Loi de finances Budget économique : pourquoi tant d'ostracisme face aux grands défis ?    L'UBCI réaffirme son leadership en matière de RSE    Renforcer la sécurité hydrique et alimentaire : lancement du projet TANIT KT à Zaghouan    Ooredoo AI Summit : accélérer l'économie numérique de la Tunisie    Gaz toxiques et colère locale : un plan pour réduire les émanations du GCT à Mdhila    Flottille Soumoud : Liste des Tunisiens arrêtés par les forces sionistes    Global Sumud Flottilla : 16 tunisiens sur 28 arrêtés, le navire Mikeno entre dans les eaux territoriales palestiniennes    Pluies éparses et mer agitée attendues ce soir en Tunisie    Dream City 2025 : le festival d'art urbain engagé de retour pour animer la médina de Tunis et ses environs    Eliminatoires de la Coupe du Monde 2026 : la liste des joueurs de l'équipe nationale pour les matchs contre Sao Tomé et la Namibiedévoilée    Festival arabe de la radio et de la télévision: les recettes de la dernière édition reversées aux villages SOS    La LTDH condamne l'attaque israélienne contre la flottille Al Soumoud et appelle les autorités à intervenir    Décès de Hamda Saïed, figure religieuse et ancien mufti de la République    En vidéo : accident spectaculaire sur l'autoroute A1    L'UGTT condamne l'agression israélienne contre la flottille Al Soumoud    Tunisiens, les dates limites pour vos déclarations fiscales d'octobre approchent !    Tunisie : Incarcération de l'ancienne DG de la CDC pour suspicion de corruption    La BIAT lance sa nouvelle carte de paiement fractionné BIATFLEXY    Décès de l'ancien mufti de la Tunisie, Hamda Saïed    Transport scolaire : Mouez Echrif accuse le ministre du Transport de négliger le Sahel    Haltérophilie : Ghofrane Belkhir quitte la délégation tunisienne en Norvège    OneTech Groupe célèbre les lauréats de la 2ème édition d'Ingenuity Award    Ben Arous: séance de travail sur la situation environnementale et la pollution    Hammamet : des caméras de surveillance dans les collèges et les lycées?    Coup d'envoi de l'Octobre Rose : des consultations gratuites dans tous les gouvernorats    Ligue 1 – 8e journée : Le ST revient de loin    ASM-EST (0-3) : Le métier des "Sang et Or"    Flottille Sumud : un navire franchit les eaux territoriales gazaouies    Tension Madrid–Tel-Aviv : l'Espagne proteste contre l'interception de navires humanitaires    Service militaire des binationaux tunisiens en France, Algérie et Turquie : les détails    Perturbations prévues sur les traversées Sfax – Kerkennah    La Tunisie engagée dans un projet euro-méditerranéen pour valoriser les déchets de l'huile d'olive    42 milles séparent la flottille Soumoud de Gaza    Le Brésil condamne l'interception par Israël de la Flottille pour Gaza    Procès de Rached Ghannouchi : report à novembre et rejet d'une demande de libération    Ibraaz, nouveau lieu d'art et de pensée critique, ouvre ses portes à Londres (Album photos)    Le Club Africain lance un Appel à Manifestation d'Intérêt International pour un partenariat Equipementier & Merchandising    Quand sécurité rime avec équité : La stratégie de Kaïs Saïed    La défense d'Ahmed Souab porte plainte contre Mohamed Bouzidi    "Chakchouka" et "zaatar" font leur entrée dans le dictionnaire français    Le palais Ahmed Bey abrite l'exposition Italianisances, présence italienne dans l'architecture tunisienne    Yassine Guenichi brille : l'argent et un nouveau record d'Afrique pour la Tunisie    l'avocate de Halima Ben Ali dévoile les détails de son arrestation à Paris    Yassine Gharbi remporte la médaille d'or sur 400 m fauteuil (T54) aux Championnats du monde 2025 de para-athlétisme en Inde    Le drapeau One Piece, symbole contestataire de la Génération Z dans plusieurs pays, pourquoi?    Hassen Doss enchante la Chine pour la Fête de la Lune    L'UNESCO inaugure le premier Musée virtuel mondial des biens culturels volés    Yassine Gharbi offre à la Tunisie l'or mondial du 400m T54    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



En attendant la fin du squat
Le Palais Kheireddine et ses annexes
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 02 - 2016

La municipalité de Tunis a essayé de récupérer l'endroit, qui a servi à des représentations de spectacles programmés dans le cadre du festival de la Médina, mais elle a dû vite déchanter, les habitants de cet espace ayant chassé tout autre occupant. Ne voulant pas créer une crise sociale, la municipalité a choisi de se retirer en toute discrétion.
Pauvre monument que ce Palais Kheireddine, haut lieu d'exposition, amputé de son jardin. Jardin squatté par des familles pauvres qui n'ont pas d'autres lieux où crécher. Après la révolution, des familles ont saisi l'occasion de vacance du pouvoir pour occuper le jardin à l'abandon. La municipalité de Tunis a essayé de récupérer l'endroit, qui a servi à des représentations de spectacles programmés dans le cadre du festival de la Médina, mais elle a dû vite déchanter, les habitants de cet espace ayant chassé tout autre occupant. Ne voulant pas créer une crise sociale, la municipalité a choisi de se retirer en toute discrétion.
Jusqu'à quand cette situation va-t-elle durer ? Les pouvoirs n'ont-ils pas promis de reloger ces familles et de permettre à la municipalité de Tunis de reprendre ses biens, dont le jardin qui fait partie intégrante du palais d'exposition ainsi que les annexes pour les restaurer, d'autant plus qu'il existe un projet prêt à l'exécution ? Zoubeir Mouhli, architecte et président de l'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis, nous livre, dans cet entretien, les projets réalisés et ceux à venir et se dit prêt à l'exécution des travaux si le problème d'évacuation des lieux, à savoir les annexes du Palais Kheireddine, est solutionné.
Le Palais Kheireddine, actuellement musée de la ville de Tunis, a été restauré en 1999, il y a donc de cela 17 ans. Son jardin et ses annexes : les écoles israélite et musulmane, sont squattés depuis la révolution par des familles. Jusqu'à quand cette situation va-t-elle durer ?
Tout d'abord, je voudrais revenir sur l'historique du Palais. Dans les années 90, la municipalité de Tunis a voulu faire un musée de la ville, mais n'avait pas l'argent nécessaire pour réaliser le projet en entier. Il a été décidé de commencer par la réalisation de ce qui est nécessaire à un musée, autrement dit, la partie concernant les espaces d'accueil des expositions temporaires, des rencontres, des réceptions, etc., d'autant plus que la ville n'avait plus de galerie d'exposition, notamment après la fermeture du casino du Belvédère, transformé en mess des officiers, et de la galerie Yahia au Palmarium. Il n'y avait donc plus de grand espace pour les expositions de peinture, de sculpture, d'installation...
Il était donc nécessaire de commencer par le musée. Cette partie restaurée est actuellement la galerie d'exposition dite Palais Kheireddine, dans l'espoir d'ajouter, dans une deuxième phase, l'école israélite de la rue du Tribunal après que la municipalité l'eut achetée à la communauté juive à Paris. A l'époque, on avait commencé à réfléchir au reste du programme scientifique. Il était question d'en faire une résidence d'artistes, autrement dit un aménagement pour que les artistes viennent s'installer durant une période pour la réalisation de leurs projets artistiques. On a imaginé des aménagements d'ateliers, d'appartements privatifs pour les artistes, etc. Mais, en raison d'un problème de financement, le projet a été abandonné. Après la révolution, l'endroit a été squatté.
Le jardin fait partie intégrante du Palais, pourquoi a-t-il échappé, lui aussi, à la municipalité ?
Au sujet du jardin, lorsqu'on a réaménagé le Palais Kheireddine, il n'y avait plus suffisamment d'argent pour la réhabilitation du jardin. On l'avait juste nettoyé pour accueillir des réceptions en plein air et abriter le festival de la Médina lorsque le mois de Ramadan coïncidait avec la période d'été. L'espace avait servi à cela, des installations éphémères ont été montées pour recevoir les spectacles. Après, les gens l'ont squatté. Tous ne sont pas des SDF. Certains possèdent un logement dans la médina.
Pensez-vous que la municipalité peut récupérer ses biens ?
Le problème est de reloger ceux qui n'ont pas de logements. Si le ministère des Affaires sociales les reloge, la municipalité récupérera l'espace et on repensera au projet. De toute évidence, il y a un blocage.
Actuellement, sur quels projets travaille l'ASM ?
Nous travaillons sur la récupération d'un ancien hospice, une sorte de presbytère attenant à l'église Sainte-Croix de la rue de la Mosquée Ezzitouna. Jusqu'à récemment, il abritait l'arrondissement municipal qui est logé provisoirement rue Bir Lahjar dans de nouveaux locaux, mais bientôt, il réintégrera l'école primaire— qui sera restaurée — située devant l'ancienne église. Nous avons commencé les travaux de restauration du presbytère avec un financement italien. Il sera réaménagé en un Centre méditerranéen des arts appliqués. Il sera prêt dans quelques mois. Il y a un autre projet sur lequel nous travaillons pour le compte de l'Association Beyti. Il s'agit de la moitié de l'école désaffectée Sidi Ali Azzouz qui sera transformée en un centre de femmes sans abri. L'ASM a fait les études et les travaux. Le projet est presque terminé. Il logera une trentaine de personnes de manière temporaire, le temps d'une réinsertion dans la société.
Envisagez-vous de sauvegarder d'autres monuments dans la médina ?
Parmi les projets de restauration, la Medersat Bir Lahjar et Souk Chaouachia.
Ces deux projets sont au programme d'exécution; bientôt, ils passeront à l'appel d'offres. Les travaux commenceront peut-être cette année. La municipalité de Tunis financera ces deux projets.
Les privés sont-ils impliqués dans la revalorisation de certains monuments ?
Certainement. Certains promoteurs privés réinvestissent dans la médina. Ils ont restauré plusieurs demeures qu'ils ont transformées en maisons d'hôtes. Leur apport est important parce que le patrimoine n'est pas seulement l'apanage des pouvoirs publics. Il faut que de plus en plus de privés réalisent des projets.
Quel regard portez-vous, aujourd'hui, sur la médina de Tunis ?
La médina de Tunis est immensément riche. Chaque fois qu'on croit que c'est désespérant, qu'on a tout perdu, on retrouve qu'elle recèle des trésors. Je suis optimiste. Cependant, ce qui est important, c'est que ce n'est pas mon regard qui a changé mais celui des gens. Autrefois, on associait la médina à une sorte de bidonville.
Depuis quelques années, je reçois tous les jours des privés à la recherche d'un bien à acheter; il y a un grand intérêt pour la médina, ce n'est plus le lieu de tous les archaïsmes comme certains ont tendance à le dire. Il y a actuellement une vingtaine de projets de maisons d'hôtes. Les gens qui cherchent à s'installer dans la médina aujourd'hui, ce ne sont plus les moins nantis.
La médina est l'endroit le plus central, le plus proche et le moins cher. Les gens s'installent pour la qualité de vie, la culture, l'histoire, le vécu, l'ambiance. On a toutes les catégories sociales : des universitaires, des étudiants, la classe moyenne, des artistes et cinéastes : Mohamed Zran, Nacer Khemir, bientôt Nouri Bouzid, Lotfi Abdelli, autrefois Mohamed Driss, Mohamed Ali Ben Jemaâ possède un Makhzen.
On ne cherche pas à ce que la médina se gentrifie, on n'est pas dans ce schéma. Il y a une mixité sociale qui préserve une vie équilibrée dans la médina.
Propos recueillis par
Neila GHARBI


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.