Au Parc A, il est de notoriété publique que toute critique apparaît souvent comme de la nostalgie mal placée. La réalité du Club Africain va au-delà du classement, des points et des matches. Une victoire à l'extérieur par-ci, une défaite à la maison par-là, un nul peu heureux ou providentiel, jamais cette équipe ne suscitera l'ennui général ! Sauf qu'avant tout, un match de football, c'est du spectacle, du plaisir et un ressenti peu commun. Or, il n'y a rien de plus barbant que de voir son équipe jouer sans conviction et sans cœur. En Tunisie, le niveau de la Ligue 1 est très moyen. Il suffit de deux ou trois victoires, d'une petite série, pour vite revenir dans le coup. Le retard sur le podium n'est colossal pour personne et une bonne demi-douzaine d'équipes ont largement les moyens de basculer vers les places d'accessit. Pour revenir au CA et à sa perpétuelle quête de reconnaissance sur fond d'amertume persistante, reconquérir les supporters revient à se repositionner sur l'échiquier. Les hommes passent, les traditions clubistes restent... Une mission délicate attend le club, vu la concurrence féroce pour le titre. Pour rivaliser à terme, la maison clubiste doit forcément subir un grand ravalement de façade (déjà entamé). Que les patrons changent de tête ou de casquette, les supporters n'en ont cure. Pour les fans : les hommes passent, les traditions clubistes restent. Sauf que vu de l'intérieur de la bulle clubiste, côté cour, le challenge ne se refuse pas! Ce faisant, récemment, un « remaniement restreint » au sein de l'exécutif serait annonciateur du passage à l'étape suivante, celle de la persévérance. Des dirigeants ont d'ailleurs pu se rendre compte des us et coutumes locaux. Il faut être rompu aux changements, aux exigences du moment et à la culture de la gagne. Ils vivent ça au quotidien et n'ont pas droit au moindre relâchement préjudiciable pour le club. Idem pour le volet technique. De Sanchez à Yaâkoubi, en passant par Koster, Kouki et Krol, la fin a fini par justifier les moyens. D'ailleurs, même volet communication des techniciens cités, l'on n'a pas pris beaucoup de risques dans les prévisions. Car l'équipe paraissait bien loin de l'Espérance, de l'Etoile ou même du Club Sportif Sfaxien. Même actuellement, plusieurs incertitudes demeurent encore dans l'effectif. Sauf que le mercato est là pour procéder aux ajustements nécessaires pour évoluer dans la continuité de ce qui a été réalisé depuis l'été. Car au Parc A, personne n'aurait parié sur un parcours jusque-là correct du CA en championnat. Rappelons qu'à l'inter-saison estivale, c'est un CA vidé de ses joueurs phares qui a débuté l'exercice (Belaid, Nater, Dhaouadi, Mikari, Belkaroui, Touzghar et même l'énigmatique Nouioui). L'on craignait que le vaisseau clubiste se transforme en bateau ivre, à la dérive. Mais le CA a maintenu le cap grâce à un vestiaire mieux maîtrisé et une cohésion d'ensemble retrouvée. Qu'il semble loin le temps de cette gestion clivante ou l'équipe s'est mis à dos ses fans, payant de facto les pots cassés. Puis, la reconquête a débuté et les résultats ne se sont pas fait attendre, quoique tout reste à faire en Ligue 1. Même volet communication, « l'attitude » clubiste doit maintenant se poursuivre par une plus grande ouverture. Le club doit redevenir accueillant. C'est une priorité qui doit être matérialisée par des faits et des actes. Il faut se rendre à l'évidence quant à l'interactivité de la communication clubiste. Il n'y a pas débat en ce sens, à moins d'être d'une mauvaise foi extrême. Certains acquis du passé doivent être revalorisés (site officiel), quitte à être « exhumés ». Car le CA est un club populaire, celui de tous les excès et de toutes les fascinations. Aucun amateur de football n'y est indifférent, qu'il le vénère ou qu'il le déteste viscéralement! Ce qui est une preuve de reconnaissance, après tout, le palmarès justifiant toujours l'étiquette! Une étiquette que les inconditionnels revendiquent à l'envi. C'est tout sauf anodin. Cependant, si le CA a traversé les époques sur fond de crises sans jamais couler, son aura ne dépasse pas les frontières depuis une vingtaine d'années. Une place particulière lui est toujours allouée. Mais pas au sommet ! On n'ira pas jusqu'à dire que le CA est bien chez lui un grand parmi les plus petits, mais il n'est pas un géant pour autant ! Les observateurs souligneront ainsi que cela fait partie de la typographie particulière du club de Bab Jedid, de sa diversité qui est à la fois sa chance et sa limite. Paraît-il qu'au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ! Et pendant ce temps-là, les supporters attendent toujours que leur CA de cœur ouvre les deux yeux...