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A l'écoute des économistes : « La Tunisie bloque la Tunisie »
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 11 - 2020

Pourquoi le Groupe chimique perd-il de l'argent ? « Simplement et froidement, parce que l'effectif est passé de 7.000 à 27.000 personnes. La production est tombée de 8 millions à 3 millions de tonnes ». La faillite est inéluctable, alors que ce groupe versait de l'argent au Trésor public dans une vie antérieure.
A la salle Radhia-Haddad, hier, au palais du Bardo, c'était la grand-messe économique. La Commission parlementaire des finances, de la planification et du développement a invité un aréopage de grands économistes : Houssine Dimassi, Taoufik Baccar, Habib Karaouli, Abdelbasset Samoui, Taoufik Rajhi, Fadhel Abdelkéfi et Ridha Chelghoum. Objectif, les inviter à exposer les solutions qu'ils préconisent en vue de surmonter les énormes difficultés économiques et financières soulevées par le projet de loi de finances pour l'exercice 2021. Et plus globalement par la crise économique et financière qui perdure depuis des années, aggravée par la pandémie de Covid-19.
Compte tenu de la densité des interventions, nous vous proposons un aperçu de celle de l'ancien ministre Fadhel Abdelkéfi, avec la promesse de revenir sur l'ensemble des intervenants dans un article général d'ici peu.
Après une brève apparition de Rached Ghannouchi, président de l'Assemblée, le député Haykel Mekki, en sa qualité de président de la commission des finances, a supervisé cette réunion de la première importance qui a fait accourir députés de tous bords et journalistes. Il a invité tour à tour les experts présents à la tribune.
Une séance passionnante donc. Ce lundi 9 novembre, des experts tunisiens, des figures connues, avaient la parole pour donner leur avis sur le budget. Non pas qu'ils n'étaient pas audibles auparavant. Mais c'est qu'avec la crise et l'aggravation des déficits et de la situation économique et sociale, les députés avaient besoin de voix indépendantes pour leur dire, avec des bâtonnets quasiment ; pour se livrer à une véritable leçon de choses. Les choses en questions sont ici financières et économiques.
Des vérités qui font mal
Avec sa voix douce, Fadhel Abdelkéfi a égrené des vérités fracassantes. Tout le monde connaît la métaphore footballistique : chaque supporter se prend pour un sélectionneur. Idem ici, chaque politique se prend pour un financier. Fadhel Abdelkéfi y va directement : la finance n'est pas la comptabilité. « Je vais vous livrer des remarques qui relèvent de l'ingénierie financière ». En d'autres termes, chaque décision financière a des répercussions dans tout le pays, à des degrés divers. Il est préférable de savoir de quoi l'on parle. « La seule voie, c'est d'avoir une vision ». Il a raison évidemment.
Les exemples pleuvent : lorsque le ministre des Finances arrive, il trouve 20 milliards de dinars de masse salariale ; 16 milliards de dinars de remboursement de dettes ; 4 milliards de dinars de subventions ; 7 milliards de dinars sous la rubrique budget d'équilibre...La Sncpa (Société nationale de cellulose et de papier alfa) de Kasserine perd 40 millions de dinars par an. Aucun génie au monde ne pourrait la redresser, pour la simple raison que l'intrant (matière première et demi-produits) est plus cher que le prix final de vente. Et donc, ces 40 millions de dinars sont payés par l'Etat. C'est bien sûr un exemple parmi tant d'autres.
Exemples à l'appui
Le train de vie de tout l'Etat tunisien, c'est 1 milliard de dinars de charges par an pour le fonctionnement, un montant que Abdelkéfi juge modique. Les vrais chiffres sont les salaires, la compensation, les subventions aux produits de consommation, les transferts, les subventions d'équilibre aux sociétés publiques qui n'existaient pas auparavant. Pourquoi le Groupe chimique perd-il de l'argent ? « Simplement et froidement, parce que l'effectif est passé de 7.000 à 27.000 personnes. La production est tombée de 8 millions à 3 millions de tonnes ». La faillite est inéluctable, alors que ce groupe versait de l'argent au Trésor public dans une vie antérieure. La Stir produit à un prix plus élevé que le marché mondial du raffinage. Faut-il la maintenir en réanimation ? Et de plus, c'est une catastrophe écologique pour sa région d'implantation. Il faut la fermer, tout en la maintenant dans le giron de l'Etat, en d'autres termes ne la privatisez pas.
« Celui qui veut exercer la politique, ne dit pas nécessairement ce que les gens veulent entendre. Aujourd'hui, il n'y a pas de vision réformatrice de la Tunisie. En dix ans, nous n'avons pas fait une seule réforme méritant notre fierté. La compensation profite à des gens qui n'en ont pas besoin, par exemple des touristes, des gens riches ou aisés. Kéfi poursuit sur sa lancée : « Il n'est pas juste qu'un yacht étranger de passage avale 3 tonnes de pétrole subventionné dans un port tunisien ». En d'autre termes, les aides, les subventions doivent être ciblées, ce que d'autres pays ont parfaitement réussi. On aurait pu au moins utiliser pour la structure de l'Isie pour cibler les subventions alimentaires à ceux qui en ont réellement besoin, les familles concernées.
La vision, c'est le rôle de l'Etat
L'Etat doit se pencher sur le modèle de développement. L'ancien ministre cite l'Amérique latine et ses titres fonciers donnés aux paysans. Des titres fonciers qui les rendent solvables et bancables. Il cite les PPP, partenariat public-privé, dont la Tunisie a besoin en ce moment et qui peuvent créer de très nombreux emplois pas très compliqués à financer. Un terrain de sport dans un lycée peut être concédé au privé, ou encore un site archéologique.
L'homme d'affaires dit comprendre la décision de la Banque centrale de refuser le recours à la planche à billets, parce que cette institution a justement pour mission de combattre l'inflation. Il estime toutefois que le coup de massue est encore à venir. Cette année, la crise économique due au Covid a provoqué une réduction de 8 milliards de dinars de recettes pour le Trésor public. Selon lui, le plus dur est encore à venir. C'est pour cela qu'il estime raisonnable et logique que la Banque centrale prête au Trésor public, à un taux de 10%, pour soulager son déficit. Cela serait à son avis logique et un circuit direct puisqu'actuellement, les banques commerciales financent le Trésor et se font refinancer par la Banque centrale en obtenant une marge positive. La richesse (Errezk) est sous nos pieds, conclut Abdelkéfi. Il faut uniquement raisonner différemment et se départir de la démagogie. Mais pour l'heure, la Tunisie bloque la Tunisie.


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