«La valeur du groupe ne vous garantit pas toujours la réussite. Il y a d'autres paramètres à intégrer en rapport avec la cohésion, l'alchimie et la solidarité surtout. Cela peut transporter une équipe. Bref, quand l'ambiance est au beau fixe, l'équipe ne peut que se transcender». Le CA est, semble-t-il, de retour sur la scène après avoir traversé une période agitée la saison passée et même celle d'avant. Ce fut un cycle laborieux avec un club de Bab Jedid qui a cumulé les pertes sur fond de situations contrastées, exercices déficitaires et résultats d'ensemble insuffisants, le moins que l'on puisse dire. Aujourd'hui cependant, nous n'en sommes plus là même s'il ne faut pas oublier cette instabilité passée qui a touché tous les rouages du club, et pas seulement au sortir d'une saison cauchemardesque. La rupture est donc intervenue au CA. Elle a été brutale mais profitable au sein d'un bastion qui retrouve peu à peu une certaine visibilité. Pour analyser cette reprise en main, qui de mieux que l'ex-buteur international Khaled Touati pour éclairer notre lanterne et nous apporter certains éléments de réponse au sujet de toutes les questions qui reviennent ces derniers temps du côté du Parc A. Ainsi donc, pour le serial buteur clubiste des années 80, canonnier émérite, buteur-né, et attaquant racé doté d'un flair, d'un sens du placement et de l'anticipation qui se font rares de nos jours, le CA est entre de bonnes mains mais les tenants actuels ne doivent pas reproduire certaines erreurs commises par le passé. Ecoutons-le donc, car si tous les superlatifs ne suffisent pas pour décrire cette ancienne gloire du CA : «Le scénario qui s'est produit ces dernières années était prévisible. Je vais tout d'abord commencer par l'évolution du jeu clubiste, puis aborder le volet organisationnel. Le style de jeu du CA a été quelque peu dénaturé et même faussé ces dernières années. Le CA ne séduit plus et ne convainc plus. De tous temps, indépendamment de l'enjeu, le CA a toujours été une équipe de choc et de charme. Or, depuis quelques années, sa réputation a été largement entamée. On ne forme plus de joueurs de la trempe des grands et l'on se limite à recruter des roues de secours, des seconds couteaux. Et avec le temps, cela a affecté une équipe qui s'est enfoncée dans la crise et dans les abîmes. En clair, depuis quelque temps, le club de Bab Jedid ne joue plus dans la cour des grands. Or, quand on veut tenir son rang, même si l'on ne dispose pas d'un effectif pléthorique et à fort potentiel, il faut tout de même disposer en amont de joueurs de caractère et impliqués quand il faut en découdre pour la suprématie. En clair, l'implication est le facteur clé de la réussite. Aujourd'hui cependant, je note qu'en marge de la fin de saison passée, l'équipe a de l'allure. Bref, elle n'est plus à la rue comme auparavant quand les tauliers surtout cristallisaient les critiques, enchaînant les méformes et même les sorties de route ! Comme aperçu depuis peu, en fin de saison passée et lors des sorties amicales de cette avant-saison, le onze clubiste progresse dans le jeu, mais il a encore quelques lacunes et beaucoup de choses à améliorer au niveau de l'endurance, de la fluidité dans le jeu et des automatismes qui doivent être naturels et intégrés. A ce niveau, on n'a plus le droit de se disperser avec des joueurs de champ qui ont plus de mal à se trouver et des relayeurs à moyenne production sur le terrain. Là, une grande part de responsabilité incombe aux tauliers qui ont un devoir d'exigence en l'état. En clair, les cadres ne peuvent plus se permettre d'afficher un niveau en-dessous de leur standard car le CA ne peut pas globalement s'appuyer sur des remplaçants et des doublures. Aujourd'hui, Montassar Louhichi a beau enchaîner les rotations dans son groupe. Sauf que pour tenir un onze cohérent, il doit tout d'abord s'appuyer sur un effectif aussi qualitatif que quantitatif. Là, on en saura davantage sur la valeur collective du groupe dès les trois coups. Mais je pense que l'équipe peut tenir la route, surtout avec les dernières emplettes réalisées. Certes, certaines recrues se sont avérées onéreuses, mais ça peut s'avérer payant à terme. Il faut comprendre par là que les Nader Ghandri, Ali Amri, Abdennour Belhocini, Amado Sabo et Larry Azouni sont assez rodés et expérimentés pour apporter leur pierre à l'édifice». «Besoin de bon sens et de quiétude» «Maintenant, la valeur du groupe ne vous garantit pas toujours la réussite. Il y a d'autres paramètres à intégrer en rapport avec la cohésion, l'alchimie et la solidarité surtout. Cela peut transporter une équipe. Quand l'ambiance est au beau fixe, l'équipe ne peut que se transcender. Et actuellement, qu'il semble loin le temps ou certains joueurs traduisaient sur le terrain les difficultés du CA, un géant qui n'arrivait pas à se renouveler. Au CA, on inculque certains préceptes dès nos premières classes et nos premiers pas, même au Parc A. Ne jamais démissionner, ne jamais capituler. Et cela doit se transmettre via une transition générationnelle qui doit s'effectuer naturellement. La notion de groupe doit être ancrée chez les joueurs et même tous les maillons du club. Voilà comment le CA doit avancer. Aujourd'hui, la réconciliation est intervenue dans un contexte d'union sacrée. Le projet semble fédérateur mais, attention, le public attend maintenant le déclic sur le terrain. Vous savez, le CA n'est pas un club ingérable. Il a juste besoin de quiétude et de bon sens en haut de la pyramide surtout. Certes, le football a évolué et le CA ne peut plus être dirigé comme une PME. Mais il est toujours utile de susciter l'intérêt de mécènes aux reins solides pour veiller aux destinées du club. Ce n'est pas une raison pour écarter les fins connaisseurs et les anciens joueurs du processus de transition. Il ne faut pas laisser les aînés sur le carreau et anticiper un changement qui ne serait pas tout à fait compatible avec une véritable politique sportive. Quand on veille aux destinées d'un club de cette trempe, on doit tout mettre en œuvre pour toucher au but, à commencer par rassembler autour du CA toutes les forces vives d'un club centenaire qui doit forcément renouer avec son lustre d'antan», a conclu notre invité.