Trois conventions de partenariat multilatéral viennent d'être signées pour assurer la transition. S'y ajoute une panoplie de solutions susceptibles de faciliter le processus de formalisation Un million de travailleurs exercent, aujourd'hui, dans le secteur informel, ce qui correspond à 40% de l'économie nationale. Ce chiffre au double impact quantitatif et qualitatif, révélé par le directeur de l'inspection du travail et de la conciliation, M. Chokri Ouali, illustre bel et bien le volume du manque à gagner et ses répercussions matérielles et sociales tant sur la pérennité de l'entreprise que sur les rapports professionnels employeurs-employés. Partant de cet état de fait, dont tout le monde reconnaît la réalité, la restructuration du travail demeure ainsi un objectif idéal. Autant dire, l'impératif de remettre de l'ordre dans l'appareil productif. Dans cette logique purement économique, l'association tunisienne de gestion et de stabilité sociale «Tamss» a tenu, hier matin, en collaboration avec l'Initiative mondiale d'équité (Global Fairness Initiative), une conférence-débat sur cette question d'actualité, sur le thème «L'emploi informel en Tunisie : solutions possibles pour la transition vers le formel». Ce choix s'inscrit dans le cadre du projet «L'initiative tunisienne pour l'emploi inclusif» (Tili), lancé fin 2012, sous l'égide du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, auquel adhèrent aussi les divers organismes concernés. On en cite Aneti, Cenafif, l'Observatoire national de la sécurité sociale, l'Inspection du travail, ainsi que le centre d'affaires du Kef avec qui Tamss établit un accord de partenariat pour la création, en son sein, d'un bureau pilote d'appui à la formalisation des travailleurs informels. En ont, déjà, profité seulement une vingtaine de femmes artisanes, sur un ensemble de 15.000 artisans keffois que compte l'association de Mme Afef Chougrani, basée dans la région. Cela dénote l'ampleur du phénomène de l'informel, mais aussi évoque les contraintes et les difficultés de son organisation. Toutefois, aux dires de Mme Chéma Gargouri, présidente de la «Tamss», on n'entend pas par là les barons de la contrebande ou ceux travaillant dans le noir et qui continuent à gangrener une partie de l'économie. Cela s'appelle secteur parallèle dont l'éradication requiert de vrais moyens de guerre. Seuls les non-structurés sont visés D'après Mme Gargouri, on vise plutôt, en tant que public cible, tout demandeur d'emploi et ceux qui veulent s'installer à leur propre compte, le but étant de leur fournir l'assistance requise, afin qu'ils sachent tout sur la culture managériale de l'entreprise (budgétisation, calcul des revenus, paiement des impôts...) et puissent, de la sorte, jouir de leurs pleins droits tels que garantis par la loi et le Code du travail (couverture sociale et médicale...). Cela rime avec le mode de recyclage qui verse dans le savoir-faire judicieux. Force est d'aboutir à une sorte de reconversion structurelle, réalisée par le biais d'une certaine formalisation professionnelle. Dans cette optique, la séance d'ouverture de la conférence a été rehaussée par la signature de trois conventions de partenariat avec l'association «Tamss». Avec le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, représenté par M. Zied Laâdhari, ministre de tutelle, ou avec l'Aneti, le Cenafif et «Taysir conseil», ladite association se fixe un seul objectif : faciliter la transition de l'emploi informel vers l'emploi organisé. Et la présidente de «Tamss» de rebondir sur l'élan de ce partenariat multilatéral qui s'insère dans le cadre du plan stratégique de l'emploi 2016-2020. C'est, aussi, une manière de rompre avec l'emploi précaire, en tant qu'une des recommandations issues du dialogue national sur l'emploi, tenu en mars dernier. Campagne tous azimuts En vertu d'une telle démarche contractuelle, l'association semble ainsi vouloir franchir le cap de la formalisation. Pour ce faire, un manuel de formation de formateurs, guide de contrôle des unités informelles en Tunisie par l'Inspection du travail, simplification de l'accès des travailleurs informels aux services de la Sécurité sociale, création d'un bureau d'appui à la formalisation dans le centre d'affaires du Kef précité, et l'élaboration d'un guide d'information sur les étapes de la formalisation, sont autant de solutions proposées en vue de rétablir la situation. L'on devrait y impliquer les travailleurs informels dans le pays et leur offrir un cadre légal et économique approprié. Pour réussir un tel processus de structuration, Mme Asma Ben Hassen, directrice du projet susmentionné «Tili», vient de rappeler que «Tamss» a piloté, depuis 2014, plusieurs campagnes de sensibilisation tous azimuts, tout en engageant un dialogue avec les autorités locales, afin de régler les problèmes liés à la formalisation, à même de faciliter la transition attendue. Evidemment, le rôle de la société civile, des syndicats et de l'administration s'avère de taille dans cette phase importante.