L'ancien sélectionneur national adjoint n'arrive pas à trouver une explication logique au fait que la majorité des entraîneurs qui exercent en Ligue 1 sont des Tunisiens. Pour lui, c'est plutôt un concours de circonstances qu'autre chose... «C'est encourageant de voir que trois techniciens étrangers seulement exercent en Ligue 1. Toutefois, il y a une règle dans le football qui s'applique partout dans le monde et pas seulement en Tunisie : le résultat est le seul critère de longévité pour un entraîneur et pas sa compétence. Si nous nous retrouvons aujourd'hui avec trois techniciens étrangers en Ligue 1, c'est que les présidents des clubs sont entrés dans le jeu des calculs. Les dirigeants ne veulent plus se trouver piégés par des contrats d'une moyenne de deux ans et contraints de les résilier après seulement quatre matches à cause de mauvais résultats, poussés par la pression d'une poignée de supporters en colère. Quand on sait que la Fifa est intransigeante en matière de contrats, bon nombre de clubs tunisiens se sont trouvés en conflit financier avec des entraîneurs étrangers à qui ils doivent des sommes faramineuses. Cette donne, très répandue ces dernières années dans notre championnat, a poussé les présidents des clubs à revoir leur stratégie cette saison. La plupart d'entre eux ont opté pour l'école tunisienne, qui coûte beaucoup moins cher. De plus, la résiliation des contrats avec les entraîneurs tunisiens se passe souvent sans dégâts financiers. Avec l'entraîneur tunisien, on trouve souvent une formule pour une séparation à l'amiable. Par contre, avec les techniciens étrangers, on peut aussi trouver une issue pour une séparation à l'amiable, mais en contrepartie, les dédommagements se chiffrent en milliers de dinars. Je ne pense pas que l'attrait pour les techniciens tunisiens est plutôt financier et pas par conviction. Car il n'y a pas d'entraîneurs tunisiens qui ont percé dans la durée dans un club en y restant au moins deux saisons. Lassaâd Dridi est un entraîneur qui monte, certes, mais qui n'arrive pas à aller jusqu'au bout d'un projet sportif. Maher Kanzari ne perce pas non plus dans la durée. Chiheb Ellili fait aussi le tour des clubs, du CAB au CA en passant par le CSS. Pareil pour Mourad Okbi. Au fait, il n'y a pas d'entraîneur qui s'est imposé par ses résultats, exception faite de Faouzi Benzarti. Franchement, c'est un phénomène que je n'arrive pas à déceler et auquel je ne trouve pas une explication claire et logique. Est-ce la crise économique qui impose aux clubs de restreindre leurs budgets ? Je ne pense pas que ça soit un phénomène durable, mais plutôt un concours de circonstances. Le seul entraîneur tunisien qui sort du lot est Mohamed Kouki qui a fait monter l'équipe de Métlaoui et qui continue à faire de bons résultats pour la deuxième saison consécutive. De mon temps, il y avait une école tunisienne qui concurrençait les techniciens étrangers. Mrad Mahjoub, Youssef Zouaoui, pour ne citer qu'eux, avaient vingt ans de carrière derrière eux. Ce qui n'est pas le cas de la génération actuelle qui cherche encore ses marques».