Une commission ad hoc a été mise en place pour plancher sur une mission d'enquête relative au sort de 500 jeunes Tunisiens disparus, après avoir pris le large, clandestinement, jusqu'aux portes de l'Europe. Un conseil supérieur de la migration est de nature à favoriser la réflexion sur la réalité et les perspectives de ces disparus et des Tunisiens vivant à l'étranger C'était le premier à avoir plaidé, début 2012, pour un conseil supérieur de la migration. D'autres voix civiles l'ont suivi réagissant au drame de Lampedusa, en Italie, où ont échoué des milliers d'immigrés sinistrés. D'autres sont, jusqu'à ce jour, portés disparus dont pas moins de 500 Tunisiens. Etant, à l'époque, à la tête de l'Association des tunisiens à l'étranger (ATE), M. Béchir Said a beaucoup milité pour qu'une telle instance fédératrice voie le jour. Aujourd'hui, alors qu'un projet de loi y afférent est soumis à l'ARP, il revient à la charge, sous la bannière de «l'Orea», jeune organisation des entreprises arabes pour l'investissement et la coopération internationale dont il est le secrétaire général, il y a, à peine, trois mois. On se rappelle bien que cette affaire avait défrayé la chronique. Sans aucune suite, elle continue à couver sous la cendre. Encore sous le choc, les familles des disparus ont éprouvé beaucoup de difficultés et peiné à trouver réponse. Tous les gouvernements successifs post-révolution n'ont pas réussi à dénouer la crise et atténuer, un tant soit peu, le rythme d'intention. Face à leurs revendications légitimes, ces familles en détresse ont, à maintes reprises, manifesté à Tunis et observé de multiples sit-in de protestation, sur fond de colère et de dénonciation. De même, il y avait des appels d'urgence à nos services consulaires accrédités en Italie, afin qu'ils prennent les choses en main, mais en vain. Plus souvent, on leur fait la sourde oreille, comme si de rien n'était. Cette position passive à l'égard d'un tel dossier si humain n'a laissé personne indifférent. La question a gagné en ampleur, ce qui a poussé à une certaine mobilisation des coalitions civiles. L'ATE, le Ftdes, ses alliés et bien d'autres activistes ont du mal à faire entendre leur voix. C'est que la volonté politique n'existe pas pour pouvoir aboutir à des résultats. Et pourtant, rien n'y fait. Sauf qu'une commission ad hoc vient d'être mise en place, bien avant l'été dernier. Elle devait plancher sur une mission d'enquête et d'investigation sur le sort d'environ 500 jeunes tunisiens ayant clandestinement pris le large jusqu'aux portes de l'Europe. Plus précisément aux côtes de Lampedusa, cette île sentinelle sur laquelle se sont, ainsi, brisées les vagues de ces rêveurs, trop bercés d'illusions de l'eldorado. Que faire? Qu'en est-il du rôle de ladite commission? Jusqu'où ira sa responsabilité? A entendre les familles, encore livrées à elles-mêmes, souffrir le martyre, l'on sait, très bien, où on en est et où pourrait-on arriver. Mais, certains membres de la société civile semblent n'avoir pas cédé aux atermoiements du gouvernement. Leur souci est d'attirer l'attention sur l'importance d'accorder davantage d'intérêt à nos concitoyens établis à l'étranger. Et là où consiste l'essentiel des choses. Le S.G. de l'Orea, M. Said, voudrait en faire son cheval de bataille. Car, pour lui, cette diaspora représente, 10 % de la population tunisienne, soit plus d'un million de migrants dont la majorité réside dans des pays européens. Ambassadeurs de la Tunisie Au terme d'une récente rencontre avec certains d'entre eux, il a fait valoir leur apport considérable à l'œuvre de développement. Il les qualifie d'ambassadeurs de la Tunisie, les mieux habilités à bien vendre la bonne image du pays et en faire connaître les potentiels économiques et d'investissement. Selon lui, ils contribuent à hauteur de 2.200 milliards de dinars, en termes de réserve en devises. Pour toutes ces raisons, insiste-t-il, l'accélération de l'adoption du projet de loi portant création du conseil supérieur de la migration est de nature à leur consacrer le privilège d'action et de réflexion sur leur devenir, réalités et perspectives. D'autant qu'ils demeurent parties prenantes dans l'élaboration des politiques de gestion migratoire. Et l'Orea comme une force de pression, renchérit-il, s'emploie à jeter les bases d'une telle participation citoyenne. L'engagement moral de nos compétences ouvrières fait que le prochain conseil sera, pour elles, un forum d'échange d'idées, de décisions, mais aussi une courroie de transmission d'initiatives d'entrepreneuriat, de savoir et de technologie de et vers la Tunisie. Ainsi se pose l'enjeu majeur de la migration dans la diversité des choix. D'ailleurs, asseoir pareille structure qui soit chargée des générations de la migration est plus qu'un impératif, avec pour but d'être à leur écoute et mieux répondre à leurs attentes et aspirations. A la question des disparus, on aurait pu éviter toute cette perte de temps, s'il y avait, en quelque sorte, un certain mécanisme institutionnalisé. «Toucher aux intérêts des émigrés est une ligne rouge», évoque-t-il, soulignant que son organisation fera de son mieux pour que l'idée d'un conseil fasse bien son chemin.