Montée en puissance de quelques secteurs d'avenir, comme l'aéronautique et l'assemblage mécanique, créant près de 12 mille postes, ou encore les industries pharmaceutiques Un début de semaine laborieux, hier, à l'Assemblée. Plusieurs ministères sont inscrits à l'ordre du jour. La première partie de la matinée est consacrée à l'examen du budget du ministère de l'Industrie et du Commerce. Pas moins de deux commissions ont examiné en travaux préliminaires le budget ; la commission de l'agriculture, de la sécurité alimentaire et du commerce et la commission de l'industrie, de l'énergie et des ressources naturelles. Il en découle un rétrécissement de 24,4% des crédits alloués audit département. Ainsi de 2434,612 MD pour 2016, l'enveloppe est réduite à 1840,549 dans les prévisions de la loi de finances pour 2017. Les interventions des parlementaires peuvent être regroupées en catégories thématiques tant la plupart des points revenaient en refrain, comme l'aménagement des zones industrielles, ou celles qui existent déjà mais non fonctionnelles, parce que non éclairées, ou non desservies par le transport public, l'ouverture des zones franches, la mise en place de plans d'action pour lutter contre l'importation anarchique, contre le commerce parallèle et la contrefaçon, la protection du label national, la bonne gestion de la Caisse de compensation. Les élus ont mis un point d'honneur à défendre leurs régions respectives qui attendent toujours la mise à exécution des engagements pris par l'Etat, depuis 2012, précisaient quelques-uns. Décollage économique Avant de répondre globalement aux interrogations et autres revendications des représentants du peuple, le ministre a préféré poser le cadre politique pour rappeler les priorités du gouvernement d'union nationale, soudé par l'accord de Carthage. La priorité est désormais donnée à l'économie. La transition politique et institutionnelle a cédé la place à la transition de nature économique, aux nombreux défis qu'il faut s'atteler à relever, a-t-il préconisé d'emblée. Dans une intervention de près de quarante minutes, M. Laadhari a estimé le moment venu pour passer d'une politique de crise et de gestion du quotidien vers une vision stratégique, permettant la mise en place des grandes réformes qui portent sur les moyen et long termes, avec l'aide de la BAD dans certains domaines. La plus grande priorité étant le décollage économique dans les domaines de l'industrie, du commerce et des services. « La Tunisie est en train d'aborder une étape décisive de croissance économique nationale », a-t-il martelé. A ces priorités, d'autres viennent se joindre, à l'instar du bien-être du citoyen tunisien dans son quotidien, un marché régulièrement bien approvisionné, des prix abordables, et les régions en tête de liste des priorités, pour y impulser la croissance et promouvoir l'emploi. Dans le même temps, la montée en puissance de quelques secteurs d'avenir est enregistrée, comme l'aéronautique et l'assemblage mécanique, créant près de 12 mille postes, ou encore les industries pharmaceutiques. Développer la dynamique à l'export ainsi que les échanges commerciaux avec l'Afrique, actuellement très en deça du minimum requis, de l'ordre de 4%, représente un autre défi national. Il faut renforcer l'internationalisation des entreprises tunisiennes, a insisté le ministre du haut de la tribune. Tunisie, mauvais élève du réseautage Compte tenu de l'exiguïté du marché national, de nouvelles destinations sont ciblées pour s'y implanter. Avec comme premier objectif de renforcer d'abord la coopération entre les différentes institutions nationales, comme les pôles technologiques, ceux chargés de la promotion de la compétitivité des entreprises, et les structures d'appui. D'ailleurs, dans le domaine de la coopération entre les centres de recherche et les sociétés industrielles, le classement national atteste d'un retard conséquent. Sur 144 pays, la Tunisie occupe la 114e position. Autre mauvais indicateur, la Tunisie est classée 117e sur 144 pays dans le monde quant à la flexibilité des entreprises nationales et leur capacité à assimiler les nouvelles connaissances et intégrer de nouveaux concepts. De ce fait, le réseautage entre les centres de recherche et les instituions économiques représente un talon d'Achille auquel il faut remédier. Le ministre s'est voulu rassurant quant à l'assouplissement des conditions d'attribution de crédits, au bénéfice notamment du secteur des PME, principal pourvoyeur d'emplois. L'Etat doit respecter ses engagements Autre objectif annoncé dans cette séance matinale, la promotion de la compétitivité de la Tunisie en tant que destination qui peut se prévaloir d'un certain nombre d'atouts, comme une main-d'œuvre qualifiée, des services de haute qualité et un environnement favorable, « nous allons optimiser notre participation dans les salons internationaux, et assurer une présence de qualité dans le Salon international de l'aéronautique du Bourget en France 2017 », en ajoutant : « Nos voisins et les pays que vous connaissez ont pu promouvoir leurs destinations parce qu'ils ont mis en avant les facteurs clés de compétitivité ». Pour répondre aux interrogations des députés, le ministre a précisé que l'émergence industrielle doit s'appuyer sur la base de la discrimination positive. Plus de 67% des fonds levés pour mettre en place des zones industrielles seront concentrés sur les régions intérieures. L'investisseur ne peut s'installer nulle part s'il ne bénéficie pas de tous les ingrédients du succès, comme une bonne infrastructure au profit du projet d'accueil. La discrimination positive sera accompagnée par l'accélération du rythme des réalisations pour répondre aux attentes des Tunisiens. Ainsi, en lieu et place des 150 hectares attribués par an, les prévisions annoncent entre 300 à 400 ha à aménager durant les prochaines années. Le concept de zones industrielles sera à ce titre modernisé. Celles-ci seront converties en centres de vies et pôles d'attractivité pour les entreprises ainsi que pour les personnes. « Une zone industrielle intégrée où on peut y travailler et vivre. Les conditions d'une vie confortable étant garanties », détaille-t-il. Pour ce qui est de la polémique qui entoure l'importation des graines de tournesol de Turquie, Zied Ladhari a défini quelques termes des conditions et quotas imposés désormais aux importateurs. Tout en ajoutant que l'importation de ce produit est protégée par des engagements et protocoles signés par l'Etat tunisien, et un Etat qui se respecte doit respecter ses engagements. Après l'exposé détaillant sa nouvelle politique et les stratégies fixées, le ministère devra maintenant veiller à leur exécution. Faute de quoi, ce serait un catalogue de bonnes intentions présenté une fois de plus aux Tunisiens à travers l'hémicycle.