L'augmentation des prix du pétrole brut ont un impact direct sur les produits pétroliers. La facture énergétique, déjà lourde, pourrait l'être davantage. Les ménages, les industriels et le gouvernement verraient ainsi leurs charges augmenter considérablement, surtout que la loi de finances tablait sur un prix du baril à 75 dollars. Pour les entreprises, ce sont les coûts unitaires de leur production qui subiront une augmentation qui se traduira évidemments par une hausse des prix à la consommation. «Dès que nous avons mis les pieds dans l'avion militaire, on nous a dit bienvenue en Tunisie», témoigne l'un des Tunisiens exfiltrés d'Ukraine à bord d'un avion militaire. Une phrase qui résume le soulagement des Tunisiens qui avaient dû subir, tout comme les Ukrainiens, les bombardements incessants de l'armée russe, la peur au ventre. Hier, un Boeing A330 de la compagnie nationale Tunisair a atterri sur le tarmac de l'aéroport de Tunis-Carthage, avec à son bord l'essentiel de la diaspora tunisienne qui a exprimé son désir d'être évacuée. Soulagées, les mères inquiètes qui avaient passé des nuits blanches peuvent enfin serrer leurs enfants dans leurs bras. Décidément, la guerre qui se déroule à plus de 4.000 kilomètres de chez nous, aura un impact sur notre quotidien. C'est l'effet papillon théorisé par le scientifique américain Edward Lorenz. Selon un sondage d'Emrhod Consulting, commandé par Business News et Attessia et dévoilé mardi, 78% des Tunisiens sont convaincus que l'invasion de l'Ukraine par les forces russes aura forcément un impact négatif sur l'économie tunisienne. Un constat populaire proche de la réalité. En effet, si la guerre se prolonge, et si d'autres forces se mêlent au conflit, l'économie tunisienne, tout comme l'économie mondiale, en pâtira. A 113 dollars, jamais le prix du baril de pétrole n'a été aussi élevé depuis 2014. Une hausse que les Tunisiens sentiront non seulement dans leur portefeuille au moment de faire le plein de carburant, mais qui aura sans aucun doute un impact, dans les semaines à venir, sur le niveau général des prix. Si en Algérie, à titre d'exemple, la hausse des prix des produits importés, notamment le blé, sera compensée par l'augmentation des revenus des exportations des hydrocarbures, ce ne sera évidemment pas le cas pour la Tunisie. En effet, avec une économie déjà en berne, la croissance risque encore de ralentir et l'inflation maîtrisée depuis quelques mois risque de reprendre de plus belle. L'augmentation des prix du pétrole brut a un impact direct sur les produits pétroliers. La facture énergétique, déjà lourde, pourrait l'être davantage. Les ménages, les industriels et le gouvernement verraient ainsi leurs charges augmenter considérablement, surtout que la loi de finances tablait sur un prix du baril à 75 dollars. Pour les entreprises, ce sont les coûts unitaires de leur production qui subiront une augmentation. Cette augmentation, évidemment, se traduira par une hausse des prix à la consommation. Encore une fois, si le conflit russo-ukrainien dure trop longtemps, la demande diminuera fortement et engendrera inexorablement une baisse de la croissance. Dans le cas de la Tunisie, le risque est important, vu que la croissance est déjà insuffisante. «Il est vrai que cette hausse des prix est subie par l'ensemble du monde. Cependant, j'ai un petit regret, note Rim Saidia, journaliste spécialiste des questions économiques. Au-delà du conflit et de ses répercussions, les prévisions mondiales prévoyaient depuis plusieurs semaines une augmentation des prix du pétrole, mais du côté tunisien, il y avait comme de l'attentisme, aucune mesure n'a été prise pour amortir l'impact de la flambée des prix du pétrole». L'économie mondiale qui espérait renouer avec la croissance après plus de deux ans de morosité liée la pandémie de Covid-19, devra encore patienter, si jamais le conflit se prolonge dans le temps ou s'étend géographiquement.