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Crise autour de la prestation de serment des nouveaux ministres: Blocage au sommet de l'Etat
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 02 - 2021

Bellum omnium contra omnes est une expression en latin qui signifie « la guerre de tous contre tous ». Elle résume l'actuel paysage politique en Tunisie. Le Président de la République refuse toujours la prestation de serment des nouveaux ministres, le Chef du gouvernement insiste sur l'intégrité de ses nouveaux membres gouvernementaux et le président du Parlement tire à boulets rouges sur le Chef de l'Etat. La Tunisie n'aura jamais connu une situation politique aussi compliquée !
La crise politique est annoncée. Alors qu'elle traverse une phase épidémiologique grave, avec l'augmentation du nombre de décès et de contaminations au coronavirus, et au cœur d'une crise économique étouffante, la Tunisie subit de plein fouet les conséquences d'un contexte politique extrêmement tendu en raison de la mésentente entre les trois présidences.
En effet, une lecture de l'actuel paysage politique nous amène à penser à une nette dégradation de la situation, notamment sur fond de ce que certains observateurs appellent la crise de la prestation de serment des nouveaux ministres ayant obtenu, récemment, l'aval des députés. Une crise politique qui risque à tout moment de basculer dans une crise institutionnelle si les différents protagonistes échouent à retrouver la table du dialogue.
Alors que les nouveaux ministres issus du dernier remaniement ministériel opéré par le Chef du gouvernement Hichem Mechichi attendent toujours la convocation du Président de la République pour prêter serment et entamer leurs missions, ce dernier, convaincu que certains noms proposés font l'objet de soupçons de corruption et de conflit d'intérêts, laisse planer le doute, et jusqu'à la rédaction de ces lignes, il s'abstient toujours d'organiser cette cérémonie protocolaire mais nécessaire. Que va-t-il se passer ? Kaïs Saïed peut-il refuser la prestation de serment de certains ministres ? Où va la scène politique dans ce contexte national critique ?
En tout cas, les avis des constitutionnalistes divergent à ce sujet. Pour certains, le Président n'a pas le droit de refuser la prestation de serment à ces ministres puisqu'il dispose d'un pouvoir lié, alors que pour d'autres, rien n'oblige le Président de la République de convoquer ces ministres à cette cérémonie puisque la Constitution n'évoque en aucun cas la question des remaniements ministériels. Résumé de la situation : une crise politique s'est en effet installée en Tunisie, alors que les protagonistes peinent à trouver le consensus.
Ghannouchi crée la polémique !
Alors que le paysage politique est d'ores et déjà brouillé et tendu, les dernières déclarations du président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, ont enfoncé le clou. Prenant la parole lors d'une conférence tenue récemment à distance, il s'est attaqué au Président de la République, estimant que son rôle est symbolique dans ce genre de situation politique. «Il se croit pouvoir accepter certains ministres et en refuser d'autres, c'est le prix d'une mauvaise séparation des pouvoirs dans un régime parlementaire mixte», a-t-il laissé entendre, appelant ouvertement à la mise en place d'un véritable régime parlementaire en Tunisie. Au fait, pour Rached Ghannouchi, qui viserait à écarter Kaïs Saïed de la scène politique ou du moins à limiter son influence, c'est au parti majoritaire de prendre les commandes du pays et de régner en symbiose avec le Parlement. «Les accusations lancées à l'encontre des nouveaux ministres sont faites d'une manière délibérée. Quand on veut anéantir une personne, accusons-la de corruption», a-t-il déclaré, s'adressant directement au Chef de l'Etat.
Sauf que ces déclarations ne sont pas passées inaperçues. Certains évoquent même des intentions putschistes. C'est le cas du président de Machroû Tounès, Mohsen Marzouk qui a publié un statut sur son compte Facebook pour prévenir contre les intentions de Rached Ghannouchi. «Ce qu'a dit Rached Ghannouchi à propos du rôle du Président de la République, indépendamment de sa personne, est une véritable expression de sa pensée putschiste profonde», a-t-il écrit, estimant que «tous ceux qui défendent le régime parlementaire ne font que défendre l'intérêt stratégique d'Ennahdha».
Pour sa part, le chef du bloc démocratique, Mohamed Ammar, a qualifié les déclarations de Rached Ghannouchi de «dangereuses», l'appelant à présenter ses excuses. «Dans l'actuel régime politique, le rôle du Président de la République n'est guère symbolique, les déclarations de Rached Ghannouchi sont dangereuses et font fi de la Constitution», a-t-il affirmé.
Sur fond de ce blocage politique, le Chef du gouvernement a en tout cas affirmé qu'il fera le nécessaire pour que les nouveaux ministres puissent entamer leurs missions «car la Tunisie ne peut plus supporter de retard». En visite hier à l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), Hichem Mechichi a noté que le processus et les prérogatives constitutionnels sont clairs à ce sujet et que «la prestation de serment des nouveaux ministres est une question de temps».
Que va faire Kaïs Saïed ?
Au fait, même s'il ne représente pas officiellement le Chef de l'Etat, Naoufel Saïed, frère de Kaïs Saïed, pourrait apporter quelques éléments de réponse et des éclaircissements à ce paysage politique conflictuel et notamment à la position de ce dernier. Pour lui, il faut soutenir le Président de la République dans sa «lutte contre la corruption». Recourant aussi à son compte Facebook, Naoufel Saïed a mystérieusement posté que « Kaïs Saïed va conduire plusieurs batailles, dont celle contre la corruption ».
Que peut-on comprendre de ces déclarations ? Le Président de la République a-t-il décidé de mener sa propre guerre contre la corruption en Tunisie ? Si oui quels sont ses moyens et qui sera visé en premier ? Le Chef de l'Etat a-t-il opté pour une confrontation directe et ouverte avec l'Arp qu'il a toujours critiquée ? En tout cas, Naoufel Saïed, personnalité très proche du Président de la République, a affirmé que ce dernier «va tenir parole, et ne trahira jamais ses électeurs ni les engagements qu'il a pris auprès des Tunisiens qui l'ont choisi pour mener ce combat impitoyable contre un ennemi fort bien armé».
Dans ce paysage politique qui renvoie en effet à une situation compliquée et à une guerre de tous contre tous, le mouvement Ennahdha n'a pas cessé de mettre la pression sur le Chef de l'Etat, l'appelant à se conformer à la Constitution et à convoquer les nouveaux ministres pour la prestation de serment. Au début, c'était son porte-parole, Fathi Ayadi qui avait appelé le Président de la République à «être à la hauteur des attentes des Tunisiens» et à éviter cette crise politique, puis c'était au tour de Rached Ghannouchi lui-même de tirer à boulets rouges sur Saïed.
Hier, le leader nahdhaoui a également affirmé que si Saïed refuse toujours la prestation de serment des nouveaux ministres, ces derniers entameront quand même leurs missions.
Au fait, cette crise politique vient renforcer un contexte de perte de confiance entre les trois présidences, mais aussi entre les partis politiques. A l'exception du rapprochement contre nature entre Ennahdha, Qalb Tounès et Al-Karama et leur soutien au Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, le consensus fait défaut.
En tout cas, tous les regards se tournent désormais vers le palais de Carthage, où le Chef de l'Etat devrait convoquer les ministres approuvés par le Parlement pour, qu'ils prêtent serment. Sauf que Kaïs Saïed avait menacé de priver certains ministres liés à des soupçons de conflits d'intérêts de cet acte protocolaire. Jusqu'à la rédaction de ces lignes, il retarde cette cérémonie formelle mais nécessaire pour officialiser ce récent remaniement.
Le paysage politique marque ainsi le quasi-échec de l'initiative sur un dialogue national proposée par la centrale syndicale. Cette initiative semble être au point mort, alors que le Président de la République n'a pas donné suite à sa position initiale favorable à «la tenue d'un dialogue national qui exclut les parties soupçonnées de corruption et qui représentent les jeunes dans les régions».


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