Par M'hamed JAIBI L'Agence technique du transport terrestre veut relooker son image. Ne voulant plus voir de paisibles citoyens traiter ses agents de «ya wikala ya rachwa !», elle tombe à pic dans l'escarcelle de la «stratégie» nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption» que conduisent Kamel Ayadi et son ministère de la Fonction publique, de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption. Une action volontariste qui a «du pain sur la planche». 30% de corruption ? Sur 4,4 millions d'opérations annuellement effectuées par l'Attt en services dispensés aux citoyens, les responsables de l'agence évaluent à 1,5 million le nombre des opérations menées avec des «intermédiaires» au nom des personnes concernées. Et c'est à ce niveau que l'on situe la corruption imputée à l'agence. On parle ainsi de «gâchara», de commerce parallèle et d'«interventions» rémunérées... Mais doit-on ou peut-on écarter ces «intermédiaires» ? Non, mais agir à les empêcher de nuire. C'est dans cette perspective que compte intervenir le programme de promotion de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption mis en route par l'Attt (ou A3T), hier, par la signature solennelle de la convention de partenariat la liant au ministère cité. L'agence adopte ainsi la démarche choisie par la Steg, autre victime des «bruits malintentionnés» trimballés par Monsieur Tout-le-Monde. Une cellule de bonne gouvernance L'accord de partenariat avec le ministère concorde avec le démarrage de la «cellule de bonne gouvernance» mise en place à l'«A3T», laquelle est dirigée par une dame cadre supérieur avec rang de directeur central. Cette cellule est appelée à faire rapidement des enfants dans toutes les régions du pays, là où sont disséminés, par exemple, pas moins de 30 centres de visite technique. Le but est d'agir à l'implication de tout le personnel dans le processus de bonne gouvernance dans lequel s'engage désormais l'ensemble de l'agence. Un pari de longue haleine qui devra être gagné bataille après bataille, jusqu'à lever l'hypothèque sur les «permis achetés» et les visites techniques de complaisance. Un processus aux exigences multiples Cela signifie respect des normes (en collaboration avec l'Innorpi) donc qualité, mais également communication, transparence, questionnement, contrôle et inspection. Ce qui exigera comme préalables la promotion des ressources humaines en nombre et compétence, la modernisation des équipements et des méthodes de travail et même l'installation systématique de caméras de surveillance surplombant les agents. Afin que la «Charte des valeurs, des principes moraux et du comportement professionnel» qui entre en vigueur soit respectée et que les engagements de l'agence soient tenus, à la fois, à l'égard des agents, des clients, de l'autorité de tutelle, des fournisseurs et partenaires, des structures professionnelles et de la société civile. Un vaste marché parallèle Le fait est que le vaste marché parallèle de voitures faussement neuves importées (usagées, FCR, volées ailleurs, accidentées...) vit un véritable boom. Pour ce qui est des voitures faussement neuves importées, le mois d'avril 2016 a vu l'entrée sur le marché tunisien de 14.447 voitures, contre 17.518 véhicules vraiment neufs importés par les concessionnaires. Donc près de la moitié du marché dit «du neuf». Ces «intermédiaires» patentés connaissent une extension vers de plus en plus d'«intermédiaires» non déclarés ou «gâchara» rendant service aux acheteurs et aux vendeurs locaux de voitures d'occasion. Des autos vendues deux fois Des «intermédiaires» qui gagnent leur pain sans payer d'impôts du tout, sans engager du personnel déclaré et sans s'affilier à la Cnss. Ces intermédiaires proposent leurs services dans tous les domaines concernant les voitures et la conduite automobile. Et l'on va même jusqu'à les y aider involontairement, puisque les municipalités ont pris l'habitude de voir les contrats de vente être doublés de procurations au nom de l'«intermédiaire». La voiture sera vendue deux fois. De suite à l'intermédiaire puis quelques jours plus tard à l'acheteur définitif. Sachant que l'A3T ne touchera les frais d'établissement de la carte grise qu'une fois.