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‘'Le jasmin noir'' marquera-t-il la naissance de la Doris Lessing tunisienne ?
Lu pour vous
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 05 - 2016

Wafa Ghorbel se révèle singulièrement dominée par ses propres états d'âme dans ce premier roman (qui vient de remporter le prix Comar « découverte littéraire 2016 ») où elle distille les contradictions fondatrices de la féminité, s'efforçant de tout concilier avec une étonnante conviction qui nous rappelle le modus operandi d'un grand nom de la littérature, Doris Lessing.
Des interrogations, des inquiétudes, un doux mal d'être, peut-être la crise de la quarantaine avant l'heure... Universitaire, cultivée, musicienne, cette Tunisienne qui vit en France adresse trois longues missives à un correspondant-réceptacle de ses états d'âme développés à satiété en centaines de réflexions souvent très profondes où elle cogite sur tout ce qui fait sa vie par le kaléidoscope de son expérience féminine : la réalité de tous les jours et ses espoirs de sortir du lot, bien sûr, mais surtout — et c'est au centre du récit — les hommes et sa féminité. Deux points complexes où elle tente d'abord une approche analytique avant de sacrifier au besoin de les percevoir dans ce qu'elle a de plus cher et de plus subjectif : son cœur.
Autobiographique, romanesque, réaliste... comme son aînée
Avec ce premier roman de Wafa Ghorbel, on est loin de ‘'l'auteur-technocrate'' qui s'arrime à l'érudition et à la complexité technico-scientifique dans la quête haletante d'un thriller. Ici, ce n'est rien moins qu'une auto-psychanalyse à la Doris Lessing, en moins dramatique. Parce que la jeune romancière tunisienne nous rappelle automatiquement son aînée britannique prix Nobel de littérature 2007 et décrite comme une conteuse épique de l'expérience féminine qui, avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire, scrute une civilisation divisée. Comme Lessing, Ghorbel est profondément autobiographique, son style romanesque, parfois épique, le plus souvent réaliste, lui a permis d'aborder les thèmes également chers à son aînée : les conflits de cultures, les injustices raciales et ethniques, la contradiction entre la conscience individuelle et le bien commun, la violence entre les êtres et les classes, le déracinement, l'enfance.
Car tout commence probablement par l'enfance dans le roman de Wafa Ghorbel, même si nous ne l'apprenons qu'à la fin de l'ouvrage. Un drame douloureusement vécu quand son héroïne n'avait que huit ans la laissera sur le qui-vive pour toujours, même si son intellect et sa force évidente de caractère l'aident à relativiser... dans certaines proportions.
Une nuit interminable à réfléchir
Dans la première lettre, elle passe surtout une nuit interminable à réfléchir à sa féminité et à sa différence avec l'autre. La féminité la poussait vers de grandes interrogations : Il était peut-être temps de me libérer de mes vieux fantômes. Il était temps de vivre, de vivre comme tout le monde, comme toutes les filles, plutôt les femmes de mon âge. Etais-je une femme? Le suis-je maintenant ? Le serais-je après le récit ? Il était temps d'écouter la voix de mon cœur, et surtout celle de mon corps, cette voix que j'ai toujours ignorée, que j'ai toujours étouffée, que j'ai toujours enfouie là d'où elle ne pouvait plus émerger. Et mon éducation ? Et mes principes ? Et ma religion? Comment me permettrais-je de les trahir ?
Le dilemme de la différence la taraudait non moins férocement que sa féminité : Tu es athée, je suis croyante, tu es français, je suis orientale de la tête aux pieds, tu es libre, je ne l'ai jamais été et je n'oserai jamais le devenir...
Elle mûrit, devient épouse et... fait une rencontre !
Elle écrit la seconde lettre bien plus tard, le temps passe, elle mûrit, elle devient épouse : ‘'Aujourd'hui, j'ai trente ans. Je suis femme. Je ne suis plus la même.''
C'est alors qu'elle fait une rencontre improbable car parfaitement hors des sentiers avec lesquels elle a balisé toute son existence. Elle est chanteuse à ses heures, il est pianiste, également à ses heures. Ils sont deux amateurs de musique, cela rapproche. Mais ses états d'âme ne la quittent pas une seconde : ‘'Qu'est-ce que je suis en train de faire ? J'ai accepté d'aller dîner chez un homme que je connais à peine. Ce comportement ne me ressemble pas. Pourquoi mon cœur frémit-il de la sorte ?''
Wafa Gorbel a l'air de nous assurer que c'est à cela que rêvent beaucoup de femmes ; un mari ‘sous la main' et ailleurs un compagnon, peut-être pour garder les sens en éveil, pour ne pas sombrer dans la routine... En vérité, ce n'est pas une aventure dans le sens adultère du terme, c'est une rencontre et un échange. Une impossibilité, diraient les plus lucides.
C'est alors que son mari rentre du long voyage qui avait permis cette rencontre. Elle renoue, elle se rappelle, en filigrane apparaît l'amour des origines, du pays de naissance...
La troisième lettre, c'est après son retour au pays, la Tunisie, qu'elle l'écrit. Elle est encore une fois autre. Elle parle de son nouveau chez-soi à son correspondant; un chez-soi qu'elle décrit comme unique et très personnel, une nécessité vitale pour elle alors qu'elle cherche à re-planter ses racines, s'acclimate... Surprise, c'est son mari qui craque, il a le mal du pays a contrario, celui du pays quitté, la France !
‘'Le jasmin noir'', 237p., mouture française
Par Wafa Ghorbel
Editions Maison du Livre, 2016
Disponible à la Librairie al Kitab


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