Ce qu'on aurait plutôt à reprocher à notre appareil de contrôle, c'est qu'il n'a guère su adopter une quelconque politique de communication cohérente et profitable au consommateur. Au risque de tomber dans le pléonasme et la redondance, jamais le coût de la vie n'a été aussi élevé que par les temps qui courent. Tout le monde court derrière le gîte, le couvert, le boire, et derrière l'échelonnement de frais d'eau et d'électricité. Plus de couche moyenne, «Dieu est unique pour tous», comme on dit. Le nivellement du pouvoir d'achat tire de plus en plus vers le bas. Cela dit, que dire alors des éternels sans emploi et sans le sou, sacrifiés et livrés à leur triste sort, pour améliorer le sort de ceux qui ont le privilège de récolter chaque fin de mois au moins quatre sous? Si cette situation, dite le revers de la médaille que nous a décernée la sainte révolution, échappe à tous (sauf à ceux qui ont la chance de travailler sans vouloir produire et travailler), elle aurait pu être considérablement atténuée par une sérieuse lutte commune contre la spéculation, la fraude et la hausse illicite des prix. Un phénomène qui, au lendemain de la révolution, a pris une dimension de plus en plus intolérable. Et ne cesse de grever dangereusement le budget ménager, pour brouiller les cartes et influer déloyalement sur la répartition des richesses, déjà mal réparties pour des raisons que tout le monde sait. Ce sont des soi-disant «zouaoula» qui «sucent le sang» au quotidien, des réels «zouaoula». Tous les moyens sont bons pour ceux qui ont pignon sur rue ou une brouette à traîner dans les rues, pour flouer le consommateur, le gruger et le «déplumer». Rien n'échappe à la gourmandise de ces gloutons, nés pour tout nous «rafler». Même les produits de première nécessité aux prix strictement homologués, à commencer par la baguette de pain, comme tout le monde sait (200 millimes au lieu de 190 millimes). Et si d'aventure, un consommateur remue les lèvres et lève le petit doigt, bonjour les dégâts ! Pourquoi ? Parce que ceux qui ont le courage de protester et dire non à la spéculation sont minoritaires par rapport à la majorité silencieuse, se vantant d'être pacifique, celle-ci regardant, d'un mauvais œil, le citoyen regardant sur les principes et agissant suivant la règle d'or disant : «Si ce sou est le mien, il n'est pas le tien». Le hic, c'est que cette majorité silencieuse ne sait souvent pas garder le silence vis-à-vis du comportement, pourtant civique et responsable de la minorité «turbulente». Et que de fois, l'on assiste à des scènes ahurissantes où l'on voit des gens, n'ayant pas un sou de bon sens, protester contre les protestataires, accusés de pêcheurs en eau trouble, parfois même pris à partie ! Alors que ceux là-même sont les avocats des diables de majoritaires, encourageant ceux qui ont le diable au corps ! Cela dit, on se dit et que font donc nos messieurs du contrôle économique ? Réponse, ils ne peuvent pas faire grand-chose. Même s'ils remuent ciel et terre ! Tant que le citoyen, le dindon de la farce et le premier concerné, ne fait rien pour préserver ses propres deniers. Et l'on ne peut mieux défendre ses intérêts que par soi-même. Ainsi, la sagesse populaire de chez nous ne dit-elle pas si bien : «L'on ne peut que compter sur ses propres ongles», pour se gratter et sur ses propres yeux pour pleurer. Ainsi donc, la défense du consommateur passe par l'autodéfense et non pas par «M. Contrôle» et la divine providence. Sachant qu'une «hirondelle ne fait pas le printemps». D'autant que la logistique dérisoire et le volume des effectifs des contrôleurs sont en flagrante disproportion avec les abus et les dérapages à la pelle, ayant envahi nos espaces publics de commerce. Ce qu'on aurait plutôt à reprocher à notre appareil de contrôle, c'est qu'il n'a guère su adopter une quelconque politique de communication cohérente et profitable au consommateur. Aucun effort n'est déployé par l'administration économique pour se tenir proche et à l'écoute du consommateur à travers les médias. On nous dit que le corps de contrôle est en train de sanctionner les contrevenants. Cela, on ne le sait que rarement et occasionnellement. Tout compte fait, à quoi sert la sanction si elle n'est pas annoncée à cor et à cri pour servir de leçon à ceux qui n'ont jamais appris la bonne leçon. Côté vulgarisation de la règlementation économique, propre à clarifier les rapports consommateurs-commerçants et à définir les droits et devoirs des uns et des autres, on n'y a guère pensé, pensant qu'il s'agit de précieux instruments de travail, faits pour être, au besoin, consultés et jalousement gardés dans des tiroirs administratifs, hermétiquement fermés.