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Ahmed El Ouafi : protecteur du patrimoine et érudit musical
Nostalgie, nostalgie...
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 09 - 2010

Pour saisir la dimension du personnage et son influence sur l'histoire de la musique tunisienne, il n'y a rien de mieux que de citer ce qu'avait écrit feu Othman El Kaâk, le grand érudit : «Ahmed El Ouafi est tout proche, sinon l'égal, de Zériab du temps des Aghlabides ou de Cheikh Moonès El Baghdadi du temps des Fatimides, ou encore d'Omaya Ibn Abdelaziz du temps des Sanhajites».
Qui est Ahmed El Ouafi?
Grand personnage littéraire et musical, Ahmed El Ouafi a, en effet, profondément marqué le dernier quart du XIXe siècle et le premier quart du XXe.
Descendant d'une famille andalouse qui a émigré à Tunis sous le règne de Othmane Dey lorsque le roi Philippe III d'Espagne avait fait partir ce qui reste de mauresques d'Andalousie.
Né à la moitié du XIXe siècle dans une famille citadine d'hommes de sciences soufis, il a appris le malouf de sa mère et de ses sœurs, Hallouma épouse El Haj Chedly Témimi (amine El Attarine), et Chelbia épouse de Khémaïes Hadidane (Cheikh El Mabaet de Tébourba) et une troisième sœur qui était mariée à Cheikh Taga un chaouachi andalou.
Son père, Hmida El Ouafi, était «Bach bardagi» à la mosquée de la Zitouna, soit le plus haut titre artistique de chants religieux, de madaïh et mabaït.
De plus, cette époque offrait un foisonnement et un enrichissement culturel étonnant entre arts européens modernes et arts populaires.
Il fait ses premières classes au «kouteb de hwanit Achour» où il a appris les chants d'Al Borda et d'Al Hamzia. Ensuite, il a intégré la mosquée de la Zitouna où il maîtrisa la langue et les lettres arabes. En même temps, il recevait des cours de musique des mains de Sakasli, le chef de la fanfare.
La proximité du quartier juif le mit très tôt en contact avec les arts populaires juifs qui faisaient florès à Sidi Mardoum, notamment avec le jeu sur le «rebèbe» dont le spécialiste s'appelait Ibrahim Tebessi.
Ahmed El Ouafi s'intéressa également à la musique noire africaine.
L'œuvre du Baron d'Erlanger
La formation d'Ahmed El Ouafi allait être complétée au contact du Baron d'Erlanger entre 1914 et 1921, lequel invitait en Tunisie les plus grands spécialistes de l'art arabe, tels que Ross Tarner et le Baron Karady Foe.
Trois écoles furent déterminantes dans son apprentissage des «mouachahat» et «azjal» : d'abord, par la lecture de ce qu'avait écrit Ibn Khaldoun sur la naissance du «malouf» et sur ce qui avait été rédigé sur les différents chants de «soulamia», «Issaouia», «Ettaybia» et «el hadria». Ensuite, par l'écoute que ce soit de son père Cheikh Hmida El Ouafi, ou de son beau-frère Khémaïes Hadidane Ettébourbi…
Enfin, en assistant aux galas et fêtes de toutes sortes. Ainsi, il a retenu énormément de cheikh Kabadi.
Outre «el malhoun», notre grand artiste s'intéressa aux «bacharefs» et plus généralement à la musique turque, répandue dans notre pays avec l'arrivée des Ottomans.
Aux cafés chantants, installés à El Biga (place Bab Souika, en face de l'hôtel Ayachi) et à El Bayassa (place 18-Janvier) sa mémoire enregistra pratiquement tout ce qui passait comme musique et chants.
Déjà, en 1912, la culture artistique d'Ahmed El Ouafi s'était complétée.
Le Baron d'Erlanger vint en ce temps-là dans notre pays produire une véritable révolution culturelle avec ses études scientifiques dont la finalité consistait à établir l'histoire de la musique tunisienne. Cet érudit allemand ne pouvait assurément trouver mieux que Cheikh Ahmed El Ouafi pour se charger de cette œuvre colossale. Ce dernier bénéficia, durant ses études, de rentes lui assurant une existence confortable.
Le Baron recourut en même temps aux services du poète Mohamed Saïd El Khalsi et de l'historien Manoubi Snoussi. Il convoqua même un congrès de la musique arabe au Caire dont les travaux furent conservés dans un ouvrage colossal.
La mort du Baron d'Erlanger ne signifia pas pourtant la fin de ces travaux. Au contraire, la recherche la documentation et la traduction se poursuivirent sur un même rythme grâce aux subsides des banques du Baron d'Erlanger installées à Londres.
Ahmed El Ouafi rassembla l'histoire de la musique tunisienne dans des recueils qui font toujours référence. Il forma en même temps quelques jeunes qui allaient prendre le témoin tels que Ali Banawas et Mohamed Dérouiche.
De nouveaux cheikhs de la musique tunisienne
La production d'Ahmed El Ouafi se distingua, par ailleurs, par un cachet particulier qui met en exergue Maquam échahnaz, lequel trahit clairement une âme et une présence turques.
El Guarfi innova aussi dans les nawbas, démontrant un courage remarquable dans le traitement du maqam el mazmoum qui provoquait pourtant un rejet de ses étudiants car on continue à penser que c'est le genre de maqam porte-malheur par excellence.
Ainsi, Ahmed El Ouafi a eu le grand mérite d'ancrer, d'innover et de populariser les arts tunisiens à une époque où l'authentique menait au pathétique combat pour la survie contre l'invasion de nouvelles musiques bas de gamme. Tout en conservant cet esprit profondément tunisien, il s'est ouvert sur les arts orientaux d'Egypte, de Syrie et de Turquie.
Il ouvrit également une école de musique qui a formé une lignée de cheikhs protecteurs et conservateurs fidèles et jaloux de la musique tunisienne dont Ali Banawas, Mohamed Dérouiche, Tahar Mhiri et autres…
Dans l'Orient, Sayed Dérouiche, mort en 1923, et le moula Othmane El Mousali, décédé également en 1923, le premier en Egypte, le second en Irak, menaient en ce temps-là un même combat pour conserver, protéger, perpétuer et développer la musique arabe. Soit la même mission sacrée entreprise par Ahmed El Ouafi en Tunisie.


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