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Jalel Ben Brik Zoghlami à La Presse : «Cette fois-ci, les jeunes et les pauvres ont trouvé en Kaïs Saïed le dirigeant qui va concrétiser leur victoire»
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 08 - 2021

En parlant du 25 juillet, l'avocat et ancien militant de gauche Jalel Ben Brik ne mâche pas ses mots. Dans cette interview, il affirme que ce qui s'est passé en ce jour historique est un "soulèvement plébéien avec l'approbation tacite de l'Ugtt". Mais contrairement aux quatre vagues révolutionnaires qui ont eu lieu depuis le 17 décembre 2010, cette fois-ci, les jeunes, les pauvres et les laissés-pourcompte ont bon espoir que le Président Kaïs Saïed ne les décevra pas. Interview.
Vos posts sur Facebook annonçaient qu'une deuxième révolution frappe à nos portes. Est-ce que vous considérez que ce qu'a fait Kaïs Saïed est le couronnement d'un mouvement social ou une usurpation de cette volonté populaire de changer la situation en Tunisie?
Ce n'est pas Kaïs Saïed qui a balayé Ennahdha, le parlement et le gouvernement. Le 25 juillet, c'était la rue. La plèbe composée de citoyens des quartiers populaires, des villages et des douars (en première ligne leurs enfants lettrés dont les gaillards des virages des stades), de Sahéliens de Sousse, de supporters du Club Africain et ceux du Stade Tunisien, etc. a exprimé sa colère. Ces plébéiens qui sont les déclassés, les étudiants, les pauvres des villes qui travaillent au jour le jour, qui ne sont pas organisés, et qui n'ont pas un travail fixe, et en même temps avec une vraie présence des syndicalistes sans l'appel officiel de l'exécutif de l'Ugtt mais avec son approbation tacite, on les a trouvés partout, dans tous les coins de la Tunisie, pour s'attaquer directement au symbole du pouvoir existant qui est le parti majoritaire Ennahdha. Du matin jusqu'à presque 20h, c'étaient 12 heures qui ont ébranlé la Tunisie. Ennahdha et son Mechichi, chef du gouvernement et ministre de l'Intérieur, ont fait de sorte qu'on n'arrive pas à un rassemblement central national devant le Parlement. Cela s'est retourné contre eux et a donné quelque chose de très beau: le peuple s'est retrouvé dans ses fiefs. Ça a donné le soulèvement révolutionnaire plébéien avec l'approbation tacite de l'Ugtt. D'ailleurs, notre cher secrétaire général déclara, entre midi et 13 heures, que c'est un pouvoir périmé. Je crois que c'est là qu'il y a eu la signature finale de la fin du pouvoir des fachos nahdhaouis et leurs alliés intégristes et mafieux. Dans la soirée du 25 juillet, le professeur Saïed, notre Président, nous a offert la liesse et la fête, avec son discours en embrassant l'œuvre magnifique du Champion du peuple, tout en diminuant l'ampleur de la deuxième révolution. Le peuple a dit "on balaye Ennahdha, le parlement et le gouvernement", Saïed a dit "on gèle". Il n'a pas interdit le parti. Il a décidé de geler le parlement pendant un mois seulement et par là entreprendre des actions judiciaires. Monsieur le Président, vous n'êtes pas du tout tranchant comme une lame. Même avec les criminels qui ont usurpé notre première révolution, qui ont vendu notre Tunisie au FMI, au capital international colonialiste — à sa tête le capital qatari (l'accord avec le Fonds qatari de développement) — qui ont fait danser la mort avec la pandémie, qui ont adopté la torture (l'agression d'un adolescent à Sidi Hassine, l'ablation des testicules d'un jeune à Monastir, l'écrasement de la tête et des os d'un jeune dans une prison). Vous avez encore la douceur de nos mamans. C'est une deuxième révolution. Elle est dans l'élan de la première. Les quatre vagues révolutionnaires déclenchées depuis le 17 décembre – La première vague (17 décembre-14 janvier), puis Kasbah 1 et Kasbah 2, ensuite la vague du 6-8 février 2013, et enfin du 25 juillet-13 août 2013-, étaient offertes par les dirigeants de la gauche radicale et même la gauche syndicaliste (la direction de l'Ugtt) à des technocrates très liés aux Etats et institutions internationales colonialistes, à l'instar de Jomaa ou à des destouriens recyclés qui ont travaillé main dans la main avec les fascistes Nahdhaouis. Cette fois-ci, le peuple jeune et les pauvres des villes, des villages et des douars avec leur protecteur l'Ugtt ont trouvé en Kaïs Saïed le dirigeant qui va, même timidement, concrétiser leur victoire: le pouvoir plébéien ouvrier pour la souveraineté nationale et la justice sociale.
Plusieurs voix d'anciens militants et opposants, dont Hamma Hammami, considèrent que ce qui s'est passé est un coup d'Etat. Etes-vous du même avis?
Aujourd'hui, Ennahdha est fragilisé. Le parti est très faible et haï par le peuple et on le voit clairement, les nahdhaouis ont essayé de reproduire le scénario de Rabaa, mais c'était un échec. La menace vient, maintenant, des vieux enfants de la fameuse alliance du 18 octobre, des soi-disant démocrates de gauche. Marzouki, Chebbi, Hamma ont leurs zaims, les pseudointellos Ben Achour et sa petite sœur, Kamel Jendoubi, les organisations droits de l'hommistes — créées depuis Carter et Mitterrand — et le néocolonialisme. Invoquant le prétexte de la défense des libertés, ces organisations (Fédération internationale pour les droits de l'homme, Amnesty international, Human Rights Watch ...) ont des mercenaires qui sont à leur solde pour faire de la propagande dans notre pays et on voit leur aboiement de chien de garde enragé contre la révolution du peuple (de ces jeunes, beaux, rêveurs et solides) et de notre grande organisation de Hached. Il faut qu'on soit très vigilants face à ces comploteurs très bons élèves de la tendance Clinton-Obama, parti démocrate de l'impérialisme yankee.
Selon vous, quelle serait la feuille de route qui pourrait garantir un retour à l'Etat de droit et à la démocratie sans toutefois nouer avec l'ancien régime qui a anéanti le pays et ses ressources?
Pour que la révolution réussisse, elle ne doit pas s'arrêter. La révolution, comme disait Che, c'est comme une bicyclette : quand elle n'avance pas elle tombe. Au delà, des pleurnichards euro-dollars, les soi-disant progressistes qui hurlent tristement qu'il y a un coup d'Etat vers l'installation d'une théocratie même le malheureux Yadh Ben Achour nous parlant de Mussolini et de Rome — sont à côté de la plaque. La vie est ailleurs. C'est clair, le peuple a demandé la dissolution du parlement, Saïed n'a fait que geler l'institution pendant un mois. Le peuple a demandé l'interdiction d'Ennahdha et de ses alliés, Saied n'a interdit aucun parti. Un mois pour l'activation des dossiers en suspens liés aux crimes des personnalités politiques dont certains nahdhaouis, Yassine Ayari, Rached Khiari, Chawki Tabib, Khaled Krichi (Mouvement du peuple), Mabrouk Korchid, Sihem Ben Sedrine et les frères Karoui. Les libertés, on les vit. Pour la presse, il n'y a pas d'interdiction ou de censure. Chacun est sous le coup de la loi et même généreusement et tendrement. Pour immuniser la révolution contre tout détournement, notamment la normalisation du gouvernement en partis et technocrates liés au capital du Golfe (qatari-émirati-saoudien) et de la Turquie sous le haut patronage des Etats-Unis et de l'Europe — à sa tête l'Allemagne et la France — on doit commencer, outre les décisions qui ont été prises par le Président Kaïs Saïed, d'abord par mettre en œuvre les institutions du pouvoir populaire, en instaurant, spontanément, dans les localités le pouvoir communal populaire. En même temps, un gouvernement basé sur ces communes-là doit être désigné essentiellement dans l'accord entre les représentants de nos deux mouvements révolutionnaires qu'est le plébéien (Kaïs Saïed) et le travailliste (Ugtt, Noureddine Taboubi). Troisièmement, mettre fin à l' indépendance de la BCT et la mettre sous la direction du gouvernement pour couper court à sa dépendance aux institutions monétaires internationales colonialistes. Quatrièmement, la promulgation d'un décret qui interdit tout financement étranger des partis, des associations et organisations non gouvernementales — y compris celles des droits de l'homme et de développement.
Tout argent qui vient de l'étranger doit rentrer dans les caisses de l'Etat. De même, les dons locaux octroyés aux partis et aux associations ne doivent pas dépasser les 20% de la cagnotte des cotisations des adhérents et sans pour autant qu'ils soient déductibles de l'impôt des donateurs, tout en mettant l'accent sur le programme immédiat de la lutte contre la pandémie. Cinquièmement, mettre au point un programme éducatif populaire et de haut niveau, en concertation avec des experts, et avec la participation des syndicats de l'enseignement. Finalement aller vers une économie bon marché et de qualité basée sur l'agriculture, égalitaire, solidaire et bio; une industrie légère basée sur les énergies renouvelables; la numérisation; un tourisme de qualité (médical, culturel et écologique) et une splendeur de la création artistique ou littéraire, dont on a la base quand on voit l'ours d'or de Berlin, nos candidats prix Nobel, dont notamment Lina Ben Mhenni et Taoufik Ben Brik. N'oublions pas la qualité recherchée de nos médecins et de nos ingénieurs.
Tout cela doit être sous l'autogestion ouvrière et populaire et dans le cadre d'une démocratie de base communautaire qui commence de la localité vers le régional et puis le national. Je tiens à préciser que ce que ce programme communautaire qui interfère avec la vision du président ne va pas du tout avec l'esprit présidentialiste, d'ailleurs, il ne va pas du tout avec l'existence d'une instance qui s'appelle la présidence.


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