Sur le tarmac, les avions s'alignent à perte de vue. Pas de doute la petite low cost de Dubaï avec ses hôtesses en mini-jupes est devenue un world player. Dans l'avion, 90% d'Iraniennes, la moitié chargée de paquets de grandes marques et l'autre moitié arborent fièrement un pansement sur le nez, venues faire de la chirurgie esthétique à Dubaï. Après un court vol, en descendant à Ispahan, on ne peut s'empêcher de penser au très beau poème de Leconte de Lisle «Les roses d'Ispahan». Poème merveilleusement mis en musique par Gabriel Fauré qui le plaça au firmament de la chanson classique française. Ici, l'histoire dans sa dimension la plus grande, la plus universelle, vient à votre rencontre. Nous sommes immédiatement plongés dans le clash des civilisations et le choc des empires. Hérodote, dans son livre disait que si les dieux avaient été favorables aux perses lors de la bataille de Thermopyles contre les Grecs, alors l'Europe aurait définitivement été orientalisée. Cela veut dire que l'Europe telle que nous la connaissons, avec sa culture gréco-romaine, n'aurait jamais existé. C'est là aussi un des berceaux des religions, de nombreuses y virent le jour et disparurent. Plusieurs chapitres de l'Avesta, le livre du zoroastrisme, comportent une référence à un être suprême, unique, précurseur d'après les historiens du monothéisme, à une période où les juifs eux-mêmes étaient encore polythéistes. Le fait est que toutes les écritures saintes des juifs datent d'après l'exode en Perse, lorsqu'ils furent emmenés en otages par Nabuchodonosor. A l'hôtel Abassi, à l'origine un authentique caravansérail, les délégations d'hommes d'affaires chinois succèdent aux Espagnols qui succèdent aux Allemands qui succèdent aux Irlandais qui... Les touristes ne sont pas en reste, eux aussi sont nombreux et le flot des groupes est ininterrompu. Les Iraniens sourient aux étrangers et veulent prendre des photos avec eux. Ils parlent facilement l'anglais mais leur culture est essentiellement perse. Ils n'hésitent pas à parler de leurs problèmes et il semble que le régime islamique a beaucoup perdu de sa popularité, car les mollahs ont montré toutes sortes d'excès. Les mollahs essaient maintenant de retrouver une certaine popularité et pour cela ils prennent conseil auprès des firmes internationales de consulting. Pas de doute l'Iran is back in business et le potentiel est illimité. Un immense marché s'ouvre qui probablement changera la face de tout le Moyen-Orient.