Avancer la date des soldes, attendus avec impatience, constitue, aux yeux de certains commerçants, une occasion pour dynamiser les ventes. Après le mois de Ramadan et l'Aïd, les parents ont vu leurs ressources financières diminuer sensiblement. Ont-ils, quand même profité des soldes? Cette année, les soldes d'été ont démarré le 15 juillet. Quinze jours après cet événement, un tour de quelques commerces nous a permis de nous faire une idée précise de cette circonstance commerciale attendue par plusieurs consommateurs en quête d'une bonne occasion et qui ont écumé la semaine dernière les boutiques de prêt-à-porter de la rue Charles de Gaulle, du Palmarium et de la rue Jamal-Abdenasser et de l'Avenue Bourguiba. «Plusieurs boutiques proposent des articles soldés, certes, mais qui restent hors de portée de la bourse des familles dont les revenus sont moyens», a avoué M. Haykel, père de deux enfants, rencontré à la sortie d'un centre commercial du centre-ville. Et d'ajouter : «Certes, on peut trouver plusieurs marques de chaussures de sport et de vêtements, mais la contrefaçon règne». Une boutique de prêt-à-porter pour enfants située à l'avenue Charles de Gaulle a fait des réductions sur ses articles écoulés à trente dinars pour les pantalons et à vingt-cinq dinars pour les chemises. Des prix qui ne sont pas à la portée des familles moyennes. Les soldes en question Du côté des boutiques de chaussures, une boutique a fait des réductions qui ne dépassent pas les 25%. «Les prix affichés sur les étiquettes ne sont pas les mêmes à la caisse», estime une dame, accompagnée de sa fille âgée d'une douzaine d'années. «Je suis venue pour acheter une combinaison pour ma fille. J'ai remarqué qu'il n'y a pas de réductions importantes sur les articles. A la caisse, il y a une remise qui ne dépasse pas les deux dinars», indique-t-elle. Il y a foule à la rue Jamal Abdenasser, perpendiculaire à la rue Charles de Gaulle. Des parents accompagnés de leurs enfants scrutent les vêtements exposés dans les devantures, tâtent le tissu pour en apprécier la qualité et s'informent du rapport qualité/prix . «Les temps ont été durs après la révolution, relève un grossiste. Les commerçants veulent profiter de cette occasion pour compenser les pertes enregistrées au cours de l'année. Ils ont recours à certaines astuces pour écouler leurs produits à des prix intéressants». La qualité, premier souci des acheteurs Dans de grandes boutiques situées à l'avenue Habib Bourguiba, des robes de soirée, des pulls, des pantalons, des costumes, des jupes et des chemises pur coton sont exposés sur les rayons. Les prix sont élevés et avoisinent les cent dinars. «Nos prix ne diffèrent pas de ceux pratiqués dans les autres commerces, mais contrairement à ce que vous trouvez dans les autres boutiques, nos vêtements sont 100% coton. Nous les importons et nous avons une styliste qui nous confectionne la nouvelle collection pour enfants. Par contre, la plupart des vêtements que vous voyez dans les autres boutiques sont confectionnés avec du coton mélangé à de la matière synthétique», explique l'un des vendeurs. Dans un centre commercial de la capitale, les anciens et les nouveaux prix sont affichés sur les articles. Le propriétaire a consenti des réductions importantes. A titre d'exemple, au lieu de 50 dinars, un pull est affiché au prix de 35 dinars. A l'intérieur, les articles ont été soldés mais ils n'attirent pas la clientèle féminine présente dans le magasin qui lorgne plutôt la nouvelle collection non soldée. «J'espérais trouver des articles de la nouvelle collection soldés. Malheureusement, il n'y a pas eu de réduction sur ces articles. C'est dommage», a observé Asma déçue. Sauf que la réduction de 30% affichée est fausse. Car il ne s'agit pas d'une réduction sur le prix initial mais sur le dernier prix qui était affiché juste avant les soldes et qui est bien plus élevé que le prix initial. «Il s'agit d'une arnaque, s'exclame notre interlocutrice. Je les ai tout de même achetés». Plus loin, on observe les articles d'hiver : au lieu de 60 dinars le pull est vendu à 30 dinars et 25 dinars. Les commerçants veulent se débarrasser de leur fin de stock. Bref, on a eu droit cet été à de fallacieux soldes qui n'ont fait ni le bonheur des commerçants ni celui des clients.