Peut-on établir avec certitude la vérité des violences à partir de certaines séquences TV ? Un à un, les joueurs incriminés dans des actes de violence et d'échange de coups dans la rixe, qui a suivi le derby tunisois de dimanche dernier sont convoqués devant la commission de discipline de la Ligue nationale de football professionnel. Les instances «épluchent» les images télé dont elles disposent et les visionnent avec le plus grand soin. On peut mesurer toute la difficulté de la tâche et les risques qu'elle comporte car cette matière ne peut pas être ni exhaustive ni objective. On focalise sur tel acte aux dépens de tel autre qui passe inaperçu, certains «boxeurs» du dimanche échappant entre les mailles du filet. Cela explique sans doute pourquoi l'attaquant du Club Africain, Sabeur Khelifa, a été convoqué sur le tard, c'est-à-dire quelques jours après le quintette Hedhli, Ayadi, Meniaoui, Ben Chérifia et Chaâlali. La chasse aux fauteurs de troubles se révèle du reste d'autant plus délicate et contestée qu'il arrive qu'une chaîne TV disposant de séquences inédites refuse, pour une raison ou une autre, de livrer un CD d'enregistrement de ces images qu'elle est la seule à pouvoir proposer. Voilà pourquoi le recours aux images TV fera toujours des mécontents car il ne peut qu'être incomplet et lacunaire, témoignant d'une partie des faits incriminés, dans le cas de circonstance, la bagarre générale post-derby. Une troisième mi-temps à laquelle semble s'habituer le foot tunisien. Ambiance de guérilla Tout le monde se rappelle encore d'une autre troisième mi-temps à la postérité, celle ayant suivi la finale de la Coupe de Tunisie Etoile Sportive du Sahel-Club Sportif Sfaxien. Une véritable hécatombe disciplinaire s'ensuivit, plus d'une dizaine de joueurs ayant été sérieusement impliqués dans la purge opérée par les instances. Les fans de ces deux clubs appellent aujourd'hui à ce qu'il n'y ait pas deux poids deux mesures. On peut d'ailleurs raisonnablement se demander si le fameux code disciplinaire assure véritablement son rôle de garde-fou et d'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de tous ceux tentés par une quelconque entorse à l'éthique sportive. La bagarre du derby n'est peut-être rien par rapport au dernier match de Ligue 3 entre Tozeur et l'Oceano Club de Kerkennah. Les présents racontent une ambiance de guérilla, un enfer, notamment à partir du moment où l'arbitre Mohamed Amine Ben Naceur siffla un penalty en faveur des locaux avant de se raviser et d'annuler cette décision après s'être concerté avec son assistant. Touché par les projectiles, l'entraîneur insulaire dut même être transporté à l'hôpital. Le jet de pierres demeure une véritable plaie dans le foot national. Le joueur du CSSfaxien, Oussama Lahcini, l'entraîneur du Club Africain, Nabil Kouki, et un arbitre assistant du match OSB-EST en firent les frais. En Algérie, une grosse pierre avait abattu le joueur camerounais Ebossé. Cela n'arrive pas qu'aux autres. Dans nos stades, certaines pierres lancées par les supporters peuvent abattre un taureau. Faudrait-il attendre un drame pour tirer la sonnette d'alarme?