Si Nabil Maâloul a cru en lui et lui a donné une chance, Kanzari a freiné sa carrière Après des années de galère, vous êtes parvenu la saison dernière à devenir titulaire à part entière. Pourquoi tout ce temps pour y parvenir ? Toute ma carrière, je l'ai faite à l'Espérance de Tunis. J'ai débuté dans la catégorie des cadets. Je dois mon accession des cadets aux seniors à un homme, Hamdi Meddeb. C'est lui en personne qui m'a détecté. Il m'a détecté en visionnant les enregistrements des matches auxquels je participais. Il m'a donné ma chance. Il est comme un père pour moi et j'ai beaucoup d'estime pour lui. Quand j'ai accédé à l'équipe première à l'âge de 17 ans, je me suis trouvé face à une concurrence rude avec Youssef Msakni, Oussama Darragi et Michael Eneramo. Malgré cela, Nabil Maâloul m'a donné ma chance. Mais à cause de mon jeune âge et de surcroît mon manque d'expérience, j'ai été peu utilisé en Ligue des Champions. Cela ne m'a pas empêché de continuer à travailler aux entraînements en me disant que je décrocherai ma place au sein de l'effectif senior et que je finirai par jouer. Ma première saison s'est bien passée. La deuxième année, je pensais que j'allais enfin jouer régulièrement vu qu'il y a eu des départs, mais d'autres joueurs ont débarqué et je me suis trouvé sur la touche. On a recruté 14 joueurs dans mon poste. Ils sont tous partis. Je me suis toujours dit que s'ils sont partis et que je suis resté, c'est que j'ai suffisamment de qualités pour prétendre à une place de titulaire. Mais j'ai dû passer deux mauvaises saisons. Je me suis armé de patience. Quand j'ai renouvelé mon contrat, je pensais que j'allais enfin avoir ma chance. Mais finalement, je n'ai pas pu jouer, ni gagner de l'argent du reste. Il m'est arrivé, du temps de Maher Kanzari, d'aller jouer le Chan avec l'équipe nationale et de me retrouver sur les gradins en retournant à l'Espérance. Là j'ai compris que si je ne jouais pas, ce n'est pas parce que je ne travaillais pas suffisamment aux entraînements. Nabil Maâloul m'a convoqué en équipe nationale A alors que Kanzari ne me convoquait pas sur la liste des 18. cela m'a donné la force pour travailler davantage. En voulez-vous à Maher Kanzari ? Je tiens à préciser une chose : tous les entraîneurs étrangers que j'ai eu à l'Espérance m'ont fait jouer. Nabil Maâloul m'a donné ma chance en sélection. Khaled Ben Yahia m'a fait jouer aussi. Enfin, je remercie aussi Ammar Souayah qui m'a permis de m'épanouir et d'exploser après six longues années. Souayah m'a entraîné en sélection olympique avec Aymen Abdennour et Youssef Msakni. Il connaît donc bien mes qualités. La saison dernière, j'ai enfin pu démontrer ce que j'ai dans le ventre. J'ai fait une bonne saison, mais j'estime que j'accuse du retard car j'aurai dû le faire trois ans plutôt. Concernant Maher Kanzari, j'estime qu'il a un problème avec moi. Il ne m'a pas fait jouer à l'Espérance et il ne m'a pas convoqué en équipe nationale. Vous sentez-vous lésé du fait que vous ne soyez pas convoqué en équipe nationale? Les deux fois où j'ai eu des problèmes, comme je vous l'ai dit, que ce soit à l'Espérance ou en équipe nationale, c'était avec Maher Kanzari. Il m'a privé de jouer les qualifications pour les Jeux Olympiques alors que je les avais disputés à l'âge de 16 ans. Cet entraîneur ne me porte pas dans son cœur. Il a été toujours contre moi. Je le respecte comme entraîneur, mais je considère que je n'étais pas entraîné par lui et je n'ai pas pu avancer ni progresser du temps qu'il était entraîneur de l'Espérance. La saison dernière, j'aurai pu être convoqué en équipe nationale, mais je me suis blessé à la fin de la saison. Comment avez-vous fait pour surmonter les moments de doute ? Dieu merci, je suis issu d'une famille de sportifs. Mon père est un ancien joueur et entraîneur au club des Cheminots. Mon frère a joué aussi aux Cheminots. Ils m'ont toujours soutenu dans les moments de doute. Mon père a été toujours là pour moi. Il suit tous mes entraînements et son soutien est indéfectible. Si vous devriez rester en Tunisie, seriez-vous prêt à endosser un autre maillot que celui de l'Espérance ? Tout comme vous, j'ai lu et j'ai entendu que j'étais ici et là. Je tiens à préciser qu'il n'y a jamais eu de contact avec le Club Africain. C'est de l'intox. Je porterai toujours dans mon cœur les couleurs «sang et or» pour la simple et bonne raison que je suis un enfant du club. Le Club Africain est un grand club. Je respecte son public. Mais quand on endosse le maillot de l'Espérance de Tunis et même si on est un footballeur professionnel, on ne peut pas porter le maillot d'un autre club. Si je dois rester en Tunisie, je ne porterai que le maillot de l'Espérance de Tunis. J'espère que je finirai par trouver un accord et renouveler mon contrat. Comme je vous l'ai dit, Hamdi Meddeb est comme un père pour moi. J'aurai toujours de l'estime pour cet homme même si je dois quitter le Parc B cet été. Toutefois, il y a des choses qui se sont passées durant ces six dernières années dont il n'est pas au courant. Quel message voulez-vous passer au public «sang et or» ? Je laisse la porte grande ouverte. Je souhaite trouver un accord avec le président pour renouveler mon contrat. L'Espérance de Tunis est mon club de cœur. Mais je dois penser aussi à ma carrière. En Europe, on recrute les joueurs de plus en plus jeunes. Il faut donc savoir quand partir. Je ne cache pas mes ambitions de partir jouer dans un club européen. Je dirai au public «sang et or» qu'il faut savoir se montrer patient avec les jeunes du club. Car il n'est guère facile de s'imposer à l'EST. Ma destination sera connue au cours de cette semaine.