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« Il faut unir la gauche pour sauver la République »
Entretien avec ... Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 12 - 2015

Sa longue carrière qui lui a permis de côtoyer tous les protagonistes de l'échiquier politique tunisien actuel et ses études sur l'histoire contemporaine du pays le placent parmi les hommes politiques les mieux indiqués pour diagnostiquer et dresser un bilan général de la situation actuelle du pays, cinq ans après le déclenchement de la révolution
Mohamed Kilani est l'une des grandes figures de la gauche militante et l'un de ses grands penseurs. Il a découvert le mouvement «Perspectives», où il s'est initié au marxisme, alors qu'il était encore élève. Il a été élu représentant des étudiants au sein du conseil scientifique en 1973, année pendant laquelle il a rallié «Al Amel Ettounsi». Pendant la clandestinité à laquelle il était contraint, au cours de la même année, il a tiré sur la police pour empêcher son arrestation. Il n'a été arrêté qu'en 1975, date à laquelle il a comparu devant la Cour de sûreté de l'Etat qui l'a condamné à neuf ans de prison. Mais, en 1980, il bénéficia d'une grâce présidentielle. Plus tard, il a été parmi les fondateurs du «Cercle du communiste» qui a donné naissance, en 1986, au Pcot, dont il a démissionné en 1993. Il a été suivi par un groupe de sympathisants avec lesquels il a intégré le PDP, puis a établi des coordinations avec le mouvement Ettajdid. En 2006, il a fondé, avec eux, le PSG (Parti socialiste de gauche, devenu plus tard PS), qui a participé aux élections législatives de 2009 et à celles de l'Assemblée nationale constituante de 2011, sans remporter un seul siège. Sous le gouvernement de la Troïka, il a intégré une nouvelle coalition de cinq partis dont Nida Tounès, à savoir l'Union Pour la Tunisie, mais ce projet a avorté, puisque l'union a été dissoute la veille des élections de 2014. Mohamed Kilani n'est pas seulement un homme politique, il est aussi écrivain. Cependant, ses œuvres n'ont pas franchi la sphère de ses combats, elles baignent toutes dans ce vaste et profond océan où il a toujours essayé de sonder, d'expliquer et de comprendre la réalité politique, économique et sociale de la Tunisie depuis l'installation de la colonisation française. Cette longue carrière, pendant laquelle il a, pratiquement, côtoyé tous les protagonistes de l'échiquier politique tunisien actuel, et ces études minutieuses de l'histoire contemporaine du pays le placent parmi les hommes politiques les mieux indiqués pour diagnostiquer et évaluer notre réalité ô combien complexe, et établir, par là, un bilan général de la situation actuelle, cinq ans après le déclenchement de la révolution.
Quelle comparaison pouvez-vous établir entre le mouvement « Perspectives » et la gauche d'aujourd'hui ?
J'aimerais rappeler à tout le monde et à tous les acteurs politiques, en particulier ceux de la gauche, qu'au moment de sa constitution, « Perspectives » était bâti sur deux socles essentiels. Tout d'abord, la diversité puisqu'il comprenait une pluralité de courants politiques : les nationalistes, les socialistes, les marxistes-léninistes, les baâthistes. Ce qui faisait de ce mouvement une force d'attraction. Le deuxième socle était l'acceptation de l'autre. Les militants interagissaient positivement avec les idées contraires aux leurs. De même, ils ne rompaient pas totalement tout lien avec l'autorité politique : tout en critiquant son aspect dictatorial, qui commençait à s'afficher d'une manière très claire, ils agissaient positivement à l'égard des autres réalisations et dans les sphères qui leur étaient accessibles. Ce n'est qu'en 1966, lorsque « Perspectives » s'est orienté vers le radicalisme, que l'humeur de la gauche a changé. C'était le prélude de sa rupture catégorique et son affrontement avec l'autorité politique, sans pouvoir discerner ce qui est négatif de ce qui ne l'est pas. Certains militants ont essayé de s'opposer à ce courant, tels que Gilbert Nakkache. Seulement il a eu le tort d'exagérer un peu les mérites de l'alliance avec la bourgeoisie libérale contre la bureaucratie de l'Etat, ce qui a embrouillé les cartes et étouffé la tentative dans l'œuf. Les militants de « Perspectives » ont le mieux compris la réalité de leur pays et n'étaient pas attachés à la mentalité livresque.
Et comment évaluez-vous vos expériences ultérieures, notamment celle que vous avez vécue avec Nida Tounès dans le cadre de l'Union Pour la Tunisie (UPT) ?
Pour que ce nouveau parti, dont la naissance est intervenue dans le cadre du rééquilibrage des rapports de force politique et dans le but de s'opposer au mouvement Ennahdha, soit bien visible dans la société et que son projet soit concrétisé sur le terrain, il était nécessaire qu'il s'unisse avec d'autres forces démocratiques et progressistes. C'était la voie que Nida Tounès était obligé d'emprunter pour se présenter comme une alternative politique, d'autant qu'Ennahdha dominait les rouages de l'Etat. Dans un pareil contexte, il n'y avait pas de différence entre un grand ou un petit parti. Notre alliance était démocratique, c'est-à-dire que les décisions étaient prises à l'unanimité, abstraction faite qu'elle émanait de Nida Tounès ou du Parti socialiste ou autre. L'UPT était une expérience démocratique pionnière qui aurait pu évoluer pour le meilleur.
Quel rôle a joué l'UPT dans la constitution du Front du salut ?
Il a œuvré à unir le maximum de forces politiques et civiles et à se rapprocher du Front populaire, pour exercer une pression sur la Troïka, notamment après les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Ce rapprochement s'est matérialisé par le sit-in « Errahil », en tant que force populaire alternative, assurant la transition vers la République démocratique authentique.
Le Front du salut a-t-il achevé les tâches qui lui étaient assignées ?
Avant de répondre à cette question, je voudrais souligner l'importance du rôle joué au sein du FS par les députés qui se sont retirés de l'ANC, tant au niveau de la planification qu'au niveau de la mobilisation. Il est injuste de les oublier et de n'auréoler que les autres, à l'instar du Quartette qui n'a joué aucun rôle dans le FS, excepté quelques-uns de ses membres. Les gens qui n'ont pas consenti d'efforts sont récompensés, alors que ceux qui ont fait des sacrifices, qui ont exposé leur vie au danger sont ignorés. C'est le paradoxe de l'histoire. Et pour revenir à votre question, les tâches du FS ne sont pas encore achevées, dont la principale consiste à garantir la transition démocratique. C'est vrai qu'il a accompli les missions essentielles de cette transition, telles que l'annulation du projet de constitution du 1er juin 1959 supplanté par la Constitution démocratique du 27 janvier 2014, et la mise en place du Quartette qu'il a imposé en tant qu'exigence politique immédiate. Cependant, il lui reste beaucoup à faire, telles que l'installation des institutions de la IIe République et la réforme des lois, c'est-à-dire la concrétisation de la Constitution.
Qui est la partie politique qui a provoqué le démantèlement du Front du salut ?
En fait, ce qui a fait avorter ce projet, c'était l'incompréhension des tâches qui incombaient au FS, aussi bien de la part de Nida Tounès que de la part du Front populaire qui, à l'approche des rendez-vous électoraux, ne voyaient plus que leurs intérêts partisans. Le premier a oublié l'UPT, qui était son premier incubateur, ainsi que le FS. Il en était de même pour le Front populaire, qui jouissait désormais d'un capital confiance assez important auprès de l'opinion nationale, après l'assassinat des deux militants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et qu'il voulait monnayer pour son propre compte et pour défendre son propre programme. L'un et l'autre des deux partis ont cherché à assurer une certaine visibilité auprès de leurs électeurs respectifs. Donc, ce sont ces deux parties qui ont décrété l'arrêt de mort du FS, bien que ses missions principales ne soient pas encore terminées.
Certains soutiennent qu'il est possible de le relancer, qu'est-ce que vous en pensez?
On n'est pas des dieux pour ressusciter les morts ; son sort est scellé, il n'a plus de rôle à jouer. Aujourd'hui, il faut penser à la possibilité de créer autre chose, dans un nouveau cadre, visant le rassemblement des forces de la gauche, avec toutes ses variantes, la gauche socialiste, la gauche sociale et la gauche nationaliste, dans une coalition ou un front unique. Toutes ces parties devraient comprendre qu'il s'agit là d'une exigence conjoncturelle dont dépend entièrement le changement démocratique, en vue de constituer une force qui soit susceptible de garantir, de sécuriser et de défendre la République. Ce qui fait cruellement défaut actuellement, comme en témoigne le vote de la loi de finances 2016 par la majorité parlementaire (Nida Tounès et Ennahdha), après le retrait des députés du FP. Cela n'est pas de nature à établir des perspectives démocratiques et sociales pour la IIe République et le peuple tunisien. Et lorsque les forces de régulation et de contrôle manquent et que la logique de la majorité l'emporte sur toute autre considération, on ne peut que craindre le pire. On a vécu la même expérience par le passé, on n'éprouve aucunement le besoin d'y revenir.
Plusieurs parmi les militants de base et les dirigeants de Nida Tounès reprochent à leur direction de s'être alliée avec Ennahdha. Auraient-ils pu éviter cette alliance ?
La direction de Nida Tounès s'est contentée d'une majorité relative renonçant à une majorité absolue au sein du parlement susceptible de lui garantir la stabilité du gouvernement et une position confortable dans les négociations, que ce soit avec Ennahdha ou avec d'autres forces politiques. Nida n'a pas pu s'assurer cet atout, car il a quitté l'UPT. S'il y était resté, il aurait pu bien gérer les élections et récupérer les milliers de voix qu'il a perdues du fait qu'elles ne lui attribuaient pas de sièges supplémentaires. Il aurait pu éviter un tel fiasco par l'organisation d'une administration collective au sein de l'UPT, en ce sens que ces restes (de voix) auraient pu profiter à ses partenaires au sein de cette coalition et à des forces démocratiques, qui auraient pu ainsi obtenir des sièges, ce qui lui aurait permis de constituer une majorité parlementaire confortable. Mais, en optant pour le vote utile, il a exclu tous ses partenaires de l'UPT qui ne lui ont pas donné leurs voix. C'était comme s'ils avaient voté pour Ennahdha. Pour toutes ces considérations et au regard des résultats des élections, il s'est trouvé obligé de se coaliser avec le mouvement islamique. Et étant donné qu'il ne dispose pas de la majorité absolue, il est tout à fait normal qu'Ennahdha lui impose ses conditions dans la constitution du gouvernement. Il est clair qu'en agissant contrairement aux principes démocratiques selon lesquels la deuxième force électorale du pays devrait se trouver dans l'opposition, et en choisissant de rester au pouvoir, Ennahdha cherche, entre autres, à échapper au jugement. Quoi qu'il en soit, la coalition entre les deux partis n'est que l'aboutissement de la rencontre de Paris.
Qu'est-ce qui a, selon vous, empêché le rapprochement entre Nida Tounès et le Front populaire ?
A mon avis, le FP n'a pas su diriger les négociations avec Nida, étant donné qu'il a mis sur la table toutes les questions d'une manière confuse. Je suis sûr que s'il avait traité la situation avec plus de discernement, en subdivisant ses demandes et ses conditions, il aurait pu trouver la bonne parade, c'est-à-dire des issues plus favorables. Par exemple, concernant l'endettement, il aurait dû déclarer la guerre seulement à la dette odieuse, ce qui lui aurait permis de jouer, plus tard, un rôle plus constructif que celui qu'il est en train de jouer actuellement.
Comment jugez-vous le processus de transition démocratique jusqu'ici ?
Je pense que le compromis entre le « mouvement islamique modéré » et la laïcité s'insère dans le cadre du projet du « Grand Moyen-Orient », qui date de l'an 2000. Pour la promotion de ce projet, des sessions de formation ont été organisées auxquelles ont participé plusieurs figures médiatiques et politiques ainsi que des penseurs; chacun y a joué son rôle. Ce projet a presque guidé tout le processus de transition démocratique en Tunisie. Certes, on n'est pas un pays fermé, c'est-à-dire qu'on n'appelle pas à la rupture avec notre environnement régional et international, cependant, il faut que nous préservions, en termes clairs, notre indépendance nationale, l'indépendance de la décision nationale.
Est-ce qu'Ennahdha prône réellement un Islam modéré ?
Il est à rappeler que, tout dernièrement, le parti islamique a organisé des journées d'études autour de la transformation d'un mouvement chrétien allemand en un parti démocrate-chrétien. Des penseurs de ce pays ont été invités pour aider à mieux assimiler cette mutation et s'inspirer de cette expérience. Cette question aurait dû être posée par des forces nationales, et plus précisément par ses alliés, en premier lieu Nida Tounès. Celui-ci était appelé à discuter de la question de la séparation entre le religieux et le politique. Si le référent idéologique ne pose pas de problème, la politique, elle, doit être dirigée dans le cadre du droit positif et non pas dans celui de la foi. Néanmoins, les événements de la mosquée Sidi Lakhmi, la mainmise d'Ennahdha sur d'autres mosquées par le biais de ses imams, ainsi qu'un bon nombre d'associations dites caritatives qui sont d'obédience islamique, tous ces éléments ne rassurent pas quant à la sincère conviction de ce parti de la nécessité de séparer les deux sphères. Toutes ces questions doivent être posées sur le terrain local, et non pas dans le cadre d'une étude ou d'une expérience qui aurait réussi dans un autre pays. Au niveau national, la question prend une dimension particulière, nous devons l'exposer et la traiter d'une manière palpable. Je souhaite que le mouvement Ennahdha vive, réellement, une transformation, pour devenir un parti politique civil. Mais, l'accession à ce statut pose des conditions intellectuelles, idéologiques et politiques. Tant que ces questions cruciales ne sont pas posées par le partenaire majeur du parti islamique, qui est en l'occurrence Nida Tounès, je ne peux être rassuré. Se coaliser avec Ennahdha, avant de clarifier ces questions, devient un acte erroné.
Comment jugez-vous la constitution d'un gouvernement de technocrates après des élections qui sont censées instaurer la durabilité ?
Abstraction faite de la compétence de M. Habib Essid et des membres de son équipe, ce gouvernement n'est pas basé sur un programme clair, ni même sur un consensus entre les partis le constituant. Ces lacunes empêchent les ministres d'aller jusqu'au bout de leurs projets de réforme. Il en découle qu'un gouvernement de technocrates ne peut fonctionner que pendant des périodes de transition exceptionnelles, à l'image de celui qui était chargé de préparer les élections de 2011. En dehors de cela, il est une pure perte de temps. De plus, un gouvernement de technocrates dans cette phase de stabilité et derrière lequel se cachent les partis empêchera de demander, plus tard, des comptes à ces derniers, concernant leurs projets et leurs rôles dans les gouvernements constitués, ce qui est une erreur.
Comment évolue le Parti socialiste ? Et quels sont vos projets personnels ?
Les dernières élections et les alliances que nous avons établies ont entravé la marche de notre parti et éreinté ses militants, aussi bien politiquement que moralement. Ils se sont dépensés sans compter au sein de l'UPT et pour défendre Nida Tounès, et quand ce dernier a pris la décision de se présenter seul aux élections de 2014, ils ont vu dans la démarche que nous avons suivie une sorte de naïveté, vu qu'on s'est engagés sans garantie avec des forces politiques qui nous ont, par la suite, mis de côté pour faire cavalier seul. Actuellement, on est en train de revenir sur la scène politique, petit à petit, pour dépasser cette expérience décevante. Aujourd'hui, la politique est gérée dans le cadre des élections, des médias et des rapports de forces effectives et non pas par la déclaration, la clarification ou la justification des positions. C'est pour cela que pour pouvoir constituer la force qui soit capable d'agir et de jouer un rôle régulateur, nous avons pensé à la nécessité d'unir la gauche, avec toutes ses variantes, comme je l'ai expliqué plus haut. C'est ainsi que l'on pourra se préparer aux prochains rendez-vous électoraux. Sur le plan personnel, je vais laisser l'opportunité à quelques camarades de la nouvelle génération d'assumer la responsabilité à ma place à la tête du parti, sans que je renonce pour autant à l'action politique qui fait partie intégrante de ma vie. Je serai toujours là pour les soutenir. Personnellement, j'ai une propension à l'écriture et au travail intellectuel. Dans ce cadre, je suis en train de préparer un livre sur la transition démocratique, qui paraîtra, je l'espère, à l'occasion de la célébration du 14 janvier.


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