Les textes sacrés la décrivent comme impure. A la naissance, elle est excisée dans un souci de purification rituelle qui date de l'aube de l'humanité. Petite fille, on lui apprend la soumission, on la cloitre et on l'empêche d'aller à l'école. Son savoir est limité aux tâches ménagères, on lui impose un voile et avant même qu'elle ait pris conscience de son corps infantile, on lui choisit un époux qu'elle n'a jamais vu. Son corps dès lors ne lui appartient plus. Elle commence un cycle continu de reproduction qu'elle ne désire pas vraiment. La contraception lui est interdite car pour flatter son homme elle doit lui donner un maximum d'héritiers. Cette femme, certains imams à l'esprit malin ne lui reconnaissent qu'une nature de mammifère mais pas tout à fait humaine. On a le droit de la battre, de l'emprisonner, on l'a aussi défigurée par un jet d'acide, on l'a étranglée, on l'a noyée dans des piscines de luxe au nom d'un honneur masculin primitif. Cette femme n'a rien, on lui a même pris sa dignité, elle a été violée, vendue en esclavage, brûlée vive. On lui a tué ses enfants, son mari, on l'a chassée de sa maison et elle erre aujourd'hui à travers le monde des boat people et des camps de réfugiés où on patauge dans la boue. Cette femme c'est la femme arabe, c'est comme cela que ce peuple traite ses femmes et aujourd'hui on la fête... Le mot fête est dans le contexte actuel plus qu'inapproprié, il est pervers car il a plus d'un sens. Il est le reflet d'une schizophrénie atavique qui montre que la femme, on l'aime et en même temps on la déteste, on l'admire et on la méprise, on la désire et on la rejette, on aime sa compagnie mais on reste entre hommes, on lui écrit des poèmes enflammés mais on en épouse d'autres, on la couvre de bijoux mais on la répudie sans rien. Il n'est maleureusement pas question aujourd'hui de rendre hommage à cette femme, de lui rendre justice, de payer un juste tribut à son courage, de faire amende honorable et de reconnaître les torts qu'on lui a infligés... il n'est question que de la fêter seulement, alors.... bonne fête madame.