A l'attention de M. le⇣P-DG de la SNIPE Cher Monsieur, J'ai participé récemment au concours de la Plume d'or à l'occasion de l'Année internationale de la jeunesse et c'est avec un grand regret que je vous écris pour vous faire part de mon extrême déception quant au choix des lauréats : Premièrement, les deux articles qui ont remporté les premiers et deuxième prix de français ne répondent pas explicitement aux trois questions posées par le sujet mais se perdent dans des discours inutiles et superflus qui frôlent le hors-sujet. En effet, le premier lauréat consacre la moitié de son essai (autobiographique ?) à faire le récit mélodramatique des difficultés financières de sa mère, et l'autre moitié à polémiquer sur le problème de l'eau, omettant de répondre de manière structurée aux questions primordiales sur l'identité des jeunes et leur rôle dans la société. Quant au deuxième lauréat, il ne propose qu'une version romancée de l'histoire des martyrs tunisiens, se livrant à un exercice d'ordre littéraire qui, me semble-t-il, ne répond pas aux attentes et aux exigences du sujet. Bref, ni l'un ni l'autre n'offrent une réflexion sérieuse sur les préoccupations de la jeunesse tunisienne. Deuxièmement, il me semble que les niveaux d'écriture proposés ne méritent pas la consécration qui leur a été décernée, étant davantage proches du style prosaïque voire «parlé» — pour ce qui est de la Plume d'or — plutôt que du français soutenu et élevé que présuppose le titre honorifique de «Plume d'or» ou d'argent. Je tiens à vous dire que mes reproches ne s'adressent pas à vous personnellement mais au jury dont on se demande s'il est vraiment composé de journalistes et d'universitaires compétents et sur quels critères ces derniers ont jugé de la pertinence des articles gagnants ? Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon profond respect. Cordialement Sélima KAMOUN NDLR Mademoiselle, Merci d'avoir participé au Prix de la Plume d'Or pour les jeunes, cette opération récemment initiée par la Snipe-La Presse-Assahafa, la Chaire Ben Ali pour le dialogue des cultures et des religions et l'Association pour la culture et les arts méditerranéens. Merci aussi de faire valoir votre droit à l'information et à la justification, ce qui nous permettra ensemble de développer cette manifestation pour le meilleur de ses objectifs. Que vous soyez déçue par le palmarès, c'est normal car on n'a jamais vu l'expression d'une unanimité autour de n'importe quelle opération d'évaluation, même dans les établissements d'enseignement. Ce qui est regrettable, c'est d'en arriver à contester la qualité des membres du jury et de mettre en doute l'honnêteté de l'opération. Malgré tout, nous voudrions bien continuer de vous compter parmi les amis de ce concours et ses organisateurs. Voici donc quelques éléments de réponse à vos remarques, avec notre entière prédisposition à vous en donner les meilleures preuves, dans la sérénité et l'objectivité qui se doivent : 1- Les membres du jury sont connus (ils sont montés sur scène) par tous pour leur niveau, leurs diplômes, leur expérience et leur intégrité. Ils ont été choisis dans des spécialités différentes et complémentaires conformément à l'esprit du concours. En tout cas, la publication des textes est une preuve de sincérité et de transparence que tout le monde ne se permet pas dans ce genre de circonstance. C'est d'ailleurs dans le même état d'esprit que nous prenons soin de publier sur ces pages le texte de votre participation au concours. 2- Le texte demandé n'est pas une dissertation littéraire, mais un article journalistique. C'est pourquoi, les jurys des deux langues ont établi préalablement un barème réparti comme suit : 5 points pour le niveau de langue, 5 points pour la cohérence du discours, 5 points pour la teneur et la consistance des idées et 5 points pour l'originalité. Quant à la langue française, sachez que les gardiens de son temple ne sont pas toujours ceux qui croient ou qui prétendent l'être ; pour autant qu'il y ait encore à parler de gardiens de ce temple autres que les maîtres de l'usage qui en est fait. Cordialement pour les organisateurs et les jurys. Nous vous proposons ci-après le texte de la participation de Melle Sélima Kamoun au concours de la Plume d'or pour les jeunes (2010) : Pour une jeunesse ouverte et universaliste Qui sommes-nous ? Que voulons-nous devenir ? Comment le devenir? Nous sommes notre Nation Nous sommes nos croyances Nous sommes notre progéniture Amour de sa patrie, Amour de sa religion, Amour de sa filiation. Le premier se cultive, le deuxième se transmet, le troisième est inné. Notre pays a besoin de nous. Etant incultes nous le dégradons; éduqués, nous le hissons. Etant soumis, nous l'enchaînons; libres, nous le propulsons. Nous pouvons encore le promouvoir par nos valeurs, notre effort, nos ambitions, notre labeur, afin qu'il brille des feux de notre gloire. Car nous sommes sa dignité, sa grandeur et sa prospérité. Notre pays est le socle de notre avenir et notre avenir est entre nos mains : nous sommes aussi le choix. Nos enfants ont besoin de nous. Nous les façonnons à notre image : si nous sommes bons, ils le seront, si nous sommes bas, ils hériteront notre bassesse. Nous devons œuvrer pour qu'ils soient à la hauteur de nos espérances en semant dans leur esprit comme dans leur cœur les graines de la vertu. Une jeunesse responsable est une jeunesse saine : nous sommes aussi le devoir. Mais nous avons besoin de notre foi. Elle est notre bonne étoile, la conscience qui nous éloigne du mal en nous rappelant sans cesse qui nous sommes. Elle nous apprend à être droits, solidaires et forts. Car nous sommes aussi la force. Le drame de la jeunesse d'aujourd'hui, c'est trop souvent le laxisme, le dilettantisme : elle a tendance à s'absoudre facilement de ses erreurs et errements, à en rejeter hâtivement l'origine ou la faute sur les précédesseurs. «Ne les blâmez pas, ils sont encore jeunes», entend-on, dire pour les disculper. «Rien n'est difficile pour la jeunesse», disait Socrate, le père de la philosophie grecque. «La valeur n'attend pas le nombre des années», renchérissait Corneille. Les Jeunes se doivent avant tout d'être exigeants envers eux-mêmes et d'aspirer aussitôt à réaliser ce que leurs Aînés appellent le Bonheur. Certes, la définition du bonheur diffère d'un âge à l'autre. Pour le jeune, être heureux, c'est vivre pleinement et sur le champ ses rêves : carpe diem avec l'impatience fébrile de tout vouloir hic et nunc (ici et maintenant) Vivre dans l'accomplissement immédiat, plein et total du désir : voilà le rêve de la jeunesse contemporaine qui se croit ceinte d'une vérité immaculée. Vanité ! Erreur !! C'est en l'âge de la maturité qu'elle devrait se projeter pour en prendre graine et entreprendre d'asseoir le bonheur durable. D'où l'exigence envers soi. On pourra dès lors s'interroger sur le bien-fondé de nos idées et de nos menées : en nous levant le matin, nous jeunes, demandons-nous comment agir pour notre bien et pour celui de nos semblables : Vivre ensemble, c'est se respecter les uns les autres C'est le fondement même du contrat social de Rousseau, «Vivre… mais vivre pour autrui», tel était le crédo d'Auguste Comte. Le soir, consacrons quelques instants à dresser le bilan du quotidien : avons-nous été agissants, justes, intègres, responsables? A quoi aurait-il servi de sacrifier temps et énergie à la béatitude, la stérilité? Combien de lectures délaissées, de précieux livres qui auraient pu s'ouvrir sur des trésors de sagesse humaine, sommeillent dans la poussière de nos étagères? Il est grand temps de changer de vision, de perspective, de battre en brèche les comportements vains ou stériles qui se résument tel : Jeunesse = insouciance, inconscience, inconstance Non ! Plus jamais!! Nous jeunes, soyons conscients de nos réels potentiels et, sans attendre, portons-nous aux lignes de front pour ajouter effectivité et force créatrice au solidaire combat pour le progrès, la croissance et le développement. Choix, devoir, force, tel est le credo qui inspirera nos idéaux et éclairera nos hérauts pour qu'une jeunesse ouverte et universaliste augure du bonheur des générations à venir.