Des cadres et agents de l'appareil sécuritaire ont été limogés, d'autres traduits devant la justice, sans compter la cascade de mutations. La purge continue... Le nouveau ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, et le nouveau patron de la direction générale de la Sûreté nationale, Abderrahman Belhadj Ali, n'ont pas mis longtemps pour annoncer la couleur. Le temps de savourer l'intronisation et de commencer à s'habituer à l'ambiance de la boîte, et les voilà embarqués dans un audacieux plan d'assainissement répondant à leurs propres convictions professionnelles. Un premier résultat : pas moins de 52 personnes, entre cadres et agents du département, selon des sources bien informées du ministère, en ont payé les frais, par limogeages et mutations interposés, alors que d'autres ont été carrément traduits devant la justice pour répondre de délits dans lesquels leur implication a été avérée. Plus qu'un simple besoin de relooking, ces mesures qui ont fait sensation auprès des différents corps des forces de sécurité intérieure (police et garde nationale) entrent justement dans le cadre d'une «purge» rendue inévitable par l'obligation de résultat imposée audit ministère en matière de lutte contre le terrorisme. Et pour espérer gagner cette lutte acharnée, de tous les jours et de tous les instants, il est évidemment impossible d'avancer en rangs dispersés et des arrières perméables. Une sorte de passoire qui fait, bien entendu, la joie de jihadistes toujours prompts à sauter sur la moindre aubaine, sur le premier moment de distraction sécuritaire. Police parallèle Cela a coûté jusqu'à présent énormément cher à un ministère qui a, faut-il le rappeler, accumulé des victoires, mais aussi des revers depuis 2012, tout simplement parce que, quelque part, le courant ne passait pas entre certains, d'où le manque de synchronisation alarmant entre certaines brigades. En témoignent les incidents dramatiques qui ont secoué, dernièrement, la ville de Kasserine et les cités Ettadhamen et Al Intilaka, sans oublier les très énigmatiques attentats du Bardo, de Sousse et de l'avenue Mohamed-V. Çà et là, on avait déploré des failles criardes qui, sans allers jusqu'à les qualifier de «préméditées», demeurent, au moins, une preuve d'incompétence et de manque de professionnalisme. Outre ces points noirs au passif du ministère de l'Intérieur, MM. Majdoub et Belhadj n'étaient pas sans savoir qu'moment de leur débarquement, ils avaient également d'autres chats à fouetter, d'autres fers à battre. Citons-en : – La persistance du mystère enveloppant les attentats du Bardo, de Sousse et de l'avenue Mohamed-V – Le peu de révélations sûres ayant filtré de l'enquête diligentée sur les incidents du mois dernier. – Le flou entourant les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. – L'invincibilité de la police parallèle qui perdure. – Les failles (absentéisme, manque d'équipements, dysfonctionnements...) dont souffrent des postes de police et de la garde nationale, d'où d'ailleurs la fréquence des visites inopinées que ces deux hommes n'ont cessé d'effectuer, de jour comme de nuit. Autant dire que les récentes mesures d'assainissement qu'ils ont prises n'ont absolument rien de bizarre, ni de particulièrement inédit. Nous oserons même prévoir qu'elles seront suivies d'autres. Pourvu seulement qu'elles soient bien ciblées et génératrices d'un surplus d'efficience ardemment désiré dans cette longue et harassante guerre contre le terrorisme.