L'objectif national est de promouvoir une Tunisie résiliente aux changements climatiques, auxquels devraient mieux s'adapter ses écosystèmes, sa population, son économie et ses territoires. La Tunisie se prépare à la COP 26 sur les changements climatiques, prévue au début du mois prochain, à Glasgow en Ecosse, où elle présentera, en version actualisée, sa première Contribution nationale déterminée (CDN). Un document de référence adopté, en vertu de l'Accord de Paris sur le climat, ratifié en 2015, dont le contenu est, depuis, mis à jour au fur et à mesure. Avec pour priorités le renforcement des capacités adaptives aux aléas climatiques et des enjeux essentiellement liés au développement durable. Et la finalisation, aujourd'hui de notre CDN, un mois avant sa discussion à Glasgow, n'est que le couronnement d'un long processus de concertation et d'échange continu avec tous les acteurs et partenaires, initié par le ministère des Affaires locales et de l'Environnement, il y a maintenant cinq ans. Qu'entend-on par CDN ? Experts et climatologues l'ont défini comme la feuille de route propre à chaque pays, sur la base de quoi s'identifient les choix du développement nationaux et se précisent les nouvelles orientations du monde en matière de lutte contre les impacts des changements climatiques. «La CDN est un engagement vers un développement propre, durable, juste et inclusif, selon les priorités et les spécificités de chaque pays», fait remarquer Mohamed Zmerli, point focal de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Aussi, la CDN est-elle le paramètre de l'équation climat-développement, dans la mesure où la dialectique atténuation-adaptation puisse augmenter la chance de résilience aux sérieuses menaces du dérèglement climatique. Ce phénomène est dû, en grande partie, aux activités humaines et aux pressions qu'elles font sur l'équilibre de nos écosystèmes marin et naturel. Faut-il craindre le pire ? D'ailleurs, le 6e rapport du Giec, groupe international des experts du climat, sorti en août dernier, vient nous alerter sur un chaos climatique prévisible aux conséquences socio-économiques assez lourdes. Et ces perturbations météorologiques durement vécues aujourd'hui ne sont qu'un signe avant-coureur d'un si grave réchauffement planétaire. Faut-il plutôt craindre un pire état écologique ? Et pour cause ! L'adaptation aux impacts des changements climatiques se présente, alors, comme un défi universel, conjugué d'efforts communautaires impératifs. Il faut dire que l'œuvre du développement durable doit tenir compte des trois objectifs globaux de l'Accord de Paris. Il s'agit, en fait, de maintenir les températures maximales à 1,5°, d'atténuer l'intensité carbone et de renforcer les capacités adaptives pour accroître la résilience et réduire la vulnérabilité. La Tunisie n'est pas en reste. Sa CDN lui impose d'honorer ses engagements et lui dicte l'obligation des résultats. L'objectif est de réduire son intensité carbone à hauteur de 45% d'ici à 2030, comparée à son niveau de référence en 2010. Un débat climat non résolu ! Certes, l'enjeu est de mise, ne serait- ce qu'en fonction de nos priorités stratégiques, dont notamment une amélioration continue de l'efficacité énergétique et un meilleur recours aux énergies renouvelables. Ces balbutiements écologiques ne peuvent qu'être des prémices d'une transition à l'économie verte. Cela entre dans le vif d'un débat climatique qui n'a pas encore abouti. Mais qu'il pourrait être mieux résolu dans les plénières de la COP 26. Surtout que le ministre des Affaires locales et de l'Environnement et la délégation l'accompagnant à Glasgow semblent optimistes, déterminés à faire de la cause climatique leur cheval de bataille. Mais, cela exige, entre autres, des fonds colossaux susceptibles de financer des projets amis de l'environnement générateurs d'emplois verts. Soit une économie moins énergivore et beaucoup plus résiliente aux impacts des changements climatiques. « C'est là un défi sur lequel on va beaucoup miser lors des deux prochains quinquennats 2021-2025/2026-2030, à même de minimiser davantage l'intensité carbone à 45%. Cela serait dans les normes d'exigence de notre CDN», espère le ministre. Près de 20 milliards de dollars ! Mais, la mise en œuvre des recommandations de la CDN demande à ce qu'une ligne budgétaire soit débloquée. Sans pour autant oublier les autres contributions supplémentaires censées nous aider à concrétiser nos objectifs. Selon M. Zmerli, les estimations portent sur un budget conséquent de 19,3 milliards de dinars. «Un montant qui ne sera pas tout fourni à la Tunisie, sauf que des plans d'investissement et des requêtes de financement soient, a priori, bien élaborés dans le cadre de sa CDN en tant que document ambitieux et de visibilité», explique-t-il. La réalisation de nos priorités et objectifs à hauteur de 23% est de nature à nous faciliter l'accès à d'autres contributions financières. Cela nécessite également des financements publics et privés en guise de projets du développent intégré et inclusif. L'objectif national, aux dires de M. Zmerli, est de promouvoir une Tunisie résiliente aux changements climatiques, auxquels devraient mieux s'adapter ses écosystèmes, sa population, son économie et ses territoires.