«Il serait irresponsable de demander à un candidat d'assumer la responsabilité de la présidence sans qu'il soit en possession de toutes les données financières, juridiques et contractuelles dûment auditées et certifiées qui lui permettraient d'avoir une totale connaissance des engagements, des risques et des défis auxquels est confrontée l'association», dixit Férid Abbès. Selon toute vraisemblance, le comité d'organisation de l'assemblée générale serait en passe de reporter tout le calendrier y afférent pour une durée d'un mois (échéance de soumission de candidature et date de tenue de l'AG). Des signes de prise de responsabilité de la part de figures clubistes emblématiques commencent à prendre forme, les supporters attendent une réelle alternative en termes de candidature et de projet. Car jusqu'aux deux dernières semaines, l'on ne s'est pas bousculé au portillon. Autre frein à l'engagement de potentiels candidats, l'écran de fumée qui entoure la situation financière. Or, il est important de connaître les états financiers du CA avant tout acte de candidature. Faire le point sur la situation est devenu difficile quoique tout est question de volonté, d'engagement et de détermination. Car comme l'a affirmé récemment l'ex-président de l'association Férid Abbès : «La crise que traverse le Club Africain est révélatrice de la gravité d'une situation qui se traduit par une perte des valeurs fondamentales du CA, de ses traditions; en un mot de son histoire et des sacrifices consentis par les pères fondateurs de cette association...». A moins de 4 ans de la commémoration du centenaire du CA, il est important de rappeler aux nouvelles générations l'esprit qui animait les fondateurs et de ne pas trahir leurs principes. Des générations ont poursuivi l'œuvre de construction en s'attribuant au passage les titres qui constituent le socle du palmarès du CA. Il est, par ailleurs, important de rappeler les métamorphoses profondes qui se sont traduites par la disparition du football amateur et l'avènement du football semi-professionnel puis du football professionnel. Cette mutation vers le football professionnel est encore en gestation et engendre des problèmes d'organisation, de changements de mentalité, de comportements, et requiert des transformations structurelles et financières très importantes. Or, nous n'avons à ce jour connu que les aspects les moins attrayants du professionnalisme. Le CA ainsi que la grande majorité des clubs sportifs tunisiens sont pris dans cette tourmente et n'ont pas pu réaliser les transformations requises qu'exige l'avènement du professionnalisme. Cette rétrospective rapide est nécessaire pour comprendre l'origine et les causes de la crise que vit le CA. «Depuis plus de quinze ans, nous avons assisté à un démembrement des structures dont je ne citerais que les plus importantes : disparition des différents comités dont le comité des anciens dirigeants, qui assurait la pérennité du Club, encadrait les nouveaux dirigeants, conseillait et soutenait les bureaux directeurs. Disparition du comité financier qui assurait la mobilisation des ressources financières. Dissolution du comité des supporters qui protégeait le Club contre les dérives malveillantes, et abdication du comité directeur, instance collégiale qui gérait les intérêts du CA. Dans cette optique, même le comité technique qui conseillait le bureau directeur sur la stratégie et les choix sportifs a disparu des radars. Le CA s'est ainsi exposé à de graves conséquences car la disparition de ces structures a conduit à l'affaiblissement du Club à tous les niveaux. Ce qui s'est traduit par des résultats sportifs aléatoires qui engendrent les crises et la désaffection». Définir, investir Et à Férid Abbès de scruter l'horizon et de proposer des solutions : «Il est indispensable de proposer des solutions susceptibles de contribuer à la restructuration du CA afin de répondre aux exigences du professionnalisme et à la concrétisation d'une politique ayant pour objectif le retour aux sources. La mise en œuvre d'une nouvelle politique exige l'avènement de nouveaux dirigeants imprégnés des valeurs du CA. La feuille de route que l'on pourrait suggérer à cette nouvelle génération de dirigeants consisterait à mettre en œuvre les réformes suivantes : sur le plan juridique, il faut amender les statuts pour y inscrire les structures statutaires de l'association et leur mode de fonctionnement ainsi que les modalités d'élection des dirigeants. Sur le plan sportif, il faut rétablir la politique de formation comme priorité pour assurer l'éclosion d'une nouvelle génération de grands joueurs et affecter un budget spécifique à cette activité. Enfin, il faut établir un réseau de relations avec un certain nombre de clubs continentaux pour recruter et assurer la formation de leurs jeunes talents via un partenariat pour la gestion de la carrière des joueurs à grand potentiel. Cette approche permettrait au Club Africain de s'assurer le recrutement des meilleurs joueurs dès leur plus jeune âge et aux clubs de ces pays africains de bénéficier de sources de revenus lors de l'éclosion de grands joueurs. Volet technique, il faut bien entendu définir une politique pour le choix de nos entraîneurs qui assureraient la stabilité du cadre technique. Car le Club Africain ne pourra retrouver son niveau avec une instabilité des entraîneurs; les multiples changements d'entraîneurs étant à l'évidence une des causes du mauvais rendement sportif constaté. Globalement, le CA doit réinstaurer une politique financière et budgétaire basée sur la pérennité des ressources et la rigueur dans la gestion des dépenses. L'organisation administrative et juridique doit aussi être rétablie. L'on doit forcément dans cette démarche œuvrer pour la transparence financière et fiscale. Le défi concerne tout le monde».