La blessure de l'arbitre assistant d'OSB-EST pose le délicat sujet de la sécurité des joueurs et arbitres dans nos stades. Encore une bourde de la commission des désignations au sein de la Direction nationale d'arbitrage qui n'a sans doute pas fait un choix heureux en désignant Mokhtar Dabbous pour l'affiche Olympique Sidi Bouzid-Espérance Sportive de Tunis. Une rencontre placée au départ sous le signe de l'amitié entre les deux clubs. Une amitié séculaire comme en témoigne le nombre d'anciens joueurs de l'EST qui portent actuellement la casaque verte et blanche du club du Centre-Ouest. Ou encore la transaction qui se préparait au mercato d'hiver en vertu de laquelle les joueurs Ali Ayari et Mondher Gasmi vont aller au Parc B contre trois joueurs prêtés par le club sang et or (a priori Abboud, Naghmouchi et Samti). Deux jours avant ce premier OSB-EST de l'histoire du championnat, le secrétaire général de Sidi Bouzid, Hedi Krimi, nous parlait du grand accueil que son club se préparait à réserver à ses hôtes. «L'EST nous a toujours soutenus, observait-il. Le président espérantiste Hamdi Meddeb nous a versé une aide de 100 mille dinars. Nous allons inviter la délégation de l'EST à un déjeuner avant la rencontre», nous a-t-il dit. Le précédent algérien Ce tableau idyllique, il n'en reste plus rien après la nouvelle défaite du sport, mercredi au stade 17-Décembre de Sidi Bouzid. Le nom du stade constitue déjà tout un symbole, celui du déclenchement de la Révolution des Libertés et de la Dignité dans les contrées du Centre-Ouest. Mercredi, on était donc la veille de la commémoration du 5e anniversaire. Fallait-il faire sentir au public local un quelconque sentiment de frustration, d'injustice ? Comment expliquer autrement la troisième mi-temps des violences enregistrées au stade et en dehors du stade ? Dabbous n'était pas en forme, cela se sentait déjà à ses premières décisions quand il ne signala pas l'intervention dangereuse de Coulibaly sur un joueur adverse (23'). Son arbitre assistant ajoutera à ces maladresses en signalant un hors jeu inexistant, alors que Ramzi filait droit vers les buts de Ben Cherifia (34'). Le bouquet, c'est le penalty inexistant qu'il décréta à la fin de la première période. De bonne foi ou non, en tout cas, cette série de décisions avait de quoi faire dégénérer les débats. Hier, Dabbous était convoqué devant la commission de suivi relevant de la direction nationale d'arbitrage. Le stade de Sidi Bouzid sera suspendu. Mais rien n'effacera jamais la piètre image qu'a donné le football tunisien dit de haut niveau. Et surtout, la peur d'un drame qui n'arrive pas qu'aux autres. L'autre fois, c'était un joueur du CSS (Oussama Lahcini, victime d'un traumatisme crânien) blessé à la tête en février 2014 au stade olympique de Gabès par une pierre. Mercredi, c'était l'arbitre assistant Aymen Ismail dont le «martyre» avait quelque chose de pathétique: rentré à plusieurs reprises au centre du terrain pour se plaindre auprès de l'arbitre central du danger réel que représente sa position au bord de la touche, sous la tribune au vu du déluge de pierres qui s'abattait, il s'est retrouvé chaque fois tenu de regagner «sa place du mort». Tout à côté, en Algérie, le drame était survenu en août 2014: le joueur camerounais de la Jeunesse Sportive de Kabylie, Albert Ebossé, est mort touché par une pierre. Depuis, la Fédération algérienne a musclé ses mesures de sécurité. Attendrait-on chez nous qu'un drame arrive avant de réagir ?