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«La coopération entre les deux pays est relativement satisfaisante»
Entretien avec Mme Zohra Ladgham, Ambassadrice de Tunisie à Malte
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 03 - 2016

Le hasard fait bien les rencontres. C'est à l'occasion d'une enquête que nous avons été mises en contact. On devait prendre Malte comme exemple concernant le tourisme alternatif. Mais notre ambassadrice accréditée auprès
de la République de Malte depuis le 4 décembre 2014 avait beaucoup de choses à nous apprendre à propos des relations bilatérales entre la Tunisie et cet Etat insulaire d'Europe, situé au milieu de la Méditerranée. Entretien.
Comment sont les relations entre la Tunisie et Malte?
Elles sont basées sur la proximité et le voisinage. On est en Méditerranée, et la communauté maltaise a toujours existé en Tunisie et vécu en parfaite harmonie au sein de notre société. Nos relations bilatérales officielles datent de 1967, essentiellement dans les secteurs de l'économie, le commerce, l'éducation, la culture, la sécurité et la défense maritime. En matière universitaire, la République de Malte accorde deux bourses d'études en troisième cycle, notamment pour un cursus universitaire en droit international humanitaire et linguistique. Compte tenu du fait que Malte est réputée pour le bon enseignement de la langue anglaise au sein d'écoles et instituts spécialisés, des lycéens et des étudiants tunisiens y viennent en permanence, pour suivre des cours d'apprentissage et de perfectionnement linguistique.
Comment qualifiez-vous la coopération bilatérale actuelle?
On peut qualifier la coopération globale entre la Tunisie et Malte de relativement satisfaisante. La consolidation de l'état actuel de la coopération est importante, mais la diversification des actions communes aux intérêts convergents revêt plus de perspectives. Ce que je relève à travers toutes mes rencontres officielles avec les plus hautes autorités politiques maltaises, depuis ma prise de fonctions auprès de la République de Malte, c'est le fait que ce pays se distingue du reste des pays européens par un soutien politique fort, vis-à-vis du processus démocratique en Tunisie, aussi bien au niveau bilatéral qu'au sein de l'Union européenne.
Depuis la présidentielle de 2014, ces mêmes personnalités politiques observent la situation politique, économique et sociale de la Tunisie, avec une bienveillance particulière, extrêmement positive et encourageante et font montre d'une conscience aiguë des défis sécuritaires, économiques et sociaux auxquels la Tunisie est confrontée. Lors des évènements du Bardo et de Sousse, mes vis-à-vis politiques ont été très affectés par l'ampleur du drame et par son incidence sur le secteur touristique en Tunisie et sur l'économie. Ils ont fait preuve d'une grande solidarité à l'égard de l'Etat et du peuple tunisiens.
Quant à la résistance héroïque et la victoire de notre armée et de notre garde nationale sur les attaques terroristes à Ben Guerdane, ils ont fait montre d'admiration et rendu hommage à nos compatriotes civils et militaires.
Qu'en est-il de l'investissement des Maltais en Tunisie?
Il existe une dizaine d'entreprises maltaises en Tunisie qui ont poursuivi leurs activités après la révolution. Le président-directeur général de la société Bortex, spécialisée dans le textile, de renommée européenne et qui dispose d'une succursale en Tunisie, m'a affirmé qu'en dehors de quelques grèves, la production n'a pas été interrompue et que le climat sécuritaire est rassurant.
Je souligne le fait que certains investisseurs maltais installés en Libye projettent de se redéployer sur la Tunisie, dans certains champs d'activités, tels que le tourisme, l'hôtellerie et les équipements en matière de sécurité.
Et comment cela se passe au niveau commercial?
Les relations de l'ambassade avec la chambre de commerce maltaise (ce qui correspond à l'Utica en Tunisie) sont excellentes, à telle enseigne qu'un conseil économique couvrant l'Afrique du Nord a été créé au sein de la chambre, en mars 2015. Des journées commerciales de rencontres et de prospection, autour des opportunités d'échanges et d'affaires, ont lieu périodiquement, entre chefs d'entreprise des deux pays, notamment entre des femmes tunisiennes de la chambre de commerce de Monastir et des femmes chefs d'entreprise maltaises.
Quel est le champ d'action de ces femmes chefs d'entreprise tunisiennes?
Ces femmes sont dans l'hôtellerie, les produits artisanaux, le consulting et l'enseignement des langues.
Y a-t-il, également, un programme d'échange culturel tuniso- maltais?
Une troupe tunisienne de malouf se produira à La Valette en ce mois de mars 2016, et un projet de documentaire sera réalisé par un jeune Tunisien sur l'influence linguistique et culturelle à travers l'architecture. D'autres projets sont en cours.
Nous croyons savoir qu'entre les deux pays, il existe une collaboration en matière de sauvetage maritime. Où en est-on?
Nous avons une étroite collaboration en matière de sauvetage maritime à travers des stages réguliers de formation et de perfectionnement d'officiers de la Marine nationale.
Quel autre type de relation entretient-on avec Malte?
Le volet multilatéral. Malte abrite fréquemment des conférences internationales, entre autres, la Conférence internationale sur la migration, qui a eu lieu en novembre 2015, et à laquelle a participé le chef du gouvernement tunisien, accompagné d'une délégation officielle.
Quel effet cela vous fait d'être une femme ambassadrice dans un pays gouverné par une femme?
Je dois vous avouer que j'en suis heureuse, d'autant plus que j'estime que la présence des femmes au niveau exécutif à l'échelle planétaire est faible, malgré leurs hautes compétences et leurs droits légitimes à la gouvernance. Ma nomination auprès d'un pays gouverné par une femme me sied tout à fait et correspond parfaitement au respect profond que je ressens et à l'hommage quotidien que je rends à l'égard des femmes dans le monde entier et, en particulier, envers mes concitoyennes pour leur courage, leur réussite brillante dans tous les domaines sociaux et économiques et leur comportement civique et politique d'avant-garde. Je porte avec bonheur et fierté l'honneur de les représenter. Je dois témoigner également que la présidente de Malte, Mme Marie Louise Coleiro Preca, est une grande dame politique, une militante intègre et chevronnée, du parti «Labour party» et qui jouit d'un respect considérable, au sein de son propre parti, du parti adverse le « National Party», de la société civile maltaise et de son peuple.


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