Inconscients de la gravité des risques relatifs à leur comportement, bon nombre de piétons continuent de bafouer, en toute impunité, toutes les règles de sécurité routière Ils sont devenus un véritable danger pour eux-mêmes et pour les autres. Et en l'absence de tout effort visible et efficace d'éducation, et aussi d'aménagement adéquat des espaces, ce danger est en train de s'amplifier à vue d'œil. Près du tiers des accidents mortels sont, en effet, causés, en moyenne, en Tunisie par l'inattention des piétons. Car le comportement à risques de certains piétons est devenu un problème complexe et compliqué qui constitue, un impact négatif, à la fois sur la vie des citoyens et sur l'image du pays. Un véritable casse-tête qui nécessite des solutions urgentes et définitives. Inconscients de la gravité des risques relatifs à leur comportement, surtout dans les villes, bon nombre de piétons continuent, en effet de bafouer, en toute impunité, toutes les règles de sécurité régissant la circulation publique. Leur nombre est en train lui aussi de prendre du poids pour se situer autour de la majorité écrasante de la population du pays. Marcher en toute insouciance et en toute impunité sur la chaussée, surtout dos aux voitures, traverser la chaussée n'importe où, n'importe quand et n'importe comment. Voilà comment nous pouvons résumer ces comportements à risques. La nuit, la situation devient plus risquée à cause surtout du mauvais éclairage public dans certaines artères et des vêtements sombres du piéton. Il est devenu en effet ordinaire, banal même, qu'un piéton traverse la chaussée sans même jeter un coup d'œil sur le trafic. Et plus d'un le fait machinalement en poursuivant une discussion animée au téléphone. L'autre jour, un grand adulte accompagné d'une femme a non seulement traversé la chaussée alors que le feu est passé au vert pour les voitures, mais il s'est arrêté net au beau milieu de son parcours provoquant des arrêts brutaux d'une file de voitures. Devinez pour quelle raison ? Eh bien, pour allumer le plus tranquillement du monde une cigarette. La dame, plus agile et plus vigilante, avait, quant à elle, rapidement atteint l'autre rive. Généralement les piétons sont devenus tellement téméraires qu'ils semblent défier et narguer les voitures. C'est comme s'ils font ça inconsciemment pour s'affirmer en tant que piétons par rapport au supposé statut supérieur de l'automobiliste. Ce sont alors des déambulations au milieu du trafic, des traversées de la chaussée alors que les feux les interdisent, à pas de course et en diagonale, en étant le dos aux voitures en plus, des hésitations très graves et pleins d'autres comportements dangereux. Il est devenu fréquent de voir des manœuvres pousser des diables ou des brouettes, surtout dans le sens contraire du flux de voitures sans vraiment se soucier des risques qu'ils occasionnent pour eux-mêmes et pour les autres. Même constatation pour ces mères qui trouvent tout à fait normal de conduire une poussette, cette fois-ci face au trafic. En plus des gaz toxiques, le pauvre bébé court un risque à l'issue fatale au moindre choc. Places publiques, privées de... sécurité Ce sont les places publiques, et à cause aussi de l'absence totale d'aménagement adéquat, qui constituent une vraie plaie pour la circulation à la fois piétonne et motorisée. Pas de système de garde-fous pour canaliser le flux des piétons, passages piétons inexistants ou à peine encore visibles, laisser-faire des agents de la circulation, mentalité de conducteur de char de cirque chez certains automobilistes, etc. Bref, une véritable, insoutenable et dangereuse gabegie. Il est devenu fréquent que des automobilistes se trouvent nez-à-nez face à un piéton marchant le plus tranquillement sur la chaussée à l'intérieur même d'un rond point du type giratoire, ou à un autre de dos. La Place de la Révolution constitue, elle, l'échantillon le plus représentatif de ces espaces dangereux. Certains, et ils sont très nombreux, se rappellent bien des garde-fous fixes qui existaient il y a de cela près de vingt ans et qui canalisaient un tant soit peu les passants. Ceux parmi eux qui étaient indisciplinés se voyaient, dans ce cas, verbaliser par les agents de la circulation. Cette dernière mesure n'avait hélas pas fait long feu à l'époque et son abandon n'avait fait qu'encourager les piétons à aller encore plus loin dans l'indiscipline. Cette absence d'aménagement, malgré les remarques émanant de ci et de là et même sur les colonnes de notre journal, fait partie de tout un état qui fait qu'à certains endroits les trottoirs ne sont pas praticables pour les piétons. Délabrés, squattés ou très étroits, ils poussent les piétons carrément au milieu de la circulation automobile. Ainsi sont donc nées toutes ces mauvaises habitudes devenues une seconde nature chez les Tunisiens. Comme déjà dit, la situation ne supporte plus aucune attente. Il faut agir en urgence et commencer par aménager les places publiques, par repeindre les passages piétons, reprendre l'effort de verbalisation des contrevenants et revoir les stratégies et les méthodes de communication et d'éducation en matière de sécurité routière.