La monnaie en circulation en Tunisie, composée de billets et de pièces, a atteint un niveau record de 25,555 milliards de dinars, selon les dernières données publiées sur le site officiel de la Banque centrale de Tunisie (BCT) le 24 septembre 2025. Ce chiffre représente une hausse d'environ 3 milliards de dinars par rapport à la fin 2024, où la masse monétaire s'élevait à 22,6 milliards de dinars, signalant une croissance rapide dans un contexte économique marqué par des pressions inflationnistes et une forte demande de liquidités. Cette progression reflète notamment l'importance de l'économie informelle, qui repose essentiellement sur les transactions en espèces. Selon l'Institut tunisien des études stratégiques, l'économie informelle représente près de 40 % du produit intérieur brut tunisien, soit environ 70 milliards de dinars. La confiance limitée dans le secteur bancaire et la propension des ménages à conserver leur argent en dehors des comptes bancaires contribuent également à cette hausse de la monnaie en circulation. Les données de la Banque mondiale publiées en 2024 révèlent que seulement 37 % des Tunisiens disposent d'un compte bancaire, avec 29 % pour les femmes et 32 % pour les personnes à faibles revenus. À cela s'ajoutent les pics saisonniers, notamment lors de la rentrée scolaire, universitaire et de la formation professionnelle, qui entraînent des retraits massifs de liquidités. Cette situation pose un défi majeur pour la Banque centrale, qui doit équilibrer trois objectifs : répondre aux besoins de liquidité, contenir l'inflation et limiter l'expansion de la masse monétaire afin de ne pas stimuler davantage l'économie informelle. Le taux d'inflation à la consommation des ménages s'est établi à 5,2 % en août 2025, contre 5,3 % en juillet 2025, selon l'Institut national de la statistique, indiquant une stabilisation relative malgré les pressions sur le marché. Parallèlement, la Banque centrale observe des changements dans les instruments de paiement. Selon les données publiées le 16 septembre 2025, le nombre de lettres de change utilisées a augmenté de 155 %, atteignant 2,1 millions d'instruments pour une valeur totale de 25,6 milliards de dinars. En revanche, le recours aux chèques a diminué de 66,8 %, avec 4 millions d'instruments d'une valeur de 27,6 milliards de dinars. La valeur des virements a également progressé de 9,7 %, pour atteindre 37,6 milliards de dinars, traduisant une évolution vers des moyens de paiement plus sécurisés et adaptés aux besoins du marché.