Objectif : mieux organiser le secteur dans un cadre structurel qui profite à toutes les parties. L'idée de création d'un cluster d'huile d'olive dans la région du Nord-Ouest fait son petit bonhomme de chemin et l'on est même à un stade avancé de la concrétisation du projet qui semble gagner les faveurs de plusieurs parties, en premier lieu les producteurs eux-mêmes. Autant dire que le projet sur lequel travaille depuis plus de deux ans le pôle technologique et industriel du Kef est aperçu comme la meilleure solution pour organiser le secteur dans un cadre structurel qui profite à toutes les parties et met en valeur la chaîne de valeurs nécessaires à la valorisation de ce produit du terroir, au demeurant très sollicité aux deux plans national et international. L'atelier consacré, ces derniers jours, à la création d'un réseau sectoriel d'huile d'olive dans le nord-ouest, et organisé à l'Ecole supérieure d'agriculture du Kef (Esak) a, en tout cas, montré l'utilité du projet qui se présente comme un véritable salut pour la valorisation de la production oléicole dans les régions du Kef, Béja, Jendouba et Siliana, mais aussi de tous les produits dérivés qui pourraient, à leur tour, représenter une manne pour les professionnels et pour certains promoteurs impliqués dans la valorisation des sous-produits issus de la transformation de l'huile d'olive (savon, aliments pour bétail, etc.). L'objectif majeur recherché à travers ce cluster est donc de créer une plus-value nouvelle à même de conforter les revenus des producteurs, notamment à travers la création d'une appellation d'origine contrôlée (AOC) qui détermine principalement la provenance de l'huile et sa traçabilité, tout en respectant toute le chaîne de valeurs nécessaires, en partant des pieds à planter jusqu'à aboutir à l'huile extraite, et ce, de manière à garantir la production d'une huile de qualité mondialement reconnue pour ses bienfaits et ses qualités intrinsèques : un objectif qui requiert, selon le président-directeur général du complexe technologique et industriel du Kef, Mehdi Klaï, l'implication de plusieurs parties, en partant du financement jusqu'à la commercialisation du produit fini et donc son écoulement sur les marchés national et étranger. Un plan d'action est en voie de concrétisation avec les services de la coopération internationale allemande (GIZ). Il intègre, entre autres, le rassemblement des bailleurs de fonds et les programmes nationaux associés à l'huile d'olive pour les impliquer dans les opérations de financement des opérations à retenir dans le cadre de ce plan d'action à mettre en place très prochainement. Le cluster s'annonce dès lors comme un cadre ou une plate-forme qui associe tous les intervenants dans la chaîne de valeurs décrite ci-haut, et production de l'huile ou de ses dérivés, en vue de renforcer les capacités réelles des entreprises régionales et créer entre elles une forme de synergie et entre les opérateurs partout dans la zone du nord-ouest. Moez Ben Dhiaf, enseignant chercheur à l'Esak et expert en huile d'olive, est toujours sur la brèche et préconise d'abord inévitablement la création d'un laboratoire régional pour l'analyse et surtout la certification de l'huile du nord, outre la formation de vrais dégustateurs dans ce domaine, d'autant plus que l'huile d'olive du nord-ouest est, en général, d'une excellente qualité dégustative et naturellement biologique, car jamais ou presque issue de l'irrigation de pieds d'olivier, une réalité qui a même permis à un producteur de la région du Kef, propriétaire d'une huilerie d'obtenir une récompense mondiale au Japon pour la qualité de son huile, la meilleure au monde en 2013. La labellisation de l'huile du nord-ouest constitue dès lors un objectif majeur qui semble bénéficier des faveurs de toutes les parties d'autant plus encore que les superficies réservées à l'oléiculture représentent en Tunisie 20% de la superficie oléicole mondiale et la production oléicole, 15% de la masse globale de la production agricole dans le pays. A cela s'ajoute un vaste programme d'extension des superficies réservées à l'oléiculture pour les prochaines années dans le nord-ouest au cours du nouveau plan 2016-2020. Un clin d'œil en passant aux décideurs. J.T.