Des produits du terroir (miel, huile d'olive, confitures...) et des semences paysannes authentiquement tunisiennes de plusieurs variétés de légumes (persil, blettes, poireau, fenouil, piment, carottes....) de plusieurs régions du pays, en particulier du sud tunisien étaient exposées sur les étalages. L'appel de l'Association tunisienne de permacuture (ATP) et ses partenaires locaux et étrangers à célébrer la deuxième fête des semences paysannes n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Dimanche, au Centre de formation professionnelle en cultures des primeurs à Chott Mariem à Sousse, l'ambiance était festive et les invités ont été nombreux à sillonner les allées ombragées d'arbres et les espaces de ce vaste centre, situé au milieu de la verdure. Plusieurs associations actives dans les domaines du développement durable, l'environnement et la conservation de la biodiversité ont été au rendez-vous de cette deuxième édition de l'agriculture durable. Des étalages de produits du terroir (miel, huile d'olive, confitures...) et surtout de semences paysannes authentiquement tunisiennes de plusieurs variétés de légumes (persil, blettes, poireau, fenouil, piment, carottes....) de plusieurs régions du pays, en particulier le Sud tunisien, ont été installés. Des graines très fines et de différentes couleurs ont été échangées et généreusement offertes aux particuliers, des femmes pour la plupart, et à des fans de la permaculture et de l'urbaculture : une nouvelle agriculture qui fait son apparition dans les villes. L'association française Kokopelli, le mouvement Slow Food et l'association Acacias for All ont été les partenaires de l'ATP et les invités de cette manifestation. Leur objectif commun est de «défendre un fondement de la souveraineté, de l'autonomie alimentaire, de la santé et de la survie des peuples et des cultures : la semence paysanne». Pour les représentants de ces ONG, les semences doivent être libérées du joug des géants de l'industrie semencière pour retourner dans les champs des paysans. Ces semences héritées de père en fils doivent être libres et reproductibles et non « stériles « comme celles commercialisées par les grandes entreprises de semences qui mettent la main, petit à petit, sur un bien commun et un don de la terre. En effet, les semences paysannes sont celles qui ont été jalousement gardées de génération en génération et qui ont échappé aux manipulations du savoir génétique, contrairement aux semences génétiquement modifiées ou hybrides. En Tunisie, ces semences se font de plus en plus rares et risquent de disparaître pour céder le terrain aux semences, hybrides et peut-être aux OGM. Le pays ne dispose toujours pas de loi sur la biosécurité et s'aligne, pour le reste des lois régissant les semences sur les législations de l'Europe. Ainsi, il est interdit aux paysans de vendre leurs semences parce qu'elles ne sont pas inscrites au Catalogue officiel des variétés végétales. C'est aberrant, estiment les responsables des ONG organisatrices de la deuxième fête des semences. Evoquant l'expérience des banques des graines qui collectent généralement les variétés semencières en stocks, Ananda Guillet, directeur technique de Kocopelli, a plaidé plutôt pour un retour des semences à la terre. «Les banques de gènes, c'est une connotation figée, les variétés doivent être dans les champs des paysans», a-t-il dit. M. Guillet a farouchement critiqué les firmes semencières et leurs alliés, les grands producteurs de pesticides et d'herbicides, «qui ne font que détruire la biodiversité». «Ils nous ont fait douter de la générosité de la nature et ils sont en train de créer l'offre et la demande», a-t-il enchaîné, recommandant à la jeune association tunisienne de permaculture (créée en 2012) d'aller à la recherche des paysans et de les encourager à produire leurs propres semences. L'expérience du Costa-Rica (Amérique latine) a été présentée comme un exemple à suivre. Ce pays a livré bataille aux OGM et s'est lancé dans la création de centres communautaires de semences.