La persistance de multiples facteurs d'incertitudes conduiraient les institutions internationales de référence, le Fonds monétaire international (FMI) en première ligne, à «réviser les prévisions de croissance pour le continent De notre envoyé spécial à Casablanca, Ridha MAAMRI Environ 2.000 participants, venus de 30 pays, ont pris part aux travaux de la cinquième édition du Forum international Afrique Développement (Fiad), organisé à Casablanca (Maroc) par le Groupe Attijariwafa Bank, sous le signe «De nouveaux modèles de croissance inclusive en Afrique». Au menu de cette édition, des rendez-vous B2B, un marché de l'investissement dédié aux rencontres B2G et des panels de dialogue. Tout est préparé à l'avance et les participants n'avaient qu'à consulter leurs agendas ou les ordinateurs mis à disposition dans l'espace B2B pour vérifier leurs rendez-vous et le programme détaillé des activités. Cette année, c'est le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui a donné le coup d'envoi du Forum. D'emblée, il a mis l'accent sur le faible impact des croissances africaines, tant vantées dans les études et les rapports, dans la résorption de la pauvreté. « Les politiques économiques que nous mettons en œuvre doivent avoir pour unique objectif la satisfaction des besoins de nos populations, les plus vulnérables », a-t-il dit en substance. Pour ce faire, il est capital de mutualiser les efforts pour atteindre des objectifs communs, a poursuivi le président, énumérant nombre de défis à relever, à savoir la sécurité, l'emploi, la transformation sur place des matières... Dans son discours marqué par l'optimisme, il a plaidé pour la création d'une zone de libre-échange continentale. Le président burkinabé n'a pas manqué l'occasion de rappeler que l'édition 2017 a une signification particulière, après que le Maroc a réintégré l'Union africaine et demandé à adhérer à la Cedeao. Du même avis, le président-directeur général d'Attijariwafa Bank, Mohamed Kettani, a souligné que l'impact des fortes croissances africaines est très limité. En témoignent le chômage des jeunes, la pauvreté et les inégalités qui persistent, voire qui se creusent, selon M Kettani. Pis, la persistance de multiples facteurs d'incertitudes conduiraient les institutions de référence, Fonds monétaire international (FMI) en première ligne, à réviser les prévisions de croissance pour le continent. L'Afrique maintient le cap Parallèlement, les potentialités de développement que recèle le continent sont énormes. L'Afrique comptera plus d'un milliard d'habitants à l'horizon 2034, plus que la Chine et l'Inde, et un Africain sur deux vivra en ville, a-t-il argumenté, faisant allusion aux besoins de cette nouvelle Afrique, notamment en matière d'urbanisation. « L'Afrique maintient le cap et demeure plus que jamais un espoir pour la croissance mondiale », a-t-il dit. La consommation des ménages, des entreprises et la production industrielle à destination de la demande intérieure et en substitution aux importations pourraient enregistrer une croissance considérable au cours de la prochaine décennie, a-t-il noté, ajoutant que les mutations technologiques à l'œuvre constituent une autre opportunité historique majeure pour le continent africain, et peuvent permettre de faire émerger nombre d'activités économiques, tout en renforçant l'inclusion économique et financière des populations africaines. Pour ce faire, le banquier considère qu'il faudra prendre le contrepied des tentations protectionnistes à l'œuvre au niveau international, en réaffirmant notre croyance dans un espace commun intégré et porteur d'espoir. Et c'est dans ce cadre que s'inscrit le Fiad, a-t-il rappelé, et qui se positionne comme un réseau d'affaires de premier plan et une plateforme de dialogue ayant pour objectif la transformation des opportunités. Le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, s'est attardé sur le retour du Royaume à l'institution africaine, qui s'inscrit, selon lui, dans une logique d'intégration et de complémentarité. « Le retour du Maroc dans sa famille institutionnelle est accompagnée d'une vision claire pour le rôle et le positionnement d'une Afrique confiante et agissante », a-t-il relevé. Car dans un monde impitoyable, on écrasera les plus faibles, a-t-il illustré. « Nous devons consolider nos espaces régionaux et renforcer notre intégration économique et humaine. C'est ce qui explique la demande d'intégration du Maroc à la Communauté économique du développement des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Une meilleure intégration du continent permettrait de passer au statut de l'Afrique de l'ambition et du pragmatisme. « Une Afrique décomplexée et de partage, capable d'imposer son nom dans un monde impitoyable », a-t-il noté, soulignant au passage que l'Afrique ne peut réussir que si elle croit en ses forces, en elle-même. Représentant le secteur privé, Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (Cgem) a affirmé que l'Afrique a besoin de changer de paradigme pour faire face à ses réelles faiblesses. « Si l'Afrique ne crée pas assez de valeur ajoutée,, c'est parce que les ressources du continent sont transformées ailleurs », a-t-elle souligné. Les pays africains, a-t-elle poursuivi, devraient, sans plus trader, avancer dans la direction de la révolution verte, de l'industrialisation et des énergies renouvelables. Pour les sceptiques, elle a posé la question : qui croyait que 60% des Africains auraient des téléphones portables ? Eh bien, cela est devenu une réalité et en plus le tiers est connecté, a-t-elle répondu. Dans un continent jeune avec 70% d'habitants âgés de moins de 30 ans et un taux de chômage élevé, la croissance doit avoir un impact significatif sur la création d'emplois, a conclu Mme Bensalah.