Les sanctions prononcées contre l'ESS et le CSS appellent certaines réflexions et beaucoup de réserve là où les instances avancent un souci d'exemplarité La commission de discipline et de fair-play présidée par Mohamed Gherib a voulu frapper pour l'exemple et provoquer cet effet dissuasif qui n'a jamais été évident, puisque les fauteurs de troubles n'y réfléchissent pas à deux fois avant de récidiver. Sévères ou non, les mesures prises traduisent peu ou prou l'impact produit par la bagarre générale qui a suivi la finale de la Coupe de Tunisie, Etoile Sportive du Sahel-Club Sportif Sfaxien (1-0). Deux ou trois minutes tout au plus de dérapage, de perte de tout contrôle et de nerfs qui ont lâché coûtent très cher aux auteurs de violence, qu'ils en soient les instigateurs ou simples participants. L'impact était fort s'agissant d'une finale de coupe jouée devant un aréopage de ministres et de personnalités et retransmise sur la chaîne nationale satellitaire. Un téléspectateur d'Europe, du Moyen-Orient ou d'ailleurs qui zappe et tombe par hasard sur une telle bataille rangée va être drôlement instruit sur les mœurs du foot tunisien. Il peut même croire que cela fait partie de ses traditions et de son folklore que d'assister à une troisième mi-temps de cette violence-là! L'amalgame et les raccourcis, cela arrive vite; la réputation de notre sport et, au-delà, de notre pays tout court en pâtit. C'est vrai que le moment et l'occasion étaient vraiment très mal choisis, si cela se peut et si un choix peut se faire au niveau de la bêtise la plus sordide. Procédure et alibis Au niveau de la procédure, on met tout ce retard pour rendre le verdict sur le compte des investigations et des pièces à rassembler et à verser au dossier : rapports des arbitres, des commissaires de match, des délégués, des autorités sécuritaires, images TV... L'alibi ne tient guère, tout cela pouvant se faire en 48 heures au maximum. A notre connaissance, il n'y a pas eu mort! Dans un premier temps, on envisage de confier l'enquête et le verdict à une commission ad-hoc. Avant de se raviser et de se rappeler qu'une commission de discipline et de fair-play peut faire l'affaire. Bombe à retardement Il n'en reste pas moins qu'il se sera passé 18 jours entre la date des faits (le 27 juin) et celle de l'annonce des sanctions (le 15 juillet). On ne peut pas dire que la fameuse commission de discipline et de fair-play se soit montrée d'une diligence et d'une promptitude exemplaires! Ces délais trahissent peut-être des tractations et des calculs interminables là où, pourtant, il ne peut y avoir aucun compromis possible. Le bureau fédéral, embarrassé par une telle bombe à retardement a, d'ailleurs, choisi de se dessaisir de ce dossier qui sentait le roussi et qui ne pouvait lui attirer que réactions hostiles, inimitiés et gros ennuis. En tout cas, les fédéraux ne pouvaient en aucune façon gagner au change. Rien, ni en crédit, ni en sympathie auprès des clubs, surtout dans une perspective électoraliste. Car il faut se rappeler qu'on a vu par le passé des comités fédéraux assumer pleinement leurs responsabilités et trancher. Il suffit d'appliquer les règlements à partir du code disciplinaire existant. Si jamais ce code-là ne répond pas aux besoins et paraît anachronique, il y a une assemblée générale extraordinaire pour amender les textes et les adapter. En attendant, on applique rigoureusement les règlements dans ces cas de figure et cela n'est point sorcier. L'ESS fait appel Maintenant, l'Etoile Sportive du Sahel entend interjeter appel de ces sanctions jugées sévères. Elle l'a annoncé avant-hier soir au cours d'une conférence de presse. Le Club Sportif Sfaxien suivrait également le pas. Il y a chez ces deux clubs comme un sentiment de frustration du fait que dans un passé pas très lointain, ce genre de bataille rangée n'est que rarement suivi par une application stricte des règlements. Cela ressemble à leurs yeux à une «purge» qui augure très mal de la prochaine saison, notamment à ses débuts. En effet, Marouène Tej a écopé 6 matches de suspension (geste obscène). Hamdi Naggaz, Ghazi Abderrazak, Aymen Trabelsi, Issam Jebali et Aleya Brigui (ESS) et Wassim Kammoun héritent de 4 matches de suspension. Quant à Ali Maâloul et Mohamed Hédi Gaâloul (CSS), ils sont suspendus 3 matches pour participation. Sans parler de la méga-suspension de 12 mois infligée au dirigeant du CSS, Hassène Chaâbane. Vite, qu'on en finisse avec ce dossier! Et que l'apaisement précède le début d'une saison 2014-2015 porteuse d'espoirs et en même temps de craintes.