Lors du concert qu'il a donné samedi dernier aux jardins du Palais Kheireddine, à l'occasion de la 28e édition du festival de la Médina de Tunis, Deniz Gül a fait vibrer, grâce à sa voix suave, le public certes peu nombreux, mais qui n'a visiblement pas regretté le déplacement. Accompagné d'un orchestre aussi sobre qu'efficace avec ses trois instrumentistes entre violoniste, percussionniste (darbuka) et un joueur de synthé (synthétiseur), le chanteur turc a fait voyager son «auditoire» en proposant un large éventail de mélodies traditionnelles et contemporaines, pour la plupart des romances poétiques dédiées à l'amour et à la quête du bonheur. Les chansons fleurent bon les diverses influences et composantes aussi riches que variées de la musique traditionnelle turco-ottomane (Balkans, Caucase, Proche-Orient et autres anciennes contrées de l'empire ottoman). En fait, rien de cette musique, malgré les divers mélanges, ne nous est étranger — histoire commune oblige —, rien d'étonnant donc de voir les spectateurs apprécier et goûter cette saveur orientale imprégnant les chansons turques d'hier et d'aujourd'hui interprétées par Gül, dont certaines tirées de son premier album Bekledim. Entre musique douce et rythmée, le concert s'est égrené, toujours ponctué d'applaudissements, et l'on comprend que certaines spectatrices, emportées par la cadence, n'aient pas hésité à danser, à la grande satisfaction du chanteur. cette ambiance chaleureuse générant une belle communion a incité l'artiste à satisfaire toutes les demandes (eh oui !) du public, telle celle d'une spectatrice ayant sollicité une chanson traditionnelle très ancienne et très connue. Visiblement fière de ses origines turques, cette dame prénommée Amel et qui n'est autre que la fille du grand homme de théâtre, feu Mohamed Abdelaziz Agrebi, a vraiment communié avec l'artiste dans l'interprétation de cet air populaire aux rythmes d'influence anatolienne intitulé Bil ilk bahar sabahe (Par un beau matin de printemps). Deniz Gül n'a pas triché et s'est donnée à fond, en chantant avec ce supplément d'âme si nécessaire dans l'art, et ce, malgré la présence très réduite du public. Normal donc qu'à la fin du concert plusieurs parmi le public aient tenu à le remercier vivement pour le beau voyage musical qu'il leur a offert. Les présents n'ont ainsi nullement regretté le déplacement, et les absents ont eu tort. Mais, il est vrai que le public, sollicité de toutes parts par nombre de spectacles et de festivals, sans compter les dépenses spécifiques au mois saint, ne sait plus «où donner de la bourse». De ce fait, les organisateurs de toutes ces manifestations culturelles ramadanesques devraient revoir les prix des billets à la baisse. Voilà qui boostera la fréquentation et permettra au plus grand nombre d'en profiter, et aux artistes de ne pas se produire devant des chaises vides et un public réduit.