Ses champs d'oliviers se distinguent par leur richesse variétale : « Chetoui », « Jerboui » et « Sayali », trois cultivars autochtones assemblés pour donner un goût fruité si particulier. Le festival de l'huile d'olive et des produits du terroir à Teboursouk, au gouvernorat de Beja à 100 km de la capitale, a pris fin sur une note positive : ce rendez-vous revêt, désormais, une dimension internationale. Cette 6e édition, tenue du 23 au 26 de ce mois, n'est, en fait, qu'un avant-goût d'un produit local dont la typicité est mondialement reconnue. L'olivier, cet arbre béni de tout temps, revêt, jusqu'à nos jours, une sacralité toute particulière qui en fait un symbole à la fois de paix et de pérennité. Sa vertu nutritive n'est plus à démontrer et sa valeur commerciale vaut son pesant d'or. Le festival demeure aussi une vitrine promotionnelle d'un secteur économiquement porteur. Une récolte pas assez bonne ! A Teboursouk, cette région antique, la campagne oléicole bat encore son plein. Mais la moisson ne s'annonce pas assez bonne. Du fait de la sécheresse et d'autres facteurs bioclimatiques, la production d'huile d'olive est estimée, cette année, à environ 500 tonnes, soit 40% de la moyenne annuelle locale, nous indique Anis Bettaher, président de l'Utap dans la région. Même à l'échelle nationale, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture, la récolte 2021- 2022 est jugée moyenne, avec plus ou moins 240 mille tonnes d'huile, soit une hausse de 100 mille tonnes par rapport à la saison dernière, fruit d'une récolte de près de 1,2 million de tonnes d'olives. Toutefois, le rendement ne peut guère satisfaire les oléiculteurs. Question de qualité peut-être ! Mais, les champs d'oliviers à Teboursouk se distinguent par leur richesse variétale ; « Chetoui », « Jerboui » et « Sayali », trois cultivars autochtones assemblés pour donner un goût fruité si particulier. Amer légèrement piquant, aux arômes romarin, tomate et d'artichaut, l'huile d'olive locale garde son label bio. D'ailleurs, son appellation d'origine à la fois contrôlée et protégée (AOC/AOP), déjà inscrite au registre de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) à Genève, lui a valu une valeur ajoutée. « On a beaucoup travaillé pour avoir cette qualité, aidés en cela par les ministères de l'Agriculture et de l'Industrie et des bailleurs de fonds », se félicite Abderrahmene Bettaher, gérant de l'une des 11 huileries que compte la région. Une zone agricole située à 600 m d'altitude du niveau de la mer dont la fertilité du sol et le climat particulièrement semi-aride sont considérés comme adaptés à une huile d'olive de haute qualité. Fin gourmet, l'homme sait séparer le bon grain de l'ivraie. L'AOC fait la différence Selon une analyse sensorielle, son huile d'olive extra-vierge assemblée (Chetoui, Jerboui, Sayali) présente une intensité d'attributs positifs d'une valeur alimentaire nutritive pour la santé. « Son taux d'acidité libre exprimée en acide oléique est hautement élevé, tandis que son acide palmitique se stabilise à des niveaux très inférieurs... », explique-t-il. Cette convergence des paramètres physicochimiques et organoleptiques font, selon lui, que l'huile d'olive de la région présente une qualité distinguée. « Cet or jaune qui nous rapporte beaucoup en termes de production et d'exportation. En 2019, on a exporté à Paris et Hong Kong près de 3 tonnes d'huile d'olive conditionnée, au moyen d'un bon procédé de mise en bouteille », révèle son frère Anis Bettaher, cette fois-ci en casquette d'associé à la société Bettaher. Ce dernier est aussi le maire de Teboursouk, élu pour ses vertus humaines, mais aussi pour ses convictions apolitiques. Cet homme aux trois casquettes, témoignent certains de ses concitoyens, semble avoir l'art et la manière de gérer les affaires communales. L'AOC, dont se démarque l'huile d'olive de Teboursouk, est de nature à lui préserver une certaine part de marché censée améliorer sa compétitivité et promouvoir son exportation à l'étranger. « Cette année, nous sommes en train de négocier avec des clients français et étrangers », précise-t-il, affirmant que son produit emballé et mis en bouteille se vend à l'extérieur à un prix trois fois élevé que celui du marché local. Du producteur au consommateur, l'on achète le litre à 11 dinars. Et les points de vente sont multiples. Somme toute, l'AOC fait la différence. Cette appellation doit obéir aux règles d'authenticité et de traçabilité. Selon le ministère de tutelle, il s'agit, entre autres, d'une nouvelle incitation permettant de donner à l'huile d'olive produite et conditionnée en Tunisie une plus-value ajoutée. Tout en valorisant la qualité et augmentant l'exportation en mode conditionné.