L'autre dimanche, malgré une journée pluvieuse, toutes les associations de lutte contre le cancer se sont retrouvées sur les Berges du Lac, pour se donner la main et rejoindre toutes les femmes que frappe le cancer du sein, ainsi que leurs familles et toutes celles que ce fléau aux évolutions tentaculaires risque de menacer dans les mois ou les années qui viennent. Pourtant, il s'agit du cancer le plus à notre portée, qu'on peut aisément éviter, en tout cas combattre avec de fortes chances de succès. Avec l'aide de Dieu. Appelées à cette matinée de sensibilisation, elles étaient quatre expressions de la société civile : l'Association tunisienne contre le cancer, l'Association tunisienne d'assistance aux malades du cancer du sein, l'Association de recherche et d'information sur le cancer et l'Association Dar El Amal. Le cancer du sein est, dans le monde comme en Tunisie, le premier cancer chez la femme. Chaque année, il en atteint un million dans le monde et deux mille en Tunisie. Pour bien mesurer l'ampleur du fléau, il faut savoir que toutes les 4 heures, une Tunisienne est atteinte. Le rassemblement a vu la distribution de dépliants instructifs, et une marche de sensibilisation suivie d'un lâcher de ballons roses, couleur du logo de la lutte contre le cancer du sein. Portant des tee-shirts arborant le sigle anti-cancer du sein et agitant des ballons roses, couleur de l'espoir, les participants ont emprunté la promenade côtière des Berges du Lac pour une marche symbolique qu'a écourtée une pluie qui s'est faite de plus en plus forte. Un appel original pour contribuer à instaurer une culture de prévention qui consiste, indique Dr Fathi Khomsi, de l'Atmcs, «à procéder à l'autopalpation et à recourir à une mammographie de dépistage, pour toute femme dont l'âge dépasse 30 ans, l'autopalpation devant s'effectuer à chaque 4e jour des règles». En Tunisie, nous fait savoir Dr Khomsi, le nombre des malades atteintes d'un cancer du sein est en hausse avec un taux de 27,8%, sachant que 11% des malades ont moins de 35 ans. Le diagnostic est relativement tardif dans la majorité des cas, avec des tumeurs assez volumineuses et un pourcentage élevé d'extension métastatique. Or, la survie est fortement associée au stade où se trouve la tumeur au moment du diagnostic. Une spécialiste en cancérologie médicale (traitement par chimiothérapie) nous a cité quelques facteurs de risque possibles, tels que les antécédents familiaux de cancer du sein, une exposition prolongée aux hormones œstrogènes, surtout après la ménopause. «Ces facteurs peuvent, explique-t-elle, faire apparaître un cancer du sein. Mais il n'y a pas de moyens préventifs pour ce type de maladie». Les participants ont été unanimes à déclarer leur engagement à apporter leur appui aux malades et à leurs proches pour les aider à dépasser le cap de la maladie, qui exige un soutien psychologique sans faille, beaucoup de patience et une longue haleine. Et «cette assistance multifactorielle est l'apanage des associations de lutte contre ce fléau» souligne une membre de l'Atcc qui ajoute : «Personne n'est à l'abri et personne n'a une assurance sur soi. Nous sommes tous égaux devant la maladie». La solidarité, l'entraide morale, la sensibilisation et l'information ont constitué les pièces maîtresses de cette manifestation humanitaire qu'a accueillie l'esplanade de Miami et la promenade du bord du lac. Une manifestation multiforme qui s'inscrit dans le cadre de la proclamation de l'année 2010, année de lutte contre le cancer. Le lâcher de mille ballons dans le ciel de Tunis, geste de ralliement hautement symbolique, a marqué la fin de cette généreuse manifestation de solidarité. Le ciel brillait de mille petits points roses traînant, comme de minuscules cerfs-volants, de petits cartons portant autant de prénoms de femmes qu'il s'agit de sauver, de sensibiliser ou de secourir.