Par Mustapha ATTIA, écrivain Parmi les devises qui sont restées gravées dans la mémoire collective des Tunisiens, on peut citer celle qui a été énoncée dans la Déclaration du 7 novembre 1987 précisant que le peuple a atteint un tel niveau de maturité qu'il est désormais en mesure de s'autogérer. Le programme électoral du Président Ben Ali (2009-2014) est venu confirmer cette approche et rappeler le droit du Tunisien, en tant que citoyen et en tant que société, à jouir d'une vie politique évoluée. Ces valeurs sont considérées comme les fondements essentiels du Changement, dont l'un des objectifs premiers était d'édifier une société civilisée selon tous les critères de développement, d'urbanisation et de croissance. Car la démocratie ne peut être parachutée. Elle ne sera jamais greffée non plus. Elle s'acquiert et s'enracine progressivement. De même, réussir la démocratisation n'est pas moins important que la libération ou l'indépendance et l'accession à l'entière souveraineté nationale, ce qui veut dire que l'option démocratique dans la Tunisie de l'Ere Nouvelle est un choix sacré. C'est pour cela que les réformes on été globales et profondes, cherchant dans une bonne proportion à consolider les fondements de la démocratie dans les meilleurs aspects. Aussi, la réforme culturelle a-t-elle visé en priorité l'ancrage des valeurs de la démocratie, du multipartisme et de la liberté. Il a été procédé de ce fait, à la libération de l'intellect en donnant aux créateurs toutes les garanties nécessaires et en procédant à la décentralisation. Celle-ci est en effet un constituant essentiel de la démocratie. La réforme éducative a focalisé sur la formation de la jeunesse aux valeurs de la vie civile, vu que la démocratie n'a pas de sens et n'est rien en pratique si elle n'est pas étayée par le savoir. Quant aux réformes qu'a connues le secteur de l'information, elles ont visé elles aussi la concrétisation des principes de la liberté et du multipartisme. Dans cette perspective, les médias se sont ouverts aux partis et aux associations, couvrant leurs activités et se faisant l'écho de leur prises de position. Tout cela est fondé sur la ferme conviction que l'information constitue l'un des fondements de l'édifice démocratique. Dans son programme électoral, le Président Ben Ali avait annoncé d'autres mesures réformistes visant ce secteur, tant l'évolution de l'information constitue elle aussi l'un des piliers de la construction civile, du fait du rôle qu'elle joue dans l'enrichissement de la culture démocratique et le rayonnement de ses valeurs libérales. C'est justement dans cet objectif que notre pays a choisi depuis l'aube du 7 novembre 1987 la méthode de la consultation, seule en mesure de concrétiser dans la pratique les principes et les valeurs du dialogue national. En effet, toutes les réformes ont été accomplies sur la base de consultations nationales et avec la participation de tous les acteurs politiques, sociaux et culturels, sans oublier les personnalités artistiques et culturelles, sans exclusion aucune. Car la démocratie n'est pas exclusivement le fait des politiciens, des partis ou des organisations, comme pourraient le croire certains. C'est au contraire le fait de tous les citoyens. Et c'est ce qui explique l'insistance à renforcer le tissu associatif, parce que les associations sont considérées comme des espaces ouverts de diffusion des principes démocratiques et d'initiation à la pratique de ces principes en public. C'est dans la même optique qu'on a procédé à l'établissement de ce qu'on appelle la «démocratie locale» pratiquée dans les élections municipales dont le bureau politique du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) réuni, sous la présidence du Chef de l'Etat, a examiné les préparatifs. C'est dans cette perspective que le Président Ben Ali a souligné «qu'il n'y a pas de démocratie sans multipartisme et sans garantie de la liberté d'expression et d'organisation, sans des élections crédibles et sans un équilibre et une séparation des pouvoirs»? Voilà ce qui explique pourquoi la Tunisie a réussi à garantir une progression pondérée vers la démocratisation, car il n'y a ni justice, ni liberté, ni sécurité tant qu'on n'a pas assuré les moyens matériels nécessaires et les garanties morales et juridiques essentielles. Ainsi l'interdépendance entre le développement social, le développement économique et le développement politique dans le processus du Changement constitue le pilier principal sur lequel se tient la croissance globale. En effet, tout le monde sait qu'assurer le bien-être du citoyen est un acte concret de démocratie et de garantie de la stabilité sociale. L'édification d'une société démocratique et libre dépend dialectiquement et proportionnellement de la solidité du processus développemental. La pensée réformiste de l'Ere nouvelle essaie avant tout de formuler une vision moderne du sens de la citoyenneté, sur la base de l'approfondissement de l'appartenance, la nécessité de l'ouverture et l'inexorable solidarité, cohésion et pondération. C'est sur la base de ces principes que toutes les mesures qui ont été prises illustrent le sens consensuel, concordataire de la démocratie en Tunisie. C'est aussi un choix qui crée un lien organique entre l'institutionnel et le sectoriel, entre l'individuel et le collectif, le public et le privé, l'économique et le social, en évitant au pays des luttes qui risqueraient de mettre en péril les fondements même de son immunité.