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Avis très partagés autour de l'Aleca
Un nouveau round des Accords de libre-échange avec l'Europe
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 03 - 2016

Jamais les Européens ne feront passer les intérêts des agriculteurs tunisiens avant ceux des Européens, s'il y a conflit d'intérêts sur les produits agricoles, au grand jamais
La Tunisie est un partenaire privilégié de l'Union européenne. Tous les documents et protocoles d'accord l'attestent. Si l'on passait en revue l'historique des protocoles établis entre la Tunisie et l'Union européenne, le premier accord de coopération commerciale date de 1969. Depuis, la Tunisie a été le premier pays de la rive sud à avoir signé avec l'UE un accord d'association en 1995.
La Tunisie est également, depuis janvier 2008, en zone de libre-échange avec l'Union européenne pour les produits industriels. Date marquante, c'est le 19 novembre 2012 que le Conseil d'association a approuvé l'accession de la Tunisie au statut de partenaire privilégié.
Pour l'heure, cette coopération vit un tournant décisif. Après le lancement officiel des négociations en vue d'un Accord de libre-échange complet et approfondi, connu sous l'acronyme Aleca, entre l'Union européenne et la Tunisie le 13 octobre 2015 et représentée par Cecilia Malmström, commissaire responsable pour le commerce, un round préliminaire de négociations s'est tenu du 19 au 22 octobre 2015 à Tunis.
Le prochain tour est prévu la troisième semaine du mois d'avril, vers le 18. Avec du côté tunisien, celui qu'on appelle le Négociateur, M. Riadh Mosbah, conseiller économique auprès de la présidence du gouvernement de sa fonction, et chargé de mener à bon port — c'est le cas de le dire— ces négociations déjà fort controversées.
Tenir compte de la réalité tunisienne
Du côté européen, les textes portant sur l'ouverture des négociations en vue d'un accord de libre-échange UE-Tunisie ont été adoptés dernièrement par le Parlement européen, sous la forme d'une résolution datée du 25 février 2016, sous la référence (2015/2791(RSP) qui stipule entre autres que « l'Union européenne doit poursuivre et intensifier son aide à la Tunisie et lui fournir une assistance financière et technique adéquate et appropriée au cours des négociations » sachant, font valoir les auteurs du texte, que « l'économie tunisienne fait face à d'importantes difficultés, que le taux de croissance du PIB était de 2,3 % en 2014, que le taux de chômage en 2015 s'élève à 15 % dans la population active, que 28,6 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont sans emploi et que le chômage chez les jeunes tunisiens est en progression » et notamment « qu'il existe un déséquilibre démographique et économique évident entre l'Union européenne et la Tunisie, et qu'il justifie une stratégie asymétrique et progressive dans les négociations ».
Le texte fait valoir également la spécificité du modèle tunisien dans le processus de transition démocratique, puisque « le pays a choisi un modèle politique et de développement économique unique parmi les pays de la rive sud de la Méditerranée». A ce titre, il est requis des négociateurs européens de « prendre toutes les mesures possibles pour soutenir la Tunisie dans sa transition démocratique vers une société stable et pluraliste ». Et, relèvent les auteurs, la Tunisie souffre d'un environnement régional instable, « notamment en raison du conflit en Libye et des violences ponctuelles en Algérie, deux pays frontaliers ». Il est mentionné dans la note que la Tunisie a accueilli plus de 1,8 million de réfugiés libyens, et que, détail de taille, ce nombre correspond à pas moins de 16 % de la population.
Les Tunisiens inquiets
Les négociateurs de l'Union sont priés de faire en sorte de conclure un accord progressif et asymétrique, c'est-à-dire au bénéfice d'abord de la Tunisie et en tenant compte des fortes disparités économiques entre les deux parties et gardant à l'esprit que cet accord « doit se faire d'abord au bénéfice de l'économie et des sociétés tunisiennes et européennes ». Remarquons que la société tunisienne est citée en premier.
Malgré ces propos très rassurants, malgré les multiples appels aux négociateurs européens pour faire preuve de « sagesse » et discernement quant au contexte tunisien, certains Tunisiens restent très inquiets. Ce serait l'imminence de la relance des négociations qui a fait réagir le député Riadh Jaidane, élu sur la circonscription de France 2.
Dans une missive adressée au chef du gouvernement et au cours d'une conférence de presse donnée à l'intérieur de l'Assemblée mercredi dernier, l'élu des Tunisiens à l'étranger a appelé à la suspension des accords de l'Aleca, en s'interrogeant sur l'existence ou non d'une étude d'évaluation des accords antérieurs de 1995, et fustigeant au passage le manque de vision du gouvernement tunisien et une impréparation pour entamer de nouveaux accords.
A ce titre, notons que l'Aleca couvre bien des domaines comme la défense commerciale, la transparence, le commerce et le développement durable, les marchés publics, la douane et la facilitation des échanges et, bien entendu, les produits agricoles.
Créer un label Tunisie
Les avis sont partagés autour de l'Aleca, un importateur de produits agricoles qui seront subventionnés sera évidemment pour. L'expert sollicité par La Presse, qui a requis l'anonymat, n'y est pas, lui, favorable et explique les raisons de sa position. « Si l'on écoutait les organisations professionnelles et les représentants des pêcheurs et des agriculteurs, certains seraient contre d'office. Ce sont des positions protectionnistes et conservatrices tout à fait attendues. Mais le problème, ajoute-t-il, jamais les Européens ne feront passer les intérêts des agriculteurs tunisiens avant ceux des Européens, s'il y a conflit d'intérêts sur les produits agricoles, au grand jamais. Pourquoi les Français et les Allemands subventionnent leurs agriculteurs, s'interroge-t-il, et pourquoi toute l'Europe subventionne le secteur agricole ? Parce que ce qu'on ne dit pas, les décideurs font tout pour retenir le monde rural chez lui, il faut que les agriculteurs restent chez eux à la campagne. C'est un enjeu économique et surtout éminemment politique. Si en Tunisie, cette politique avait été adoptée, le pays se serait mieux portée, il y aurait eu moins d'exode rural et moins de ceintures de pauvreté autour des villes et de la capitale ».
« L'agriculture est un secteur qui progresse sur des niveaux multiples, analyse-t-il encore, les petits agriculteurs et les petites exploitations familiales. C'est là que réside la pauvreté et d'où part l'exode rural. Résultat, aujourd'hui en Tunisie, il n'y a plus de main-d'œuvre agricole, et à chaque saison de la cueillette des olives, le problème se pose. Au niveau des grandes exploitations, les problèmes sont différents. Par ailleurs, la Tunisie a besoin de mettre à niveau rien que dans le domaine agricole, la matière première, les semences, la production, la transformation des produits, la création de filières, l'exportation de ces produits. Il faut des techniques et des stratégies. Et il faut créer un label Tunisie ».
« L'Union européenne n'est pas en train d'apporter une aide soutenue à la Tunisie à ces niveaux-là. Ce qu'elle fait, comme permettre à l'huile d'olive tunisienne une plus grande pénétration des marchés européens, ce n'est rien par rapport à ses moyens, « c'est de l'argent de poche ». Par conséquent, et en l'état actuel des choses, si nous nous mettions en libre concurrence avec l'Europe, ce sont les petites exploitations qui vont le payer très cher. Il y aura une deuxième vague d'exode rural, c'est une bombe pour la Tunisie».
« A mon avis, insiste l'expert, le pays n'est pas prêt pour un Aleca, même pas dans le domaine de l'industrie. Que peut vendre la Tunisie à l'Europe ? En revanche, ces accords auraient pu avoir une valeur ajoutée au niveau de la compétitivité économique, puisque théoriquement, un industriel turc ou un homme d'affaires Saoudien, et à la faveur des ces accords, peut bénéficier d'une exonération de droit de douane. Mais ni le Turc ni le Saoudien ne viendront investir en Tunisie, parce qu'il y a le terrorisme et une pression syndicale très forte et largement dissuasive. Ce qu'on ne dit qu'à demi-mot, les Tunisiens eux-mêmes ont délocalisé leurs affaires. L'année dernière, de très gros investisseurs sont partis vers d'autres cieux», conclut non sans amertume l'expert.
Voilà une part de vérité et non pas toute, il est vrai que présenté sous cet angle, l'Aleca, au lieu d'aider la Tunisie, risque fort de lui faire du tort.


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