80% des visiteurs ne dépensent pas plus de 35 dinars pour l'acquisition de plantes d'intérieur ou d'extérieur La présente édition du salon de la décoration et du design «Dardéco 2016», qui se tient du 16 au 25 décembre au Palais des expositions du Kram, s'annonce bonne. C'est du moins ce que reflète l'affluence considérable des visiteurs qui s'y sont déplacés massivement dès la deuxième journée du salon. Cet événement commercial a également ceci de bon : il permet aux visiteurs de découvrir une panoplie de produits sélectionnées selon les critères de la qualité, de la tendance et proposés à des prix tentants. Cette année, trois espaces principaux sont instaurés : un espace spécial décoration d'intérieur, un espace dédié à la création artisanale ainsi qu'un espace destiné au jardinage. Mme Amina et sa petite-fille pressent le pas pour entrer au Palais des expositions du Kram. «J'attendais ce salon avec impatience. J'ai pris l'habitude de n'en rater aucune session, et à chaque fois, je le quitte les bras chargés de produits de qualité que j'achètes à des prix intéressants», indique-t-elle, hâtivement. Une fois entré, l'on découvre des échantillons représentatifs de pépinières. M. Anis Jammel est paysagiste. Il est à sa cinquième participation à Dardéco. Occupant un stand où il fait bon respirer, il propose de plantes autochtones et autres, importées. «Il faut dire que 80% des clients tunisiens ne dépensent pas plus de 35 dinars pour l'acquisition de plantes d'intérieur ou d'extérieur. C'est pour cette raison que je mise beaucoup sur les plantes qui se vendent plus que les autres. Actuellement, je me concentre sur la production du géranium, lequel représente une composante incontournable aux jardins tunisiens et dont le prix ne dépasse pas les 2 dinars», indique-t-il. Pour les plantes importées, il tient à importer celles qui s'adaptent à coup sûr à notre climat, notamment les oiseaux du paradis, les bonzaïs, la yukka, le ficus tressé et le cycas. Outre la vente des plantes, Anis, de par sa vocation, oriente les clients vers les dernières tendances en matière de conception des jardins à la page. «Les jardins modernes sont, par définition, des jardins soft, dont le plan est conçu en trois dimensions et qui comptent deux ou trois plantes de grand format tout au plus, des petites plantes éparses ainsi que des galets en marbre», affirme-t-il. Ça scintille ! Parmi les stands qui brillent de mille feux, figurent les stands des orfèvres. M. Néjib Kammoun représente une société spécialisée dans la production des ustensiles de cuisine, des objets de décoration ainsi que des luminaires en cuivre. Des produits conçus pour assurer l'équation utile-moderne-beau. L'étain, ou le cuivre mélangé avec du zinc pour donner la couleur dorée ; le cuivre rouge, qui comprend 99,9% de pur cuivre ou encore le cuivre blanc nickelé, séduisent par leur brillance et leur authenticité. Si les étrangers préfèrent le cuivre naturel, dont l'éclat finit par virer, peu à peu, vers un air vieilli dû notamment à l'interaction de la matière avec le climat, les Tunisiens, eux, le préfèrent scintillant. «Pour ce, nous y ajoutons une couche de vernis permettant de préserver sa brillance le plus longtemps possible», souligne-t-il. Cette technique, Achref et Leïla Bousselmi en usent, également, pour leurs produits en cuivre. Ils exposent des luminaires et des lustres très tendance, lesquels se marieraient parfaitement avec les décorations modernes tout en préservant cette touche artisanale typiquement tunisienne. «Le cuivre tunisien est réputé à l'échelle mondiale. Il a tout pour concurrencer le cuivre marocain. C'est pourquoi nous œuvrons à sa modernisation et sa valorisation. D'ailleurs, nous y avons introduit d'autres matières naturelles dont le bois et le verre soufflé», indique Leïla. L'art de la table et ses perspectives L'art de la table typique de la région de Nabeul fait l'objet d'un projet de valorisation auquel contribuent des organisations internationales. Ce créneau artisanal unique au monde le vaut bien. Il s'agit, en effet, du projet de développement des clusters dans les entreprises créatives et culturelles. «Ce projet regroupe 25 entreprises et 10 designers. Financé conjointement par l'Union européenne et la coopération italienne, il est mis en œuvre par l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi). L'objectif étant de valoriser l'art de la table de Nabeul via le développement des prototypes, des matières premières finies, du marché ainsi que par la facilitation de l'accès au financement», explique M. Talel Sahmim, coordinateur national dudit projet. Ce projet permet, outre la participation aux salons de renom, aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, la création, à Nabeul, des hubs de design, des pépinières d'entreprises spécialisées, une matériau-thèque, un laboratoire, un espace d'exposition ainsi qu'un espace de co-working. «Tous ces mécanismes permettent la pérennité du concept du design et la valorisation des produits», renchérit-il. Les bénéficiaires du projet, qui exposent à Dardéco, ne tarderont pas à présenter leurs produits au salon Maison et objets qui se tiendra en France en janvier 2017 ainsi qu'au salon Ambianti prévu pour le mois de février à Francfort. Tissages traditionnels : les efforts de modernisation Le salon consacre tout un espace aux tisseurs traditionnels, représentant toutes les régions. Là où se pose le regard, des tapis traditionnels et des tissages vous émerveillent et en disent long sur la richesse de ce métier et la spécificité inégalée de chaque région. Abdelssalem Rayani expose le klim de Sidi Bouzid. Des tapis typiques, haut en couleurs vivantes, voire criardes, et garnis de motifs ancestraux meublent un grand stand. Cela fait des années que Abdelssalem participe au salon dans l'optique de commercialiser des produits de qualité et de splendeur uniques. «Les artisans et les petits commerçants ont du mal à commercialiser leurs tissages. Aussi, prenons-nous en charge cette tâche. Le klim de Sidi Bouzid est vendu, généralement, aux magasins touristiques», indique-t-il. Malgré sa beauté, le klim de Sidi Bouzid n'est toujours pas exporté à l'étranger, faute de moyens, de stratégie appropriée et de mécanismes d'appui à ce savoir-faire ancestral. Mme Jannet Ismaïl, elle, expose le margoum de Oudref. Ce tissage spécifique à la région de Gabès est connu pour ses petits motifs sous forme de triangles, par sa bordure et par la fine complexité de ses dessins géométriques. Pour vendre ce tissage, Jannet dote les petites artisanes de maquettes mettant noir sur le blanc le modèle choisi. Un travail de longue haleine, de patience qui mérite d'être rémunéré comme il se doit. «D'où la cherté du margoum. Certains tapis sont uniques et méritent d'être vendus à la pièce et non selon le métrage. D'autant plus que les artisanes se font de plus en plus rares. Autant les encourager à pérenniser ce savoir-faire», fait-elle remarquer. La touche de Jannet consiste en la conception de tapis pour enfants, ornés de motifs reprenant les personnages des dessins animés.