur les flancs gauche et droit qui sont initialement l'un des points forts du dispositif de l'Etoile. A cela s'ajoute le marquage strict dont a fait l'objet Diogo Acosta par la paire Tka-Ifa qui a empêché l'attaquant brésilien de se trouver face au but ou même de servir de joueur-station à ses coéquipiers. En seconde période, et surtout après le but, les protégés de Benzarti ont opté pour une récupération de la balle à partir de la ligne médiane et des échanges rapides de passes courtes pour mettre en difficulté l'adversaire, afin d'acculer les coéquipiers de Ifa à commettre des fautes aux abords de la surface de réparation. Cette approche s'est avérée concluante, puisque le but libérateur a été marqué suite à une faute commise sur Franck Kom aux alentours des 18 mètres. De ce point de vue-là, le coach de l'Etoile optimise à fond le potentiel de son équipe, puisque quand le collectif cale, il faudrait tout mettre en œuvre pour offrir aux individualités de l'équipe les meilleures conditions de jeu afin de sceller le sort des rencontres par le biais d'un exploit technique. Kom-Ben Amor, gage de sécurité Incontestablement, ce tandem est le meilleur de notre championnat, de l'avis des fins connaisseurs du ballon rond. La réussite du club sahélien et la durabilité de ses performances sur le double plan local et continental, depuis presque huit mois de défis à répétition, reposent en grande partie sur la générosité, la constance, le potentiel indéniable et surtout la complémentarité de la paire Kom-Ben Amor. Grâce à ces qualités —auxquelles s'ajoute une hygiène de vie irréprochable, ce qui est fondamental—, la ligne médiane de l'Etoile a gagné pratiquement toutes les batailles, toutes compétitions confondues. L'international camerounais —l'un des meilleurs étrangers qui ont évolué à l'Etoile et dans notre championnat— est grandement déterminant par sa générosité dans l'effort, sa capacité à subtiliser finement mais efficacement le ballon à son adversaire direct, sa vocation de véritable porteur d'eau lui permettant de venir en aide à un coéquipier en difficulté et de lui offrir un relais de combinaison. Incontestablement, c'est le joueur infatigable qui parcourt le plus grand nombre de kilomètres lors d'un match. Son alter ego sportif, Aymen Ben Amor, est la véritable courroie de transmission entre le travail défensif et la transition offensive du dispositif de Benzarti. Face au CA, il a été le meilleur Etoilé sur le terrain, où il a été encore une fois décisif par sa technique raffinée —exceptionnelle pour un milieu défensif— qui lui a permis d'effacer un, voire deux adversaires directs dans un périmètre limité, sans oublier sa capacité à lire judicieusement la trajectoire de la balle, mais aussi à «aérer» le jeu de ses coéquipiers quand ils manquaient de solutions. Pour conclure, les protégés de Benzarti ont montré, encore une fois, leur capacité à sceller le sort d'une rencontre, même quand l'équipe ne carbure pas à son rythme habituel, ce qui n'est pas négligeable, surtout que les coéquipiers de Boughattas sont sur la brèche depuis huit mois sans répit sur les plans physique, technique et mental. Les Clubistes, pour leur part, ont montré un visage prometteur pour le reste du parcours, et ont fourni sans aucun doute «le match-repère» de cette saison du moins sous la houlette de Nabil Kouki.