Un bilan contrasté de la dernière décennie 2006-2015 A l'occasion de son dixième anniversaire, Anima Investment Network (plateforme multi-pays de développement économique de la Méditerranée ) a publié un document baptisé «10 ans d'investissements étrangers et de partenariats d'affaires en Méditerranée», où elle dresse un bilan contrasté de la dernière décennie (2006-2015), en matière d'investissements directs étrangers dans les pays du sud de la Méditerranée. Selon M.Khalil Laâbidi, son président, «les pays du Sud attiraient au début 1% de l'investissement étranger dans le monde, alors que notre population représenterait 4% de la population mondiale. Aujourd'hui, nous attirons quasiment 3% des investissements étrangers dans le monde, et nous avons tutoyé les 4% au milieu de la décennie 2000». Dans ce document, l'agence qui fédère les agences de promotion de l'investissement dans les pays de l'Europe et de la Méditerranée «tempère cet optimisme. Les performances de l'investissement direct étranger en Méditerranée sont mitigées». Depuis dix ans, les pays du bassin méditerranéen ont confirmé leur positionnement sur la carte des investissements internationaux. Le bilan indique que les crises financières et économiques, les printemps arabes, le terrorisme et la polarisation culturelle n'ont eu aucun impact sur l'attractivité de ces économies. «Elles continuent à attirer chaque année 2 à 3% de l'investissement étranger dans le monde. D'un autre côté, ce niveau reste en deçà des performances que pourrait espérer la région, par rapport au poids de son PIB ou de sa population». Les investisseurs européens restent leaders dans la région Ces chiffres collectés par Anima et la Cnuced (Conférence des Nations-unies sur le commerce et l'investissement) ne sont pas les mêmes, mais les niveaux restent comparables. En effet, «la Cnuced relève 343 milliards d'euros investis dans 11 pays méditerranéens de 2006 à 2015, alors que Anima évalue l'enveloppe à 351 milliards d'euros (pour six mille projets)». D'après les statistiques fournies par la Cnuced, les pays de la rive sud de la Méditerranée ont commencé à attirer les IDE à partir de 2005-2006, dont le volume passe de 11 milliards d'euros en 2004 à 50 milliards en 2006. Pour Anima, le volume des IDE s'élève à 64 milliards d'euros. Cette forte croissance a été suivie par une «chute brutale», où le volume des IDE a baissé ( 28 milliards d'euros pour la Cnuced et 26 milliards pour Anima) en trois ans. La situation s'est stabilisée de 2009 à 2014, pour marquer un rebond en 2015 avec des flux d'IDE en hausse dans les pays MED (+24%). «Le rebond est encore plus net pour les annonces d'IDE détectées par l'Observatoire Anima-Mipo. Les montants annoncés doublent par rapport à 2014, essentiellement grâce à des mégaprojets en provenance du Golfe». Le bilan montre que le nombre de projets détectés à augmenté de 19% pour la première fois depuis les révolutions de 2011. Les investisseurs privilégient des secteurs de «rente» peu créateurs d'emplois, comme les hydrocarbures, la banque, l'immobilier, les télécoms... avec la montée en puissance depuis quelques années d'autres secteurs stratégiques et de développement économique et social, à savoir l'agroalimentaire, le transport, la santé, les industries mécaniques, les greens techs...Ces secteurs représentent 272 projets en 2015 contre 144 en 2006. Le bilan indique que «les investisseurs européens perdent du terrain, mais restent leaders dans la région. Ils assument 40% du montant des IDE annoncés en 2015. Anima a constaté une fois de plus la faiblesse des investissements intra-régionaux, 6% du total, les projets d'IDE européens créent plus d'emplois: leur ratio création d'emplois est presque deux fois supérieur à la moyenne, tout comme les projets d'IDE intra-Med».