Des mesures peu coûteuses sont à prendre afin de dégager la voie devant les bus. Calvaire quotidien pour des milliers de citoyens dans le Grand-Tunis et dans plusieurs grandes villes du pays, le transport collectif par bus a besoin de mesures drastiques pour devenir performant et, de là, rentable pour les entreprises publiques et autres qui l'assurent. La décision du ministère du Transport d'injecter des centaines de nouveaux bus (neufs et d'occasion), dont une partie a déjà été mise en circulation, est nécessaire, mais reste à notre humble avis insuffisante. L'agrandissement du parc roulant et son maintien en bon état de fonctionnement sont, en effet, un besoin urgent qui est en passe d'être satisfait. Cela ne résoudra pas pour autant trois grands autres problèmes dont souffre le secteur qui sont la (faible) fréquence de bus par ligne, le manque de ponctualité et la vitesse commerciale très réduite (une moyenne de 7 km/h pour certaines lignes). Ces trois problèmes sont d'autant plus épineux pour les lignes obligées d'emprunter des artères assez étroites ou à circulation dense. De larges avenues, telles que celle de Mohamed V à Tunis, sont à trois voies par sens, elles sont, cependant, saturées par le flux dense des véhicules de tous genres, et entrecoupées de plusieurs feux de régulation de la circulation. Si le problème de la fréquence peut être résolu grâce à l'augmentation du nombre de bus affectés à chaque ligne, les deux autres problèmes déjà cités ne peuvent trouver solution qu'en évitant les embouteillages. Fluidifier les dessertes Il s'agit donc de permettre à chaque bus de circuler en maintenant parfaitement une vitesse commerciale adéquate et sans rencontrer d'imprévus. Une mesure générale pouvant réduire un tant soit peu le flux des véhicules tout au long de la journée devrait ainsi être prise. Il s'agit d'interdire de circulation tout véhicule de transport de marchandises dépassant une certaine charge et d'obliger ainsi les concernés à effectuer les opérations de livraison de 20h00 à 6h00, par exemple. Afin de permettre aux bus d'échapper à certains points noirs d'encombrement à Tunis, il faudrait aussi déplacer certaines stations terminus et offrir aux usagers de meilleures fréquences du métro, tout en instituant le fameux ticket polyvalent métro-bus, la société exploratrice des deux modes étant la même. D'un autre côté, il faudrait mettre en place des bornes mobiles actionnées à distance afin de défendre à certains automobilistes, indisciplinés et téméraires, d'emprunter le site qui doit rester propre au métro et aux urgences. L'autre jour, une camionnette a bloqué le métro empruntant la rue de Hollande car, au lieu de faire marche arrière, le conducteur dudit véhicule a jugé bon «d'enjamber» la ligne de séparation, voie-chaussée en dur, ce qui a piégé son véhicule et bloqué tout le monde. Quant aux croisements rues-voie du métro, il faudrait dissuader les automobilistes indisciplinés ne respectant pas les feux rouges, en les pénalisant. Mais la mesure la plus facile à concrétiser et qui, par ailleurs, reste la plus urgente à prendre consiste à consacrer des sites propres aux bus dans les artères qui le permettraient. Là, il faudrait penser en parallèle à des dispositions défendant aux automobilistes d'emprunter lesdits sites. Des trous aménagés dans la chaussée à des distances étudiées de façon à empêcher les voitures ordinaires de circuler dans la voie sont une solution efficace et très peu coûteuse pour garder toujours la voie libre devant les bus. Il est donc très important pour le pays que les transports en commun publics ou privés soient efficaces, car ils sont pour le corps social ce que le sang est pour un organisme vivant. Le mouvement de protestation des usagers de certaines lignes de la région de La Manouba ayant eu lieu la semaine dernière, et qui a pris une forme assez agressive par l'immobilisation d'un certain nombre de bus, montre à quel point ces usagers ont en ras-le-bol des retards et des faibles fréquences des bus.