Al'approche de la 27e édition des JCC (Journées cinématographiques de Carthage) qui se tiendra du 27 octobre au 5 novembre 2016, une question s'impose : les salles de cinéma de la capitale sont-elles prêtes, esthétiquement et techniquement, à accueillir cette manifestation arabo-africaine qui fête, d'autant plus cette année, son 50e anniversaire ? On sait, déjà, que le parc des salles s'est amplement rétréci, comme peau de chagrin : dans les années 60, il existait plus d'une centaine de cinémas, 114 précisément, pour 4 millions d'habitants. Aujourd'hui on n'en compte plus que 21 pour 11 millions d'habitants, la majorité de ces salles se trouve à Tunis, alors que 16 gouvernorats n'abritent aucune salle de cinéma. Maintenant, en se focalisant sur les salles existantes, on constatera que, dans les années 90, la plupart ont connu un état de délabrement alarmant : sièges et tapisseries arrachés, moquettes tachées et usées, sanitaires insalubres, conditions techniques de projection déficientes, et nous en passons. Pour sauver ce qui reste de l'ancien parc des salles et afin d'éviter que ces espaces ne ferment les uns après les autres, surtout avec la concurrence des chaînes satellitaires et des DVD, le ministère de la Culture, a accordé, à l'orée des années 2000, une enveloppe de 400.000 dinars pour rénover les salles et améliorer les conditions techniques de projection. Toutefois, faute de maintenance, l'état de ces espaces s'est à nouveau dégradé dix ans plus tard. D'où la décision du ministère de la Culture de prendre en charge, en 2012, 50% du coût d'équipements modernes installés dans les salles, et ce, jusqu'à hauteur de 100.000 dinars. Mieux, en 2014, le ministère a octroyé, encore une fois, à l'occasion du rendez-vous des JCC, une enveloppe de 400.000 dinars afin de relooker plusieurs salles de cinéma et de les équiper en matériel numérique (D.C.P. entre autres). Il faut dire que les JCC ont largement contribué au maintien du parc restant des salles, sans lesquelles la manifestation ne peut avoir lieu. Redorer l'image du pays Pour cette année, malgré les multiples subventions accordées par le ministère, plusieurs salles affichent, à l'approche de la 27e édition des JCC, des conditions de projection qui laissent à désirer : moquettes élimées et tachées, sièges défoncés, son inaudible, image floue, toilettes insalubres, lumière blafarde, obscurité au début des séances et à l'entrée des spectateurs, absence de placeuses, etc. Même le cinéma «Colisée», baptisé «la reine des salles», présente certains de ces maux vérifiés à l'occasion de la projection du film Zizou. Et là, il est clair que les exploitants de salles ne devraient pas se contenter des aides consenties par le ministère mais investir davantage en veillant à la maintenance du matériel et des équipements. Il est cependant encore heureux de voir quelques salles récemment rénovées et espaces culturels privés, nouvellement édifiés, présenter un certain confort. Ainsi, à une dizaine de jours de l'entame des JCC, les salles, qui abriteront la manifestation, doivent nécessairement subir ne serait-ce qu'une rapide opération de lifting afin d'accueillir le public et les invités de la manifestation dans des conditions pour le moins acceptables. Il y va de la crédibilité et de la réputation de ce rendez-vous cinématographique désormais annuel. Plus, les JCC représentent certes une opportunité pour mettre en avant les cinémas arabe et africain et pour favoriser l'animation, la réflexion, l'échange d'expériences et d'idées mais constituent, aussi, une occasion de promouvoir la Tunisie en tant que terre de tournage, de coproduction, d'investissement et de tourisme, c'est pourquoi ce sont non seulement les salles de cinéma de la capitale qui devraient connaître un relooking mais aussi la ville elle-même. Or, et fort heureusement, depuis quelques jours, Tunis fait sa toilette grâce à une campagne, tous azimuts, de propreté et de lutte contre les commerces ambulants anarchiques, menée par le nouveau gouverneur de Tunis, Omar Mansour. Cette opération de relooking de la ville concerne, entre autres artères et places centrales, l'avenue Bourguiba d'où on devrait faire disparaître tout matériel de démonstration de force sécuritaire. Enfin, faisons en sorte que les JCC, tout en fêtant les cinémas arabe et africain, contribuent, également, à redorer l'image du pays, ce qui aurait des conséquences positives et appréciables, cela notamment à la veille de la conférence internationale sur l'investissement.